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Les fins du monde

Les fins du monde

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Tomasz Swoboda)

Heureusement − ou malheureusement, selon le cas – nous venons d’y survivre une fois encore... Les fins du monde, ce nec plus ultra de l’angoisse collective, ne cessent de travailler notre conscience et notre inconscient. Est-ce parce qu’elles mettent en doute ce qui constitue le propre du genre humain, à savoir l’avenir, ou bien, au contraire, parce qu’elles le confirment sous la forme la plus explicite d’un Sein-zum-Tode commun et inévitable ? Quoi qu’il en soit, ce destin-limite réservé à tous, malgré son visage terrifiant, provoque aussi une sorte de communion, d’utopie égalitaire, dont la littérature ne peut que rendre compte, utopiste qu’elle est depuis sa naissance.

Est-ce aussi vrai sur le plan individuel ? Ici, la fin du monde ne se vit pas sur le mode apocalyptique, ou plutôt l’apocalypse ne se vit qu’au fond du moi, indépendamment des circonstances extérieures : historiques, sociales, économiques. En donnant accès à toutes les nuances de la psyché, le langage poétique fonctionne comme un sismographe des catastrophes à venir qui, dans ce que Blanchot appelait « l’espace littéraire », semblent être toujours déjà là, à portée de la main.

Et que se passe-t-il quand la fin est vraiment vécue, comme l’ont été la Grande Guerre ou la Shoah ? Est-il possible de vivre après la fin de l’histoire ? Sommes-nous les derniers ou bien la notion de « dernier » elle-même est-elle une contradiction logique ? Ces fins du monde qui n’en finissent pas…

Il s’agira d’étudier également les fins du monde proprement littéraire, à savoir ces seuils décisifs mais jamais définitifs que sont la fin du poème, la fin du livre ou la fin de la création, dans la mesure où elles s’approchent de la logique du deuil mélancolique ou bien, au contraire, de l’ « après moi le déluge » narcissique.

Ce numéro des Cahiers ERTA se propose d’analyser ces différentes facettes de la fin du monde dans la littérature et de ses rapports au langage, à l’écriture, à la narration, au moi poétique ainsi qu’à toutes les formes et structures qu’elle met en œuvre en tant qu’objet d’analyse.

Les propositions d’articles, d’une longueur maximum de 500 mots, sont attendues pour le 28 février 2013 au plus tard et doivent être envoyées à l’adresse suivante:

ertafr@ug.edu.pl