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Appels à contributions
Les lieux communs

Les lieux communs

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Hichem Ismail)

COLLOQUE INTERNATIONAL DU DEPARTEMENT DE FRANCAIS

Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax – Université de Sfax

LES LIEUX COMMUNS

6-8 décembre 2012 SFAX

APPEL A COMMUNICATION

 

 Le lieu commun apparaît de nos jours comme l’une des grandes questions qui obsèdent la pensée moderne. « [Son] intérêt inépuisable, souligne Antoine Compagnon, semble venir de son ambivalence incorrigible. A la fois il fait penser et il empêche de penser, il permet de parler ou d'écrire et il contraint la parole ou l'écriture[1].» Rien que le stéréotype, considéré comme l’une des facettes multiples de cette notion, conditionnant notre perception et notre interprétation du réel, la réflexion scientifique et critique l’avait investi comme un concept opératoire permettant  de stigmatiser les « images préconçues et figées, sommaires et tranchées que se fait l’individu sous l’influence de son milieu social[2].»

De nombreux travaux ont été réalisés pour remettre le lieu commun à l’honneur. A ce titre, on peut citer, les plus récents, ceux de Ruth Amossy, d’Elishiva Rozen relatifs aux idées reçues et aux phénomènes de stéréotypie. Force est de constater que l’audace et la persévérance n’ont que très faiblement ébranlé les pourfendeurs de lieux communs.  Le discours critique contemporain sur ce qu’on a tendance à considérer comme des « pensées figées » demeure judicatif (on aborde le phénomène pour condamner ceux qui en usent ou appuyer ceux qui le subvertissent), parcellaire (on n’en retient que les effets les plus évidents, les plus anecdotiques) et axé le plus souvent sur l’énonciation (rares sont les critiques qui ont mené une réflexion portant sur les fonctions exercées par les lieux communs sur l’acte de lecture, exception faite de certaines tentatives initiées par C. Grivel, M. Riffaterre et certains cognitivistes affirmant que les schémas stéréotypés sont les outils premiers de la lecture).

 

Un autre discours doit être tenu sur ces lieux communs à la fois complexes et paradoxaux dans la mesure où ils sont susceptibles de désigner :

§  des niveaux de réalité hétérogènes et dépendants, du cliché de la langue, aux lieux communs de la pensée, aux représentations figées, aux schèmes séquentiels préconçus qu’ils soient ponctuels (la scène de la rencontre dans une histoire d’amour) ou généraux (un conte de fées ou un roman courtois) ou génériques (le schéma Exposition-complication- Résolution dans un récit),

    

§  des phénomènes fonctionnant à la fois sur le plan de la forme (structure figées), du sens (des entités sémantiques) et de la valeur (signes à portée esthétique),

 

§  des phénomènes soumis à une extrême relativité. En effet, ce qui est lieu commun pour certains ne l’est pas pour d’autres. Les paradoxes d’aujourd’hui sont les préjugés de demain, disait Proust,

 

§  des phénomènes qui touchent toutes les strates du langage (tout signe complexe pourrait devenir lieu commun) servant en même temps d’outil d’analyse et d’arme polémique, dont le rôle paraît multiple, soumis à tous les paradoxes et tous les retournements.

 Il s’agit d’interroger ce foisonnement et cette complexité. Le lieu commun ne saurait être un phénomène marginal. Il pourrait être un catalyseur et un révélateur  d’un bon nombre de processus cognitifs importants. Il pourrait être l’un des plus intéressants instruments mobilisés au cours de la lecture. Les opérations auxquelles on recourt pour donner sens  et valeur à un texte ne reviennent-elles pas dans une large mesure  à identifier, manipuler, combiner et interpréter des structures sémantiques figées ? Cette hypothèse initiée par Grivel et Riffaterre, poussant quelqu’un comme J.L Dufays à affirmer que lire, c’est manipuler des stéréotypes, n’a connu aucun travail de systématisation.

Le questionnement de cette notion dont les contours sont incertains et qui intègre des formes variées (topos, stéréotype, cliché, poncif, doxa, intertextualité, réécriture) interprétées différemment suivant les époques et les disciplines, permet donc de réévaluer son statut dans la linguistique et la littérature, mais également dans la philosophie et les arts. 

 

 Principales échéances

- 15 octobre 2012 : rentrée des propositions de communications.

- 20 octobre 2012 : notification de la liste des communications acceptées.

- 15 novembre 2012 : publication du programme.

Les collègues désireux de participer à ce colloque sont priés d'envoyer un résumé en français, accompagné d'une notice bio-bibliographique, au plus tard le 15 octobre 2012. Les propositions sont à adresser à 

Hichem Ismail :    ismail_hichem@yahoo.fr

 

 

Comité scientifique 

Habib Mejdoub, Mohamed Bouattour, Mustapha Trabelsi, Lassâad Jammoussi, Noureddine Gargouri, Kamel Skander, Hichem Ismail.

Comité d'organisation

Kamel Feki, Wafa Nasri, Imen Amiri, Hichem Ismail.

Responsables : Kamel Skander et Hichem Ismail

[1] « Théorie du lieu commun », in Cahiers de l'Association internationale des études françaises, 1997, N°49. p.23

[2] Ruth Amossy, Les idées reçues. Sémiologie du stéréotype, Nathan, Paris, 1991, p. 33.