Revue
Nouvelle parution
Les Lettres romanes, 66/3-4, 2013 : « Le souci de l’avenir chez les écrivains francophones », (C. Meurée, dir.)

Les Lettres romanes, 66/3-4, 2013 : « Le souci de l’avenir chez les écrivains francophones », (C. Meurée, dir.)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Christophe Meurée)

Les Lettres romanes, 66/3-4, 2013 : « Le souci de l’avenir chez les écrivains francophones »

Dossier dirigé par Christophe Meurée

Turnhout : Brepols, 2013.

EAN 9782503541082

444p.

Prix : 39EUR

Présentation :

L’avenir est le parent pauvre de l’exploitation conceptuelle de l’expérience du temps, en particulier dans les études littéraires. Or, en tant que lieu des possibles et d’une réflexion sur l’existence, la littérature participe sans conteste à nos protocoles d’expérience, en tant que champ spécifique de la connaissance. Grâce à sa formidable capacité d’invention, la littérature engendre des modes de perception neufs et peut anticiper les configurations de la pensée par le biais de mondes possibles. Sans doute les histoires se racontent-elles davantage au passé ou au présent qu’au futur. Pourtant, la littérature plonge ses racines dans ce terreau incertain autant que dans les autres modalités du temps. L’avenir y est en effet perçu comme un souci, au sens heideggérien de manière d’être primaire de l’être-là. Il ne s’agit donc pas de se restreindre à un genre particulier, à une affaire de contenu ou de cadre, de figuration ou de représentation, mais de comprendre de quelle façon le texte active un système de valeurs au sein duquel l’avenir est un paramètre majeur.

La question du souci de l’avenir se trouve à l’ombilic des théories fondatrices de la critique littéraire contemporaine aussi bien que des jalons de l’historiographie moderne. Que l’on se situe du côté d’une « mémoire du futur » ou, à l’autre extrémité, du côté de la pure spéculation sans fondement rationnel ou historique, le texte littéraire est producteur de préfigurations qui influent sur le devenir. La façon dont s’articule le souci de l’avenir dans le texte ne nous renseigne que rarement de manière prophétique, mais nous offre une lecture qui rejaillit sur le présent et sur le passé, en ceci qu’elle ouvre un espace d’interrogation et de tension.

Si le souci de l’avenir traverse sans aucun doute la littérature de toutes les époques et de tous les pays, son étude restreinte au domaine français des deux derniers siècles s’impose, du fait de l’exacerbation tout à fait spécifique du phénomène. La Révolution a introduit une rupture radicale qui fut suivie par une refonte de tous les domaines du savoir en à peine plus d’un siècle, ce qui n’est pas sans incidence sur les espoirs et les inquiétudes liés à l’avenir. Les traditions et les savoirs traditionnels qui traçaient l’avenir comme continuité, pérennité et/ou répétition sont en net recul. Par contraste, les événements marquants (historiques, sociaux, etc.) se succèdent à une vitesse effrénée, provoquant la reconfiguration de l’espace symbolique. Du point de vue littéraire, cette époque est celle que Thomas Pavel considère comme l’entrée dans le « scepticisme moral », alors que l’écrivain vit dans la nostalgie d’une fonction de garant et de gardien du devenir de l’homme depuis le Romantisme.

Le moment est donc venu de dresser un premier bilan au moyen de cette livraison des Lettres romanes, qui comporte des études sur Joris-Karl Huysmans, Jean Lorrain, Maurice Maeterlinck, René Crevel, Denis de Rougemont, Ch.-F. Ramuz, Jacques Spitz, Régis Messac, Gérard Klein, Michel Butor, Henry Bauchau, Pierre Guyotat, Michel Houellebecq et Jean-Philippe Toussaint.

Table des matières

Dossier :

  • Christophe Meurée, « Le souci de l’avenir, d’hier à aujourd’hui. Une introduction »
  • Morgane Leray, « La question de l’avenir dans un présent qui n’en finit pas. Réflexions sur la temporalité décadente »
  • Andrea Accardi, « Le suicide de l’avenir. Une impasse représentative chez Maurice Maeterlinck »
  • Jean-Michel Caralp, « “On nous veut attraper dedans cette écriture”. Le storytelling comme dispositif d’à-venir dans Détours de René Crevel »
  • Ben de Bruyn & David Martens, « La passion aristocratique de l’Occident. Denis de Rougemont : lecteur d’une tradition, prophète d’un déclin »
  • Patrick Bergeron, « Apocalypses d’entre-deux-guerres (Ramuz, Spitz, Messac) »
  • Simon Bréan, « Écrire l’avenir : les choix de la science-fiction française »
  • Michel Bertrand, « Les structures archaïques, fondatrices du futur dans les premières œuvres de Michel Butor »
  • Jérémy Lambert, « Récit mythique et posture d’espérance. Réponse au tragique contemporain à partir de l’œuvre d’Henry Bauchau »
  • Christophe Meurée, « Notes entre aujourd’hui et demain »

 

Varia :

  • Jean-Christophe de Rebjkov, « Jean-Jacques Rousseau, homme de lettres malgré lui »
  • Sébastien Baudoin, « Écriture et magie dans l’œuvre de Châteaubriand »
  • Francis Mus, « La réception du régionalisme dans l’œuvre de Georges Eekhoud. Le cas des Dernières Kermesses »
  • Matthieu Dubois, « De la plume à l’épée : une poésie guerrière et guérisseuse »
  • Georges Khoriaty, « Les itinéraires de l’imaginaire de Salah Stétié dans le tissage du texte »