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Les études sur la renaissance à l’épreuve des frontières disciplinaires (Marcoux)

Les études sur la renaissance à l’épreuve des frontières disciplinaires (Marcoux)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Olivier Guerrier)

(tables rondes de l'association Réforme Humanisme Renaissance)

                  Association Réforme Humanisme Renaissance

                         Château de Goutelas - Marcoux

           Jeudi 18 mai 2017 au soir - Samedi 20 mai après déjeuner

 

Les études sur la renaissance à l’épreuve des frontières disciplinaires

                                              tables rondes

 

Peu de périodes semblent aussi réfractaires que la « Renaissance », et tout particulièrement dans le domaine des Lettres lui-même largement constitué a posteriori, aux découpages institutionnels qui ont actuellement cours en France.

Il y va à la fois de son spectre chronologique – qui excède le XVIe siècle – et de son empan géographique et linguistique – qui excède la France et le français. Le phénomène rend parfois problématique la délimitation et la constitution des corpus lorsque l’on veut étudier un sujet (un genre, une forme, une topique, une notion…).

Par ailleurs, les textes humanistes se caractérisent par leur foncière porosité : lors même qu’ils s’affirment comme relevant d’une discipline spécifique, ils frayent avec d’autres, dont ils accueillent des formes ou des contenus. Poussé à ses limites, le phénomène rend parfois problématique l’inscription de certaines œuvres dans un périmètre disciplinaire précis.

Si nombre de travaux scientifiques, relayés par des revues ou des collections, ont pris acte de la situation, la présente table ronde entendra reprendre les questions historiographiques, méthodologiques et pratiques qu’induit cette dernière, avec pour ambition de proposer, sans toutefois bouleverser les structures en vigueur, de nouvelles modalités de définition pour les sujets de recherche à venir.

Elle pourra se décliner en trois volets, à articuler entre eux :

 

1.    Périodes

L’habitude, héritée des années 1920 et des Humanités françaises de Chevaillier et Audiat, qui a consisté à affecter un volume des histoires littéraires à chaque siècle considéré, a été remise en cause par bien des ouvrages ultérieurs exprimant la difficulté de circonscrire l’objet Renaissance (lui-même également objet de remise en question) au XVIe siècle. Le reflète de façon exemplaire le titre de celui de M.-L. Demonet, XVIe siècle : 1460-1610 (Bordas, 1988), en ce qu’il suppose que le « XVIe siècle » est moins une unité séculaire et donc objective qu’une unité abstraite, aux contours d’ailleurs changeants.

Dans ces conditions, il s’agit de revenir sur l’élaboration des objets et la constitution des corpus, et sur les bornes chronologiques qui les commandent, sans doute à géométrie variable. Comment et pourquoi un ensemble choisi relève-t-il de la « littérature française de la Renaissance » ? Quel discours produire pour le fonder en raison ? Et qu’en est-il plus spécifiquement des auteurs placés aux confins de la période ?

 

2.    Espaces et Langues

Nous restons bon an mal an marqués par le geste historiographique de Michelet, qui a fait de la Renaissance française un phénomène exclusivement français, ce au moment où J. Burckhardt en rappelait les évidentes origines. Si les philosophes ou les historiens n’ont aucune difficulté aujourd’hui à ouvrir le spectre[1][1], cela paraît encore un peu plus ardu dans les études littéraires. Or, comme les autres, l’humanisme français se constitue par ouverture aux apports extérieurs, et s’inscrit au carrefour des langues.

Pour faire une place aux textes étrangers, sans empiéter sur les domaines comparatiste ou néo-latin, la traduction, objet d’une intense réflexion déjà à l’époque, s’offre comme une solution privilégiée. Mais comment intégrer celle-ci dans nos corpus ? Quel statut octroyer à ces textes et à leurs auteurs ? Et, lorsqu’il s’agit d’étudier la réception de l’Antiquité dans l’humanisme français, quels sont les gestes savants à mobiliser pour bien marquer le départ entre ce dont hérite le traducteur et ce qu’il produit ?

 

3.  Disciplines

Au temps des « humanités » ou des « Bonnes Lettres », la porosité entre les disciplines et les discours est de mise. Même si l’on observe bel et bien la constitution progressive d’un « espace littéraire », parallèle à une réflexion sur le classement des savoirs, ce dernier ne saurait se réduire aux œuvres relevant de la Poétique. Néanmoins, comme il ne s’agit pas de le dissoudre non plus, des « critères de littérarité » semblent devoir être envisagés – ce qui d’ailleurs requiert d’être historicisé. Quels peuvent-ils être, et en particulier pour les œuvres placées aux frontières, voire relevant officiellement de disciplines comme le droit, la médecine, la philosophie naturelle, ou encore l’histoire ? Et sur quelles bases d’autre part intégrer aux corpus littéraires des ouvrages appartenant à ces territoires?

 

 

                                                    Programme

 

                                               Vendredi 19 mai 2017

 

Matin

  • Olivier Guerrier (Université Toulouse Jean Jaurès) : Introduction
  • Mathilde Vidal (Université Paris VII - Denis Diderot) : Problèmes de périodisation autour du genre de l’« estrenne » de Marot à Scarron
  • Pascale Mounier (Université de Caen) : Un oublié de l’histoire littéraire : le roman en vers composé en français vers 1500

Discussions

  • Michèle Clément (Université de Lyon II) : L’anthologie de J.-C. Margolin, Les Humanistes européens de la Renaissance et le problème des frontières disciplinaires
  • Michaël Boulet (Université Toulouse Jean Jaurès) : Rôle et statut de la traduction dans les corpus de thèse : l’exemple de la déclamation

Discussions

Après-midi

  • Anne Réach Ngô (Université de Haute Alsace) : Corpus intergénérique et genre éditorial : le cas des Thresors de la Renaissance (1480-1630)
  • Nicolas Correard (Université de Nantes) : Les discours contre les lettres et les savoirs de la Renaissance

Discussions

  • Gilles Polizzi (Université de Haute Alsace) : Y a-t-il une poétique littéraire du jardin ? Bomarzo et l’hétérotopie foucaldienne (1550-1960)
  • Véronique Adam (Université Toulouse Jean Jaurès) : Alchimie et croisements disciplinaires - histoire des idées, textes littéraires et problèmes savants

Discussions

                                               Samedi 20 mai 2017

 

Matin

  • Isabelle Fabre (Université de Montpellier) : Le livre et l’œuvre : la question de la pseudo Pénitence Adam entre l’Anonyme de l'Arsenal et Colard Mansion (1450-1480)
  • Marie-Luce Demonet (Université de Tours - CESR) : Réfléchir à une typologie des textes de la Renaissance : arborescences et graphes

Discussions

  • Alex Pepino (Université de Rouen) : Lucrèce poète ou philosophe  (XVe-XVIe siècles) ? 
  • Jean Vignes (Université Paris VII - Denis Diderot) : Corpus poétiques et corpus musicaux 

Discussions

Avec la participation aux discussions-table ronde de  Florence Bonifay, Christine de Buzon, Coralie Cicovic, Isabelle Garnier, Marie-Bénédicte Le Hir, Hélène Lannier, Marine Parra, Carine Sébastien-Roudière, Charlotte Triou, Tristan Vigliano…

Contacts : Michèle Clément (Michele.Clement@univ-lyon2.fr)  & Olivier Guerrier (olivier.guerrier@wanadoo.fr)

[1][1] Voir par exemple, encore récemment, la leçon inaugurale de P. Boucheron au Collège de France (décembre 2015), pour sa chaire « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle ».