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Les fins intermédiaires dans les fictions des XVIIe et XVIIIe s. Avec J.-P. Sermain (Paris 3)

Les fins intermédiaires dans les fictions des XVIIe et XVIIIe s. Avec J.-P. Sermain (Paris 3)

Publié le par Université de Lausanne

Les fins intermédiaires dans les fictions narratives des XVIIe et XVIIIe siècles

Avec Jean-Paul Sermain

Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

28 & 29 juin 2018 (1er volet ; 2e volet : Université de Lausanne, 8 & 9 novembre 2018 )

Colloque organisé par

Jean-Paul Sermain, François Rosset, Marc Escola, Nathalie Kremer

Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 & Université de Lausanne

 

La comédie demande un dénouement des intrigues, la nouvelle une « chute » qui surprend et donne pourtant le sens de l’histoire ; l’essai une conclusion ; le roman adopte chacun de ces modèles et même les combine; il peut en outre les déplacer et en faire des fins intermédiaires.

Pour deux raisons principales. La première tient au mode de composition des intrigues romanesques : la longueur et la multiplicité des intrigues créent plusieurs foyers et autant de perspectives ; sur ce long parcours, le terme est oublié, en particulier dans une publication sur plusieurs années, par « parties séparées », ou du fait d’une composition par épisodes ou séquences qui requièrent autant de fins intermédiaires ; ou au contraire, le terme se trouve anticipé, avec des versions provisoires ou contradictoires, qui persistent en suggérant diverses lignes de fuite et d’interprétation, créant ainsi plusieurs romans emboîtés dans un seul livre. Il peut arriver aussi qu’un auteur développe son roman en plusieurs versions successives qui peuvent postuler des clôtures narratives différentes, ou encore qu’un roman soit republié plus tard dans un nouveau contexte où on lui fait subir des transformations dans l’intrigue qui peuvent faire de la fin postulée à l’origine une fin provisoire (ou le contraire)….

D’autre part, le roman tend à suivre et associer deux lignes complémentaires, l’une narrative qui concerne les intérêts des personnages et leurs conflits, et l’autre discursive où l’auteur tire lui-même une réflexion et un savoir plus ou moins problématiques. On peut alors parler pour le roman de conclusion : le terme permet de prendre en considération la visée discursive et le processus dramatique. Le roman se donne souvent la liberté d’en offrir plusieurs à divers moments de son déroulement.

En prenant pour objet les fictions narratives des XVIIe et XVIIIe siècles (romans mais aussi bien contes, fables, compositions hybrides…), et le cas échéant des narrations non fictionnelles (mémoires), on s’essaiera à examiner ce jeu des fins intermédiaires, interruptions, continuations et redéploiements, sous tous ses aspects : conclusion anticipée et écartée, suspendue, convenue, ironique, alternative, plurielle, en considérant leurs modes de figuration et les effets ainsi produits, dans la perception de l’histoire, des intrigues, des personnages, dans leur interprétation, dans l’articulation du projet didactique et des phénomènes narratifs, des incitations à l’émotion ou à la distance, des valeurs réflexives et poétiques.

 

Programme

 

Jeudi 28 juin 2018

Salle Bourjac en Sorbonne (17, rue de la Sorbonne, Ve)

13h15 – 14h : Accueil et café

14h – 14h15 : Mot d’ouverture par Jean-Paul Sermain

14h15 – 14h30 : Mot d’introduction par Nathalie Kremer

 

14h30 – 15h30 : Première séance. Composer avec Marivaux

Président de la séance : Marc Escola (Université de Lausanne)

14h30 : Audrey Mirlo (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) :

L’accumulation des fins intermédiaires dans les Journaux de Marivaux

14h50 : Christelle Bahier Porte (Université Jean Monnet - Saint-Étienne) :

« La manière la plus délicate de composer des Aventures » : Les Effets surprenants de la sympathie de Marivaux

15h10 : Discussion

15h30 – 16h : Pause

16h – 17h : Deuxième séance. Compliquer la suite

Présidente de la séance : Catherine Ramond (Université Bordeaux Montaigne)

16h : Hans-Jürgen Lüsebrink (Universität des Saarlandes) :

Le Compère Mathieu de Henri-Joseph Dulaurens : intrigues et paradoxes d’un roman philosophique subversif

16h20 : François Rosset (Université de Lausanne) :

Au commencement était la fin : romans de rêves au temps des métafictions

16h40 : Discussion

17h – 18h : Troisième séance. Continuer avec Perrault

Présidente de la séance : Hélène Merlin Kajman (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

17h : Jean Mainil (Université de Gand) :

« Le Bel au Bois dormant », ou Des implications de fins intermédiaires, parfois à l’insu de l’auteur

17h20 : Pierre-Emmanuel Moog :

Les Mémoires de Perrault, éléments de réflexion sur la vie bonne

17h40 : Discussion

 

Vendredi 29 juin 2018

Athéna, Maison de la Recherche (3, rue des Irlandais, Ve)

9h – 10h30 : Quatrième séance. Ouvrir la fin

Président de la séance : Marc Hersant (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

9h : Lucia Omacini (Professeure retraitée de l’Università Ca’ Foscari – Venise) :

« Je m’arrête à ce dernier acte qui a précédé l’envahissement total de la France par les armées étrangères, et c’est là que je finis mes considérations historiques » (Mme de Staël)

9h20 : Jennifer Ruimi (Université de Lausanne) :

« La plume me tombe des mains » : la fin ouverte des Mémoires de Mlle Clairon et la réponse de Mlle Dumesnil

9h40 : Michèle Bokobza Kahan (Université de Tel-Aviv) :

L’inachèvement dans les romans d’émigration féminins

10h : Discussion

10h30 – 11h : Pause

11h – 12h : Cinquième séance. Mourir avec Rousseau

Présidente de la séance : Nathalie Kremer (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

11h : Paul Pelckmans (Université d’Anvers) :

Les trois suicides de Saint-Preux

11h20 : Antonia Zagamé (Université de Poitiers) :

Clôture du roman et mort du héros : les lecteurs de Rousseau et la mort de Julie dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau

11h40 : Discussion

 

14h – 15h30 : Dernière séance. Recommencer avec Prévost

Présidente de la séance : Antonia Zagamé (Université de Poitiers)

14h : Jean Sgard (Professeur émérite de l’Université de Grenoble - Les Alpes) :

Les épilogues de Prévost

14h20 : Aurelio Principato (Professeur émérite à l’Université de Rome) :

L’interruption des romans de Prévost et le tournant de son écriture romanesque au cours des années 1730

14h40 : Marc Escola (Université de Lausanne) :

Deux ou trois conseils pour amender Manon Lescaut

15h : Discussion ‘finale’

15h30 : Pot de l’amitié

*

Présentation des communications

 

Première séance : composer avec Marivaux

Audrey Mirlo (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) : L’accumulation des fins intermédiaires dans les Journaux de Marivaux

Le journaliste de Le Spectateur français (1721-1724) oppose régulièrement « les idées fortuites que le hasard nous donne » à la composition d'un « sujet fixe » dont les pensées sont rassemblées. Rien de naturel dans un tel procédé qui réordonne a posteriori les idées afin de former une globalité : un commencement, un milieu, une fin... Au contraire, les nombreux discours et récits de ses feuilles sont interrompus, entremêlés, reportés. Souvent ce sont les mots d’un autre « écrivant » (nous reprenons le terme de René Démoris dans Le Roman à la première personne) qui diffèrent le propos de l’auteur. Les fins intermédiaires s'accumulent donc, dans une même feuille, d'une feuille à l'autre, et peut-être aussi d'un journal à l'autre. L'Indigent philosophe paraît en 1727, Le Cabinet du philosophe en 1734 : d’un texte à l’autre, les effets de retour et de reprise sont frappants. Le repérage des différents types de fins intermédiaires entre les trois journaux permet de mettre en valeur une conception cyclique du travail de l’esprit. Il nous semble pointer aussi une difficulté qui tient à l’écriture et au langage : si Marivaux revient régulièrement aux mêmes idées dans ses feuilles, s’il les abandonne puis les reprend, c’est peut-être qu’il peine à les exprimer comme il le souhaiterait. « Mais ne finirai-je jamais ? fait-il écrire à une femme désespérée dans la deuxième feuille de Le Spectateur français, ce que je dis ne ressemble point à ce que je veux dire. »

Christelle Bahier Porte (Université Jean Monnet - Saint-Étienne) : « La manière la plus délicate de composer des Aventures » : Les Effets surprenants de la sympathie de Marivaux

Les Effets surprenants de la sympathie détonne dans le paysage romanesque contemporain, semblant revenir à la poétique des grands romans dits baroques du siècle précédent, tout en mettant en question l’effet pragmatique produit par cette poétique. On essaiera alors de voir comment les deux ‘lignes’ narrative et discursive qui définissent le roman selon l’appel à communications, se manifestent dans ce singulier roman et conduisent à une poétique de l’extraordinaire dont il faudra définir les effets.

 

Deuxième séance : compliquer la suite

Hans-Jürgen Lüsebrink (Universität des Saarlandes) : Le Compère Mathieu de Henri-Joseph Dulaurens : intrigues et paradoxes d’un roman philosophique subversif

Le roman Le Compère Mathieu d’Henri-Joseph Dulaurens (1719-1793), paru en 1766, est un roman politique qui a recours au genre picaresque inventé au 16e siècle en Espagne et introduit en France notamment à travers le roman Histoire de Gil Blas de Santillane (1715) de René Lesage. Le but de cette contribution est de montrer, comment certaines techniques narratives issues du genre picaresque, dont font partie en particulier des ‘fins intermédiaires’, des digressions et des dénouements surprenants et paradoxaux, sont utilisées dans le roman de Dulaurens à des fins critiques, voire subversives et politiques.

François Rosset (Université de Lausanne) : Au commencement était la fin : romans de rêves au temps des métafictions

Il y a, dans le récit de rêve, quelque chose de très particulier qui fournit en même temps l’une des figurations les plus convaincantes de ce qu’est la fiction en tant que reconstruction d’une expérience humaine dans et par la narration : c’est une matière polymorphe, autonome et pratiquement impénétrable qui se voit mise en ordre dans le discours, redéployée dans une chronologie, restructurée sous le régime de causalité et de l’analogie. Discours qui ne saurait commencer à se dérouler qu’à partir du moment où le rêve lui-même a pris fin : au réveil. Mais les rêves ont-ils une fin ? Ce que nous en disent les romans du temps où s’est installé le règne de la métafiction propose sur cette question un espace de prospection digne d’intérêt : il y a des histoires qui nous sont racontées comme si elles ambitionnaient de restituer une totalité de rêve (tel Le Diable amoureux), il y a des mises en séries qui exposent l’infini potentiel de démultiplication du rêve (tels les recueils de Mercier), il y a des romans qui mettent en scène la possible répétition du même rêve (tel le Manuscrit trouvé à Saragosse). Dans tous les cas, la fin du rêve n’est qu’un postulat imposé, entre modèle de finitude, amorce de reprise et perpétuel recommencement.

 

Troisième séance : continuer avec Perrault

Jean Mainil (Université de Gand) : « Le Bel au Bois dormant », ou Des implications de fins intermédiaires, parfois à l’insu de l’auteur

Dans cette communication, je propose d’analyser quelques avatars d’un conte de Perrault devenu universel aujourd’hui, « La Belle au Bois dormant ».  Dans l’histoire du conte de fées de l’Ancien Régime, ce conte a un statut particulier, moins dans la mesure où il est lui-même le résultat de récritures de motifs antérieurs dont il transforme les fins, mais plutôt dans la mesure où il n’a pu survivre qu’à force de transformations et de fins intermédiaires.  J’analyserai en particulier comment les fins de ce conte informent son message, notamment lorsque des contemporains de Perrault l’ont récupéré dans leur correspondance.

Pierre-Emmanuel Moog : Les Mémoires de Perrault, éléments de réflexion sur la vie bonne

Dans ses Mémoires, s’il évoque avec vanité ses réussites, Perrault ne manque pas de relater aussi certains échecs et les choix hasardeux qu’il a pu faire. Mais avec le recul, il en donne une lecture apaisée où il apparaît que les événements, même subis, peuvent se révéler par la suite des opportunités. Dans quelle mesure Perrault en fait-il un principe général de compréhension des parcours de vie, concernant des personnes réelles (dans les Hommes Illustres) comme des personnages de fiction (dans les contes) ? Quelles sont les limites de cette forme de sagesse ?

 

Quatrième séance : ouvrir la fin

Lucia Omacini (Professeure retraitée de l’Università Ca’ Foscari – Venise) : « Je m’arrête à ce dernier  acte qui a précédé l’envahissement total de la France par les armées étrangères, et c’est là que je finis mes considération historique » (Mme de Staël, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française)

L’œuvre de Mme de Staël réunissant des considérations, sous forme d’ essai, de mémoires, de récits historiques, de biographie ainsi qu’une autobiographie se présente comme un texte composite comportant une séries de fins intermédiaires pouvant fragmenter le texte alors que tout se tient malgré ses coupures provisoires.

Jennifer Ruimi (Université de Lausanne) : « La plume me tombe des mains » : la fin ouverte des Mémoires de Mlle Clairon et la réponse de Mlle Dumesnil

Les Mémoires de Mlle Clairon sont composés de trois époques (« Depuis la naissance de Mademoiselle Clairon, en 1723, jusqu’à l’âge de treize à quatorze ans », « Depuis l’adolescence de Mademoiselle Clairon jusqu’à sa retraite du théâtre en 1765, à l’âge de quarante-deux ans », « Depuis sa retraite du théâtre jusqu’à l’année où elle a écrit ces mémoires (1788 ou 89) ») et d’une série de « faits particuliers », en l’occurrence des anecdotes destinées à assouvir la curiosité de ses admirateurs. Dans ces mémoires, Mlle Clairon se met en scène, évoque ses amours, rétablit sa vérité, et surtout règle ses comptes avec ses anciens camarades du Théâtre-Français. Ainsi, le dernier « fait particulier » de son ouvrage est intitulé « Portrait de Mlle Dumesnil », « bourgeoise sans grâces, sans élégance, et souvent au niveau de la dernière classe du peuple ». Le portrait est d’une violence rare. La réponse de Mlle Dumesnil ne se fait pas attendre, et cette dernière écrit à son tour ses Mémoires dans lesquels elle critique point par point tout le texte de sa rivale. En d’autres termes, les Mémoires de Dumesnil apparaissent comme une relecture du texte de Clairon, et semblent en constituer une suite.

Notre hypothèse est la suivante : si Mlle Dumesnil écrit son texte critique, c’est parce qu’au fond Mlle Clairon laisse la place à une telle réponse. La plume tombe des mains de Clairon, comme elle l’écrit dans l’ultime phrase de son ouvrage ? Qu’à cela ne tienne : Dumesnil saura la ramasser. Il s’agira d’analyser la structure des Mémoires de Clairon, d’en étudier les transitions et les effets de clôture, avant de voir comment la réponse de Mlle Dumesnil rouvre le texte de sa rivale, lui donnant un second souffle, et l’empêchant finalement de prendre fin.

Michèle Bokobza Kahan (Université de Tel-Aviv) : L’inachèvement dans les romans d’émigration féminins

Dans Reading for the Plot : Design and Intention in Narrative (1984), Peter Brooks considère la fin d’un récit romanesque comme un élément constitutif de la trame narrative, une partie organiquement incorporée dans le processus de narration que mène le narrateur. Cependant de nombreux auteurs choisissent d’interrompre leurs romans au terme d’une lettre ou de mémoires inachevés comme c’est le cas dans plusieurs romans-mémoires et romans épistolaires du XVIIIe siècle. D’un point de vue formel, ce format narratif permet de suspendre le mouvement vers une clôture,  privilégie le temps séquentiel, et laisse la voie ouverte à des fins intermédiaires.

Dans les romans d’émigration écrits par des femmes écrivains se dégage une tentation similaire de l’inachèvement qui dépasse les enjeux polyphoniques du roman épistolaire. Adoptant la forme épistolaire pour évoquer de manière directe ou contournée l’expérience de l’émigration, du déracinement et de l’exil, des auteures comme Mme de Charrière (Trois femmes, Lettres trouvées dans des portefeuilles d'émigrés) ou Mme de Duras (Mémoires de Sophie, Ourika) n’écrivent pas l’Histoire de la Révolution à travers l’émigration aristocratique, à l’instar de Sénac de Meilhan dans L’Emigré, par exemple. Les femmes écrivains cherchent plutôt à exprimer la douleur de la perte, la peur du présent et l’angoisse du futur incertain L’écriture féminine de l’émigration participe d’une exploration identitaire et d’une volonté de comprendre les fractures du moi provoquées par le choc révolutionnaire et les déplacements dans un/des espace/s hostile/s. L’écriture féminine de l’émigration serait différente de l’écriture masculine de l’émigration dans le sens où elle explore et essaie de dire les crises identitaires du moi déraciné, en fuite, vivant la précarité et l’incertitude. L’inachèvement romanesque que je me propose d’analyser à partir des exemples cités plus haute participe de cette exploration de l’intime et de ses bouleversements psychiques liés à l’émigration.

 

Cinquième séance : mourir avec Rousseau

Paul Pelckmans (Université d’Anvers) : Les trois suicides de Saint-Preux

La Nouvelle Héloïse paraît, en 1761, dans une version d’emblée complète et ne comporte donc pas, en principe et à la différence de beaucoup d’autres romans de l’époque, d’épisodes écrits dans l’ignorance du dénouement finalement retenu. Le roman n’en aligne pas moins un certain nombre d’épisodes qui figurent à leur façon autant de dénouements possibles  et sur lesquels JJ avait peut-être même envisagé, au cours de la longue préparation d’un ouvrage qui devait comporter d’abord deux, puis quatre parties,  de terminer pour de bon. L’amant de Julie frôle au moins à trois reprises la tentation du suicide : le roman, s’il s’y était arrêté, aurait raconte des Souffrances du jeune Saint-Preux plutôt qu’un triomphe de la Vertu.

Antonia Zagamé (Université de Poitiers) : Clôture du roman et mort du héros : les lecteurs de Rousseau et la mort de Julie dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau (1761)

La mort du personnage principal représente une ponctuation majeure, un point final qui exclut a priori la relance de la fiction. A partir de la correspondance reçue par Rousseau au moment de la parution de La Nouvelle Héloïse, je voudrais essayer d’interpréter les réactions engendrées par la mort de Julie, pour voir dans quelle mesure même les fins de roman indexées sur le destin d’un personnage offrent des possibilités de détournement et de relance. « Julie n’est point morte et […] elle vit pour vous aimer » écrit Marie-Madeleine Bernardoni à Rousseau, le 28 septembre 1761 : au rebours des attentes, la lectrice de Rousseau ne considère pas la mort de l’héroïne comme un point final, mais comme un vide susceptible d’être comblé par une possible réincarnation de l’héroïne… 

 

Dernière séance : recommencer avec Prévost

Jean Sgard (Professeur émérite de l’Université de Grenoble - Les Alpes) : Les épilogues de Prévost

Comment conclure ? et faut-il conclure ? Marivaux et Crébillon, répondaient par la négative ; Prévost par l’affirmative.  Quand il écrit une nouvelle tragique, une « histoire », il veut qu’elle ait une ouverture, un « nœud », un développement, des péripéties et un dénouement. S’il s’agit de mémoires, il sait que l’histoire, ici, n’a pas de fin ; il lui laisse donc une ouverture sur l’ avenir, non sans donner  à ses romans une introduction qui laisse prévoir l’aboutissement du récit. Cependant le plus souvent, il ne se conforme pas à son projet initial. D’où ces relances du récit, ces recommencements qui caractérisent la plupart de ses romans. Il prolonge son récit par des annexes, il donne à ses « contes singuliers » de doubles dénouements ; dans les romans des années 40, il laisse le dénouement en suspens, abandonnant le jugement au lecteur. Ajoutons que ses récits ne manquent jamais de ces pierres d’attente, de ces pilotis qui ouvrent sur de possibles dérives. Il rêve de clôture du récit, mais ne compose que dans la liberté.

Aurelio Principato (Professeur émérite à l’Université de Rome) : L’interruption des romans de Prévost et le tournant de son écriture romanesque au cours des années 1730

Une circonstance extérieure à l’inspiration créatrice, la proscription des romans (et des journaux), a provoqué ou, au moins, suspendu la publication d’un certain nombre d’ouvrages entrepris avant 1737. C’est à ce dernier cas qu’appartiennent Le Philosophe anglais et Le Doyen de Killerine de Prévost : ce qui les distingue est, toutefois, d’avoir été depuis continués et, d’une certaine façon, achevés. Cela a comporté non seulement le caractère provisoire de leur interruption mais, pour ce qui est du Doyen de Killerine, une sorte de fin du projet primitif, suivie d’une reprise de l’intrigue caractérisée par une différente vision des personnages et par une méthode nouvelle de composition.

Marc Escola (Université de Lausanne) : Deux ou trois conseils pour amender Manon Lescaut

Peut-on imaginer de commenter la première partie de Manon Lescaut comme si la seconde était perdue — apocryphe ou interpolée ? Pour qui connaît la chronologie, il ne fait guère de doutes que l’achèvement du plus bref des romans de Prévost a eu à souffrir de la rédaction du plus long : l’infatiguable Cleveland aura eu raison de la légère Manon. Et l’on a depuis longtemps relevé les invraisemblances dont souffre toute la fin du roman, dans un décor américain manifestement conçu pour le fils de Cromwell. Relisons donc la première partie comme si des Grieux cherchait à monnayer auprès de Renoncourt les charmes d’une Manon Lescaut toujours bien vivante... et tentons de produire par nous-même le canevas trop hâtivement rédigé par l’abbé Prévost pour la deuxième partie, dont un secrétaire mal inspiré tira le désolant épilogue que l’on sait.

 

F I N

… du premier volet.

*

SUITE

Université de Lausanne

8 & 9 novembre 2018 (2e volet)

Jacques Berchtold (Fondation Bodmer – Sorbonne Université) :

Goethe et Les Mille et une Nuits

Ugo Dionne (Université de Montréal) :

Temps et tension : les fins de livraisons romanesques périodiques, de l’Ancien Régime au roman-feuilleton

Les fins de livraisons de romans différés – « tomes » baroques, « parties » du XVIIIe siècle, feuilletons ou fascicules du XIXe – présentent un fonctionnement particulier : plus marquées que les fins d’unités internes, elles sont forcément moins définitives que les conclusions d’ouvrages ; en plus de fournir une clôture satisfaisante à la livraison elle-même, elles doivent garder le récit sous tension pour une période plus ou moins étendue (et potentiellement infinie). En abordant un corpus choisi d’ouvrages de l’Ancien Régime et du premier XIXe siècle – selon une approche transhistorique chère à J.-P. Sermain –, on tentera d’identifier certaines caractéristiques de la fin d’unité périodique. On s’attachera notamment aux différences qui peuvent être observées entre la clôture de la livraison et la fin des chapitres qu’elle contient ; on réfléchira aussi au rôle qu’ont pu jouer les fins de parties du XVIIIe siècle dans le développement d’une esthétique de la chute, reprise et radicalisée par les feuilletonistes de la Monarchie de Juillet.

Joëlle Gleize (Professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille) :

Comment ne pas finir ? Balzac et les fins intermédiaires

À partir d’un corpus composé des « romans de romans » balzaciens que sont – à des titres différents - Illusions perdues, Les Rivalités, Les Célibataires ou Splendeurs et misères des courtisanes entre autres, je m’interrogerai sur un des modes de composition et d’écriture les plus étonnants de Balzac : le déplacement permanent des frontières du texte qu’il opère au gré des réécritures et des rééditions, son effet sur la dynamique narrative, sur la réception et l’interprétation sont essentiels à la « pensée-roman » de Balzac.

Jan Herman (Université de Louvain – KU Leuven) :

Don Quichotte, un discours ‘commencé tant de fois et interrompu toujours’

Comme le montre au début du XVIIe siècle le premier Don Quichotte, un manuscrit peut en cacher un autre. Quand le récit doit s’arrêter parce que le manuscrit transcrit par le ‘second narrateur’ s’interrompt, il est toujours possible qu’on en découvre un autre qui continue l’histoire ou l’oriente dans un autre sens. Même si l’auteur laisse mourir son héros, un autre auteur peut en reprendre l’histoire en se réclamant d’un manuscrit nouvellement découvert. C’est ce que font Filleau de Saint-Martin dans la Suite du Don Quichotte et Robert Challe dans la Continuation de cette Suite.

La mimesis textuelle est une des réponses que le roman prémoderne a inventé à la question des ‘fins intermédiaires’. La série des Amadis en fournit un exemple plus spectaculaire encore que l’œuvre de Cervantès. Nous y ferons allusion en passant.

Marc Hersant (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) :

Les fins intermédiaires dans les récits à épisodes des Mémoires de Saint-Simon

Dans l’œuvre de Saint-Simon de nombreux fils narratifs sont interrompus pour respecter les unités temporelles de référence de la chronique (le plus souvent une année, parfois moins). C’est donc des dizaines ou des centaines de pages plus loin que ces récits reprennent, et pourtant à chaque fois le mémorialiste tente de trouver un principe d’unité pour l’épisode qu’il relate et de le conduire vers une « fin provisoire ». Au fil de l’œuvre, il renonce presque entièrement à ce dispositif et préfère des récits continus qui dépassent largement le cadre annuel de la chronique. La présence ou l’absence de « fins intermédiaires » dans les Mémoires est donc révélatrice de la tension entre continuité narrative et morcellement référentiel, et de l’instabilité d’un texte qui hésite entre une cohérence narrative globale et la juxtaposition sérielle d’une (quasi) infinité de récits.

Nathalie Kremer (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) :

Différer la fin. Stratégies de durée narrative dans Les Mille et une Nuits

Si la fin peut être définie comme « la limite d’une durée » (TLF), comment le récit se développe-t-il en tant que durée à l’intérieur de cette limite ? Et comment cette limite elle-même apparaît-elle au sein de la durée, pour autant que celle-ci ne se définisse pas comme abolition sans cesse rejouée de la limite ? Je propose d’étudier cette question de la fin et de la durée dans Les Mille et une Nuits, où la mort de Schéhérazade est inscrite au début du récit comme la fin de l’histoire, mais où l’histoire parvient à faire déjouer cette fin en la différant sans cesse par la narration. La narration des Mille et une Nuits en effet persiste à « faire durer » une histoire en évitant soigneusement de l’amener à sa fin. J’entends ici le terme de « durée » en trois sens différents : celui de continuer (en amplifiant l’histoire), celui de retarder, différer la fin (en déviant vers des histoires secondaires, qui deviennent principales), enfin celui de « gagner du temps » (en interrompant le cours nécessaire des choses par l’interposition d’une autre histoire qui « coupe » la trame existante).

Christophe Martin (Sorbonne Université) :

Dénouement et “fins intermédiaires” dans les Lettres persanes, Les Égarements du cœur et de l’esprit, et  Julie ou La Nouvelle Héloïse

Dans les Lettres persanes, Les Égarements du cœur et de l’esprit et La Nouvelle Héloïse, une péripétie finale, en forme de coup de théâtre, provoque le dénouement, dans les termes de l’époque : amené ou annoncé, complet, vraisemblable. Ce dénouement implique, selon des modalités diverses, de relire l’ensemble comme des anticipations de la fin. On se propose donc de discerner au fil de ces trois œuvres la présence et la fonction de « fins intermédiaires » amenant ou annonçant (ironiquement ou non) le dénouement.

Hélène Merlin Kajman (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) :

L’espace intermédiaire dans les Fables de La Fontaine : transitions, naïveté et suspension

Catherine Ramond (Université Bordeaux Montaigne) :

Fins intermédiaires : quelques cas de récits insérés dans les romans épistolaires au XVIIIe siècle

Ma perspective se situe dans la continuité du colloque La partie et le tout, co-organisé par Jean-Paul Sermain. Il me semble en effet que la question des fins intermédiaires est liée à celle de la composition romanesque. Celle des romans épistolaires polyphoniques pose la question de leur fin, réservée à une seule voix. Il s’y ajoute, pour un certain nombre d’entre eux, « les fins intermédiaires » éventuelles proposées par des récits insérés dans l’échange des lettres : quel est le statut de leur fin par rapport à celle du roman vu dans sa totalité ? Je me propose d’étudier quelques cas de romans épistolaires polyphoniques présentant des récits insérés et donc des « fins intermédiaires ».

Justine de Reyniès (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) :

Narrer dans une «horrible attente» : Vathek et ses épisodes

Toutes les versions de Vathek que Beckford a fait paraître de son vivant ne forment, on le sait, qu’une version tronquée de l’œuvre initialement projetée par l’auteur. Dans une chambre du palais d’Eblis où il parvient au terme de sa quête démoniaque, Vathek rencontre cinq inconnus qui, comme lui, viennent de découvrir que, sous ce nom de lieu associé à la promesse de pouvoirs et de richesses inouïs, se cachent en réalité les Enfers. Prenant place parmi ce petit groupe, il écoute alors les damnés conter tour à tour leurs aventures : leur narration devait constituer les épisodes de Vathek, rédigés par l’auteur en vue de leur incorporation au récit principal. Il est aujourd’hui possible de se faire une idée de cet ensemble narratif grâce aux éditions critiques proposées respectivement par Kenneth Graham (2003) et Didier Girard (2003), qui se sont penchés sur les manuscrits des épisodes conservés à Oxford.   

L’insertion des épisodes diffère la clôture de l’histoire de Vathek, qui se trouve ainsi relancée au seuil de sa conclusion. Le dispositif de l’emboîtement génère ici ce qu’on peut considérer comme des fins intermédiaires dans la mesure où l’enchâssement des histoires secondaires permet de résoudre une énigme du récit-cadre : la révélation par chacun des devisants de l’enchaînement des faits qui l’a conduit au « palais du feu souterrain » lève le voile sur le mystère de sa présence en ces lieux et comble l’attente produite par le surgissement de six nouveaux personnages au terme de l’histoire principale. Dans les contes des Mille et une nuits dont s’inspire ce schéma (L’histoire de trois calenders et de cinq dames de Bagdad, par exemple), la relation de ces intrigues secondaires revêt généralement une fonction dramatique : le récit polyphonique de la genèse de la petite société représentée dans la scène-cadre constitue une étape vers un dénouement général. On ne saurait en dire autant de Vathek : les personnages du récit-cadre retracent leurs aventures dans le bref intervalle qui sépare la sentence prononcée contre eux et l’exécution de leur châtiment ; dans cette « horrible attente », « se retracer [leurs] crimes, quoiqu’il ne soit plus temps de s’en repentir, est la seule occupation qui conviennent à des malheureux comme [eux] ». On peut alors se demander ce qu’ajoutent les épisodes à l’économie globale de l’oeuvre, à ses effets et à sa compréhension d’ensemble.    

Cette fin programmée par une situation d’énonciation déclinant le modèle du salon sur un mode macabre confère d’ailleurs leur cohérence aux épisodes. Placé au seuil de sa damnation éternelle, le devisant, qui s’est vu révéler le sens ultime de sa tragique destinée, est amené à interpréter les faits en même temps qu’il les relate. Le point de vue du repenti oriente la lecture des faits et de leur enchaînement selon le schéma de l’endurcissement moral ; la certitude du châtiment conduit à anticiper les bilans en les dispersant tout au long du récit. La question qui se pose est alors celle du conflit existant entre cette lecture rétrospective, « fermée » et conforme aux normes morales, et les leçons implicites du texte. 

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Présentation des participants

(par ordre alphabétique)

Professeure à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne et membre de l’IHRIM (UMR 5317), Christelle Bahier-Porte fait porter ses recherches sur l’œuvre de Lesage, le conte à l’âge classique et la Querelle des Anciens et des Modernes dans ses enjeux poétiques (Marivaux, Antoine Houdar de La Motte en particulier).

Michèle Bokobza Kahan, est Professeur au département de Littérature de l’Université de Tel-Aviv. Elle dirige depuis deux ans l’Ecole des Etudes Culturelles. Ses recherches portent sur le siècle des Lumières, théories du roman, libertinage et folie, la littérature marginale, la question de l’auctorialité dans le texte et dans son paratexte, les formes transgressives du discours, et, l’étude de l’ethos et du pathos dans le témoignage religieux du XVIIIe siècle. Elle est l’auteur de Libertinage et Folie dans le roman du XVIIIe siècle (Peeters, 2000), Mémoires d’une honnête femme de Chevrier (collection Lire le Dix-huitième siècle,  Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2005), Dulaurens et son œuvre : un auteur marginal au XVIIIe siècle : Deviances discursives et Bigarrures philosophiques (Champion, 2010) ; Témoigner des miracles au siècle des Lumières (Garnier Classique, 2015). Elle a participé à  l’édition numérique des Pensées de Montesquieu (2013). Elle a publié des articles sur  Bayle, Diderot, Voltaire, Montesquieu, la presse féminine au dix-huitième siècle, la littérature marginale et ses auteurs, l’écriture testimoniale au siècle des Lumières. Ses derniers articles concernent principalement l’œuvre de Prévost et le roman-mémoire. 

Ugo Dionne est professeur au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Ses recherches et son enseignement portent principalement sur la littérature de l’Ancien Régime et du début du XIXe siècle; il s’intéresse aussi, plus largement, à l’histoire et à la théorie du roman. Il a publié en 2008, aux Éditions du Seuil, La Voie aux chapitres. Poétique de la disposition romanesque; il prépare un essai sur les différents avatars historiques de la publication différée du roman.

Marc Escola est professeur de littérature française de l’âge classique et de théorie littéraire à l’Université de Lausanne, directeur de la collection d’essais anthologiques de théorie littéraire « GF-Corpus » (Flammarion) et l’un des animateurs du site www.fabula.org. Il est l’auteur de plusieurs essais sur les rapports entre morale et fiction au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, et a donné plusieurs d’éditions de textes pour les éditions GF-Flammarion. Il a également supervisé plusieurs ouvrages de théorie littéraire (Le Malentendu. Généalogie du geste herméneutique, puv, 2003 ; Théorie des textes possibles, Crin n° 57, 2012), et a récemment publié un essai sur les formes du commentaire et les pratiques de réécriture : Littérature seconde ou la Bibliothèque de Circé (Kimé, 2015, avec Sophie Rabau).

Joëlle Gleize est professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille, membre de l’équipe du CIELAM. Ses recherches portent sur la littérature romanesque des XIXe et XXe siècles : représentation et inscription du livre et de la lecture, à l’intersection de la poétique romanesque et de l’histoire de la littérature, du livre et de la lecture. Dernières publications : La Bibliothèque de la Pléiade : Travail éditorial et valeur littéraire, J. Gleize et P. Roussin éd., EAC, coll. CEP-ENS LSH, 2009, La Cousine Bette d’Honoré de Balzac, coll. Foliothèque, Gallimard, 2010. Ses articles les plus récents portent sur Balzac, Claude Simon, Antoine Volodine. Elle co-dirige les Cahiers Claude Simon depuis 2015.

Jan Herman est professeur de littérature française à l’Université de Louvain (KU Leuven). Ses réflexions portent sur la Poétique du roman du Moyen Âge à la fin de l’Ancien Régime. Il a récemment publié un ouvrage sur Lenglet-Dufresnoy, Ecrits inédits sur le roman (Oxford, 2014, avec Jacques Cormier) et prépare Pour une Poétique du roman du XVIIIe siècle.

Marc Hersant est professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Il est spécialiste de l’écriture de l’Histoire et des genres narratifs à la première personne au XVIIIe siècle. Il a publié Le discours de vérité dans les Mémoires du duc de Saint-Simon (Honoré Champion, 2009) ; Voltaire : Écriture et vérité (Peeters, 2015) ; Saint-Simon (Gallimard, 2016 – grand prix de l’Académie française) ; il a notamment codirigé : avec J.-L. Jeannelle et D. Zanone, Le sens du passé (La Licorne n° 104, 2013) ; avec C. Ramond, La représentation de la vie psychique dans les récits historiques et fictionnels du XVIIe et du XVIIIe siècle (Rodopi/Brill, 2015).

Nathalie Kremer est maître de conférences à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Spécialiste de la poétique et de l’esthétique du XVIIIe siècle, elle a publié Préliminaires à la théorie esthétique du XVIIIe siècle (Kimé, 2008), Vraisemblance et représentation au XVIIIe siècle (Honoré Champion, 2011), Le Roman véritable. Stratégies préfacielles au XVIIIe siècle (avec Jan Herman et Mladen Kozul, Voltaire Foundation, 2008), Diderot devant Kandinsky. Pour une lecture anachronique de la critique d’art (Passage d’encres, coll. « Trace(s) », 2013 – rééd. 2015) et Traverser la peinture. Diderot – Baudelaire (à paraître aux éditions Brill fin 2018).

Hans-Jürgen Lüsebrink est depuis 1993 Professeur à l’Université de Saarbrücken (Allemagne), et l’auteur de doctorats en philologie romane (Bayreuth, RFA, 1981) et en histoire (EHESS, Paris, 1984). Ses domaines de recherches concernent entre autres l’Encyclopédisme du XVIIIe siècle, les transferts culturels Europe – monde non-européen ; les relations histoire – littérature (XVIIIe siècle et Révolution Française). Parmi ses dernières publications figurent : une édition avec C. Charle et York-Gothard Mix : La transculturalité des espaces nationaux en Europe (XVIIIe –XIXe siècles) ; Traductions, transferts culturels et instances de médiations (Göttingen, 2017) ; L’Adresse de Raynal à l’Assemblée Nationale (31 mai 1791) de Guillaume-Thomas Raynal. Positions, polémiques, répercussions (édition commentée par H.-J. Lüsebrink, Paris, 2018).

Jean Mainil travaille sur les fictions narratives de l’Ancien Régime, du roman dit « pornographique » au conte de fées, en passant par la récupération idéologique de la figure de la lectrice folle dans le roman anglais et français.  Il travaille actuellement à un essai sur les avatars du conte de fées, du XVIIe au XIXe siècle.

Christophe Martin est professeur de littérature française à Sorbonne Université et directeur du CELLF (UMR 8599). Spécialiste du XVIIIe siècle et en particulier de Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Diderot et Rousseau, ses recherches portent principalement sur les liens entre fiction, anthropologie et philosophie au XVIIIe siècle. Il a publié plusieurs livres, a dirigé plusieurs volumes collectifs et rédigé de nombreux articles sur la littérature française du siècle des Lumières.

Hélène Merlin-Kajman est professeure de littérature française (XVIIe siècle) à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 et écrivaine. Ses premiers travaux portent sur la notion de public au XVIIe siècle, qu’elle a étudiée dans toutes ses ramifications notamment à travers les querelles littéraires du XVIIe, dont la querelle du Cid (Public et littérature en France au XVIIe siècle, Belles Lettres, 1994 ; L’Absolutisme dans les Lettres et la théorie des deux corps. Passions et politique, Paris, Champion, 2000 ; L’Excentricité académique. Institution, littérature, société, Paris Les Belles Lettres, 2001). Elle s’intéresse en outre à la théorie de la littérature et de la culture, et aux problèmes contemporains d’éducation et d’enseignement. Elle a créé le mouvement et le site Transitions (www.mouvement-transitions.fr). Derniers ouvrages parus : La Langue est-elle fasciste. Langue, pouvoir, enseignement ? (Seuil, 2003) ; Lire dans la gueule du loupEssai sur une zone à défendre, la littérature (Gallimard, 2016) ; L’Animal ensorcelé. Traumatismes, littérature, transitionnalité (Ithaque, 2016).

Audrey Mirlo est agrégée de lettres modernes, docteur ès lettres de l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Ses travaux portent sur les récits du XVIIIe siècle, les narrations à la première personne et les rapports entre littérature et philosophie. Le livre issu de sa thèse, Narcisse philosophe, est paru en 2017 aux éditions Honoré Champion.

Pierre-Emmanuel Moog est  chercheur en anthropologie narrative, et co-anime un séminaire sur les contes merveilleux à l’EHESS (Paris). Il a publié plusieurs articles sur les contes de Perrault et sur la Bible.

Spécialiste de littérature française au « Tournant des Lumières », Lucia Omacini a essentiellement travaillé sur J.-J. Rousseau, Mme de Staël. Constant, Mme de Charrière et Chateaubriand. Elle est en outre spécialiste  de l’épistolarité (Le roman épistolaire français au tournant des Lumières), de l’écriture fragmentaire (Théorie et pratique du fragment) et de génétique textuelle.

Paul Pelckmans (°1953) est Professeur de Littérature française et générale à l’Université d’Anvers. Ses recherches sont aux confins du roman d’Ancien Régime et des « mentalités », notamment sur les mises en scène littéraires de la mort et sur les enjeux anthropologiques de la ‘sensibilité’. Parmi ses publications: Le Problème de l’Incroyance au XVIIIe siècle (Québec, Presses de l’Université de Laval, 2010) et La Sociabilité des Cœurs. Pour une Anthropologie du Roman sentimental (Amsterdam, Rodopi, 2013).

Adrienne Petit est docteure en langue et littérature françaises du XVIIe siècle. Elle a soutenu sa thèse en 2016 sous la direction de Delphine Denis sur « Le Discours romanesque des passions. Rhétorique et poétique des passions dans la fiction narrative en prose du XVIIe siècle ». Elle est actuellement maître-assistante à l’université de Lausanne.

Aurelio Principato, ancien élève de la Scuola Normale Superiore de Pise, a enseigné au cours des dix dernières années à l’Université Roma Tre. Ses recherches ont été principalement consacrées à l’histoire de la langue française, à Prévost, à la stylistique du roman français du XVIIIe siècle, à l’éloquence révolutionnaire et à Chateaubriand. Déjà éditeur du Doyen de Killerine de Prévost et de l’Essai sur les révolutions de Chateaubriand, il travaille actuellement à l’édition des Mémoires d’outre-tombe (livres I-XII).

Catherine Ramond est Professeur à l’Université Bordeaux Montaigne et membre de l’EA TELEM. Ses recherches portent principalement sur les formes de la fiction narrative et dramatique, et leurs croisements aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle a publié : Roman et théâtre au XVIIIe siècle. Le Dialogue des genres (Oxford, 2012) ; La Voix racinienne dans les romans du XVIIIe siècle (Paris, 2014). Elle co-dirige les éditions du Théâtre complet de Destouches et de Beaumarchais (Classiques Garnier) et le programme « récit et vérité à l’âge classique » avec Marc Hersant.

Justine de Reyniès est rattachée à l’équipe de recherche « Lettres 18 » de l’Université Sorbonne nouvelle - Paris 3. Elle a réalisé sa thèse (en cours de publication) sur la théorie du jardin paysager au XVIIIe siècle. Ses recherches portent sur l’esthétique des Lumières, la théorie et les pratiques du paysage la représentation littéraire de la nature et de l’environnement. Dans ses travaux les plus récents, elle se propose de replacer les préoccupations portées par le courant de l’écocritique dans une perspective historique. Elle a dirigé deux volumes collectifs : (Re)lectures écocritiques : pour une historicisation des humanités environnementales (en collaboration avec Odile Gannier), Loxias, n°52, mars 2016 ; Amateurs et hommes de métier dans l’Europe des Lumières (en collaboration avec Bénédicte Peslier Peralez), à paraître.

François Rosset est professeur de littérature française à l’Université de Lausanne. Auteur de plus de deux cents publications portant principalement sur les formes du roman au XVIIIe siècle, les Lumières helvétiques et, plus spécifiquement, sur des auteurs comme Jean Potocki, Benjamin Constant et Germaine de Staël. Son dernier ouvrage: L’enclos des Lumières. Essai sur la culture littéraire en Suisse romande au XVIIIe siècle (Georg, 2017).

Jennifer Ruimi est chercheuse FNS senior au sein du programme de recherches accueilli par l’UNIL et dirigé par Valentina Ponzetto « Théâtres de société, entre Lumières et Second Empire » ; elle est actuellement en train d’écrire un ouvrage sur la pratique du théâtre en société de Voltaire. Elle est par ailleurs l’auteur de La Parade de société au XVIIIe siècle, une forme dramatique oubliée ? publié chez Champion en 2015. Elle est enfin chargée de cours à l’institut d’études théâtrales de l’Université Sorbonne nouvelle - Paris 3.

Jean Sgard, né le 23 janvier 1928 à Paris, a fait ses études à Paris, a soutenu en 1968 à Paris une thèse sur Prévost romancier, a été successivement maître assistant à Paris-Sorbonne, maître de conférences à Lyon, professeur à l’Université de Grenoble 3 (Université Stendhal) ; il est depuis 1995 professeur émérite. Il a consacré la plus grande part de ses recherches au roman et à la presse périodique au XVIIIe siècle. Il a également été secrétaire puis président de la Société française d’Études du XVIIIe siècle.

Ancienne élève de l’ENS-Ulm, agrégée de lettres modernes et docteur en Littérature française de l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, Antonia Zagamé est maître de conférences à l’Université de Poitiers depuis septembre 2013. Spécialiste de la littérature française des Lumières, elle a publié en 2011 chez Peeters, à Louvain, un livre sur le roman du XVIIIe siècle issu de sa thèse de doctorat intitulé L’écrivain à la dérobée. L’auteur dans le roman à la première personne au XVIIIe siècle (1721-1782). L’envie qui l’anime en tant que chercheuse est de mieux comprendre l’expérience de la lecture et ses mécanismes, en les envisageant dans leur historicité.

 

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