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Les médiations de l'auteur. Le cas de l'écrivain

Les médiations de l'auteur. Le cas de l'écrivain

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Alvès)

« Les médiations de l'auteur. Le cas de l'écrivain »
Journée d'étude
7 décembre 2006


PRÉSENTATION

En sciences de l'information et de la communication, observer les médiations comme processus d'élaboration de la signification des objets, plutôt que, dans une stricte sémiotique, celle des objets eux-mêmes, revient à admettre que le sens des choses n'est jamais un résultat spontané, immédiat, mais l'aboutissement d'un cheminement complexe. Au-delà d'une réaffirmation de cette évidence notionnelle, l'enjeu des échanges lors de cette journée d'étude est de remonter ce cheminement, précisément lorsqu'il parcourt les situations de communication où l'auteur, dans son être, sa production, sa présentation, intervient directement. Pour préciser le champ sémantique proposé à l'investigation par ce titre et afin d'orienter les enjeux de cette journée, on rappellera de quelle façon l'on peut accepter les deux notions articulées.

Les médiations

Dans sa plus large acceptation, la notion de médiation, peut emprunter la périphrase suivante : « constructions » intellectuelles, sensibles, esthétiques, discursives, représentations symboliques, etc., organisant entre l'homme et le monde (imaginaire social, physique) des relations qui ne sauraient être immédiates. Ceci posé, conceptuellement, la médiation se donnerait comme un « processus », un lien, et c'est bien ainsi que l'entreprennent la plupart du temps notre discipline, soulignant plus que le signe tangible que constitue la médiation en première instance (un support médiatique par exemple), la « relation » complexe, le processus de circulation, à laquelle elle renvoie en dernière instance. Certes, l'adjonction des termes de processus, de relation s'il l'éclaire un peu n'apporte guère en pertinence, à cette notion qui court encore le risque, à ce stade, de se voir dégrader d'une foule d'obscurs synonymes que nous ne retiendrons pas : de la « négociation » au « dialogue », à la « restauration du lien social » qu'il ne s'agira pas d'explorer, lors de cette journée.
Nous pouvons rapidement circonscrire quels sont les aspects, disons les supports, qui revêtiront ici la fonction de « médiation » : relèvent de la médiation (et sont dans la réalité interconnectés), les personnes – ou acteurs –, les institutions (médiatiques, culturelles, sociales…), les objets (qui peuvent recouper la catégorie « institution », ainsi la télévision), le discours en général qui compte des mots comme des images.



L'auteur : l'écrivain

On sait que la notion d'auteur relève d'une catégorie sémantique ambiguë. Cette ambiguïté reste souvent pensée dans des univers disciplinaires bien délimités, souvent exclusivement littéraires ou esthétiques. Il nous est apparu intéressant d'user des outils de notre inter-discipline (les sciences de l'information et de la communication) afin de participer à éclairer cette notion qui s'avère être aussi un « processus » de création et de construction dans l'espace public… Aussi l'envisageons-nous à travers le filtre de la « médiation ». Dans cette perspective, mettre en partage cet « objet », parmi des spécialistes tant du texte, des procédés d'écriture, etc., que des médias et des médiations parcourant l'espace public, nous assure certainement de l'éclairage souhaité.

Pour expliciter enfin l'objet de l'échange que nous proposons, voyons à présent, de quelles manières, la notion de médiation ainsi encadrée, peut chercher à s'articuler, à celle d'« auteur ». Il est important de préciser que cette dernière restera strictement attachée à la figure de « l'écrivain ». Nous l'empruntons à la littérature, « en l'état » perpétuellement flou et relatif où elle se trouve tout en se voyant sans cesse démontée et réinventée. L'écrivain originellement, désigne celui qui fait profession d'écriture, et d'une manière générale la qualité d'écrivain se construit par tous les agents du champ, de l'auteur au lecteur lui-même. On l'aura compris en exergue, nous voudrions – dès l'instant où s'intéresser à la médiation c'est s'intéresser aux processus de constructions du sens – comprendre comment s'élabore, se construit, se négocie le sens des opérations (créatrices, promotionnelles et médiatiques…) où l'écrivain, de quelque manière que ce soit, intervient. Il apparaît que l'écrivain peut être saisi de deux façons différentes par l'épreuve de la médiation.


- À travers les médiations pré-créatrices ; c'est-à-dire tout ce qui relève, en amont du livre comme objet public, des choix opérés par l'écrivain, des conditions éditoriales, des matériaux témoignant des étapes de la création (carnets, notes, manuscrits, … et autre formes du prétexte), du rapport de l'auteur à sa propre production.

- À travers les médiations post-créatrices. C'est-à-dire les objets, personnes, discours, situations (télévisions, salons, festivals, blogs) qui, au sein de l'espace public et communicationnel, médient vers l'auteur ou vers le livre.


APPEL À COMMUNICATION

À la lumière des pistes et notions exposées supra, les chercheurs sont invités à se confronter, par différents biais au champ de questionnement suivant : Dans quelle mesure l'observation de ces supports et processus de médiations nous renseignent-elles sur les modalités de l'écriture, éclairent la complexité des rapports de l'écrivain à son travail, mais aussi à la réception de celui-ci, à sa propre image ? Que nous disent ces constructions en aval, du sens de l'oeuvre et de l'auteur, des représentations sociales du livre, de la littérature, de l'écriture, de l'écrivain aujourd'hui ? Les propositions devront se partager selon 2 axes :

Axe 1 : Interroger les médiations pré-créatrices

Sans vouloir réduire outre mesure les possibilités, nous voudrions voir observer en priorité des occurrences s'inscrivant dans les circonstances suivantes, lorsque :

- le matériau de travail rassemblé et élaboré par l'auteur constitue a posteriori une médiation en ce sens qu'elle est l'expression émergée du processus de création. Comment s'élabore le jeu des médiations entre une pensée qui s'ordonne et l'organisation matérielle par laquelle elle choisit de s'exprimer, quels sont les processus rédactionnels, les stratégies mises en oeuvre par l'auteur dans son « chantier » d'écriture ?
- le paratexte (préfaces, postfaces…) opère également une médiation entre le texte et son auteur. Quels en sont les principes et les fonctions?
- les manoeuvres éditoriales sont capables d'orienter les textes et la position auctoriale. Quelles sont les conditions éditoriales de l'écriture ? Les rôle et discours de l'éditeur dans la phase créatrice ?

Axe 2 : Interroger les médiations post-créatrices

On aura remarqué que l'auteur est une médiation au sein d'une autre médiation qui le recouvre, l'accueille, parfois le légitime. Il est avec son livre, l'opérateur et l'objet même de cette médiation.
- Comment et pourquoi s'élabore cette relation gigogne et complexe ?
- Qu'est-ce qui structure les discours qui entourent et portent l'auteur dans l'espace public ?
- Quels en sont les formes, les intérêts et les enjeux pour l'oeuvre elle-même ? Constituent-ils quelque éclairage sur le texte, sur l'activité du champ littéraire ?

En terme d'objets, on pourra par exemple étudier les situations ou l'auteur se trouve saisi dans un dispositif de médiations médiatiques dont il ne maîtrise ni la clé ni l'enjeu :
- Les écrivains à la télévision, à la radio, photographiés, mis en scène au cinéma…
- L'interview d'écrivain dans la presse écrite, les blogs d'auteurs…
Sans oublier les occurrences promotionnelles et événementielles le mettant au contact direct de son public : salons du livre, festivals littéraires, séance de lecture…

Dans un désir de transdisciplinarité, on souhaite que les communications convoquent des approches tant sociologiques (la fonction de la médiation dans l'espace social, la médiation comme support des représentations collectives, ce qui ressort aussi à l'histoire culturelle), qu'esthétiques (la « séduction » du corps-auteur dans l'image cinématographique, photographique…), sémio-pragmatiques (l'analyse des dispositifs de communication médiatique au sein desquels l'auteur est saisi), génétique-littéraire (la démarche de l'écrivain et les procédures qui ont permis l'émergence de l'oeuvre).


MODALITÉS DE PARTICIPATION

Publics concernés

L'appel est ouvert aux enseignants-chercheurs, chercheurs, doctorants de toutes disciplines.

Communication

Les projets de communication seront envoyés le 20 octobre 2006 au plus tard, par courriel (fichier Word) à Audrey Alvès : alves@univ-metz.fr
Ils seront rédigés en français et comporteront les éléments suivants :
· Vos nom et prénom, statut universitaire/professionnel, numéros de téléphone, adresse électronique
· Votre institution/laboratoire de rattachement (nom et adresse)
· Votre proposition (4000 signes maximum espaces compris) précédée d'un titre
Les interventions, d'une durée de 20 minutes seront suivies d'une discussion. En fonction du nombre d'intervenants, des ateliers seront organisés en parallèle.

Retour des avis

Tous les projets seront examinés sans exception et les avis du comité scientifique seront adressés à chaque participant avant le 7 novembre 2006.
Dès lors, ceux dont les propositions auront été retenues s'engageront à transmettre leurs communications par courriel à Audrey Alvès [alves@univ-metz.fr] pour le 30 janvier 2007. Ces dernières seront soumises au comité scientifique en vue de la publication des actes. Nous vous demanderons de rédiger un texte de 30 000 signes en vous référant aux normes rédactionnelles ci-jointes.

Comité scientifique

·M. Steven Bernas, Maître de conférences habilité à diriger des recherches en esthétique et sciences de l'art, Université Nancy 2.
·M. Pascal Durand, Professeur en arts et sciences de la communication, Université de Liège.
·M. Pierre Halen, Professeur de littérature générale et comparée, Université Paul Verlaine-Metz.
·M. Hans-Jürgen Lüsebrink, Professeur en histoire culturelle et en communication interculturelle, Université de la Sarre.
·M. Sébastien Rouquette, Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, Université Clermont 2.
·M. Jacques Walter, Professeur en sciences de l'information et de la communication, Université Paul Verlaine-Metz.
·M. Frank Wilhelm, Professeur de littérature française, Centre universitaire de Luxembourg.

Contacts
Audrey Alvès
alves@univ-metz.fr
Maria Pourchet
mariapourchet@hotmail.com

Centre de recherche sur les médiations – île du Saulcy – BP 30309 –57006 Metz Cedex. Tél : 03 87 54 74 98 – Fax : 03 87 31 55 06
Web : http://www.sha.univ-metz.fr/centre/crem - Mél : crem@univ-metz
Revue de recherche Questions de communication : ques2com.ciril.fr

  • Responsable :
    Centre de recherche sur les médiations
  • Adresse :
    Université Paul Verlaine-Metz