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Les formes américaines de la poésie

Les formes américaines de la poésie

Publié le par Julien Desrochers (Source : crilcq.org)

 

Les formes américaines de la poésie

Colloque international

Marché de la poésie
Université du Québec à Montréal, 2-4 juin 2008

Appel de textes

 

English text follows

 

Le terme « américanité » connote dans un premier temps une identité fondée sur l'expérience de la différence, parce que divisée de l'Europe dont elle naîtrait. Cette acception du terme, pourtant généralement admise, pose problème en ce qu'elle gomme les apports africain et autochtone à l'identité du Nouveau Monde. Pour imprécis qu'ils soient, le terme et ses usages semblent pourtant légitimes en ce qu'ils rendent compte d'un lien entre « l'Amérique 'extérieure', géographique, physique et pour ainsi dire presque palpable, [et] l'Amérique comme expérience 'intérieure', comme aventure spirituelle et culturelle » (Pierre Nepveu, Intérieurs de Nouveau Monde ). Au risque de la généralisation, on dira donc que le concept d'« américanité » renvoie à des expériences et des désirs, à des lectures et des histoires aussi, qui auraient pour dénominateur commun le territoire. Dans les études littéraires, les travaux sur l'américanité ont principalement porté sur des enjeux d'ordre historique ou philosophique (voire ontologique), le plus souvent fondés sur une réflexion quant à la place du sujet américain et aux résonances particulières de sa voix.

 

Le présent colloque souhaite déplacer la question pour envisager l'américanité sous l'angle des formes, et plus précisément poétiques. La question posée est la suivante : existe-t-il des modalités américaines d'inscription de la poésie ?

 

Ce n'est pas dire que le colloque appelle pour autant un retour au formalisme strict. L'appréhension des formes américaines se fera principalement en regard de leur dimension esthétique. Le mot « forme » reprend ainsi la distinction établie par Bakhtine entre les formes compositionnelles, lesquelles concernent la stricte organisation matérielle de l'oeuvre, et les formes architectoniques, qui sont pour lui « les formes de la vie esthétique dans sa singularité » ( Esthétique et théorie du roman ). Les « formes » américaines de la poésie sont donc à entendre en tant qu'elles constituent un travail critique de la littérature sur la littérature.

 

Ce travail critique peut être envisagé de diverses façons. Le poème en prose, par ses « situations » (Max Jacob), permet-il de repenser l'énonciation poétique en rapport avec un ethos auquel référerait (au moins symboliquement) le terme « américanité » ? La prépondérance du genre chansonnier, en terre américaine, ne soulève-t-elle pas des questions propres aux formes populaires de la culture et à leur prégnance continentale ? La versification des poèmes, leurs arrangements strophiques ou leurs rythmes permettent-ils, eux, d'opérer une distinction, notamment fondée sur une différenciation linguistique (la langue québécoise n'étant pas la langue française ; la mexicaine ou la cubaine, pas l'espagnole ; l'états - unienne et la canadienne, pas l'anglaise) ? La mise en scène de la voix poétique, ou encore la valorisation du monologue intérieur peuvent-elles être appréhendées en tant que constructions syntaxiques symptomatiques d'une scénographie américaine ? Le recours mémoriel et intertextuel aux autres littératures des Amériques permet-il une caractérisation américaine du poème ? Voilà autant de questions que le colloque cherchera à poser.

 

Les propositions de communications pourront aussi porter sur des oeuvres qui présentent un lien transversal à ces questions. Qu'on pense par exemple aux procédés prosodiques ou syntaxiques de la convocation des sens ou de la spiritualité dans la littérature autochtone ou à la reformulation américaine des présupposés compositionnels épiques dans la chanson acadienne. Les poèmes de Carlos Drummond de Andrade, dont l'inscription du quotidien témoigne d'un souci esthétique de construire une syntaxe tournée vers son américanité, et la poésie de Michel Beaulieu, dont le travail dit résolument le désir d'inscrire la poésie dans un sol qui n'est plus européen, sont deux exemples parmi d'autres de ces formes américaines de la poésie qui nous retiendront au cours du colloque.

 

 

Les propositions de communications sont à envoyer avant le 1er juin 2007, à  l'adresse suivante :

 

Colloque « Les formes américaines de la poésie »
a/s Luc Bonenfant
Département d'études littéraires
UQAM
C.P. 8888, succ. Centre-ville
Montréal, Québec
H3C 3P8

 

Ou, par courriel : bonenfant.luc@uqam.ca

 

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American Forms of Poetry
International Colloquium

Marché de la poésie
Université du Québec à Montréal, June 2-4, 2008

Call for Papers

 

 

The term "Americanity" connotes an identity founded on the experience of difference, because of its division from Europe from which it was ostensibly born. Although generally sanctioned, this acceptation of the term is nonetheless problematic for its exclusion of African and indigenous contributions to the identity of the New World. As imprecise as they are, the term and its uses seem nonetheless legitimate in that they account for a relationship between "the 'external' America, which is geographical, physical and almost palpable, so to speak, [and] America as an 'interior' experience, as a spiritual and cultural adventure" (Pierre Nepveu, Intérieurs de Nouveau Monde ). At the risk of generalising, one might say that the concept of "Americanity" refers to experiences and desires, as well as readings and histories, whose common denominator is a shared territory. In literary studies, works on Americanity have largely focussed on historical or philosophical (even ontological) ramifications, most often founded on a reflection on the place of the American subject and the particular resonance of its voice.

 

This colloquium aims to displace this question in order to envision Americanity through the lens of forms, more specifically poetic ones. The question we are asking is the following : do American modalities of poetic inscription exist ?

 

This need not, however, entail a return to strict formalism. The approach to American forms will principally be undertaken via their aesthetic dimension. As such, the word "form" takes up the distinction established by Bakhtin between compositional forms, which concern the strict material organisation of a work, and its architectonic forms, which are, for him, "the forms of aesthetic life in its singularity". ( Aesthetics and Theory of the Novel ). "American" forms of poetry are therefore to be understood such that they constitute a work of literature on literature.

 

This critical work can be envisioned in various ways. Does the prose poem, through its "situations" (Max Jacob), allow the rethinking of poetic enunciation relative to an ethos to which the term "Americanity" might (at least symbolically) refer? Does the preponderance of song writing on American soil raise questions specific to popular forms of culture and their continental significance? Do the versification of poems, their strophic arrangements or rhythms allow them to operate a distinction, notably founded on linguistic differentiation (Québécois language is not the French language; Mexican or Cuban languages are not the Spanish language; American and Canadian not English)?   Can the mise-en-scène of poetic voice, or the valorisation of internal monologue be apprehended as syntactical constructions symptomatic of an American scenography ? Do memorial and intertextual recourse to other literatures of the Americas allow for an American characterisation of the poem ? These are among the questions the colloquium will seek to ask.

 

Conference proposals can also address works that present a transversal relationship to these questions. Examples include the prosodic or syntactical procedures of the convocation of the senses or spirituality in indigenous literature or the American reformulation of epic compositional assumptions in Acadian songs. The poems of Carlos Drummond de Andrade, whose daily inscription bears witness to an aesthetic concern of building a syntax turned toward its Americanity, and the poetry of Michel Beaulieu, whose work speaks resolutely to the desire to inscribe poetry on ground which is no longer European, are two examples among others of these American forms of poetry which will draw our attention during the colloquium.

 

 

Conference proposals should be sent by June 1 st , 2007 to the following address:

 

Colloque « Les formes américaines de la poésie »
c /o Luc Bonenfant
Département d'études littéraires
UQAM
C.P. 8888, succ. Centre-ville
Montréal, Québec
H3C 3P8

 

Or by e-mail: bonenfant.luc@uqam.ca