Questions de société

"Les enseignants-chercheurs se foutent du Monde" (Bakchich info, 04/04/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Les enseignants-chercheurs se foutent du « Monde » Bakchich info, samedi 4 avril par Lucie Delaporte

http://www.bakchich.info/Les-enseignants-chercheurs-se,07284.html

Lassé de voir leur mouvement caricaturé par lequotidien du soir, le mouvement des enseignants-chercheurs a décidé depasser à l'attaque et de taper là où ça fait mal.

Après en avoir longuement débattu en interne, Le Monde, qui devait publier aujourd'hui un article sur le divorce entre « le grand-quotidien-de-référence » et le mouvement des enseignants chercheurs,a fait machine arrière. Histoire, sans doute, de ne pas donner unetribune à ceux qui l'attaquent. En marge de leur mobilisation contreles réformes Pécresse, le mouvement des enseignants chercheurs mène en effet un autre combat. Celui contre la désinformation menée, selon eux, par Le Monde au sujet de la réforme de l'université.

Depuis quelques semaines, les listes de discussion desopposants à Pécresse bruissaient de propositions de mesures derétorsion contre le journal. Finalement écartée, une occupation dujournal avait même été envisagée jeudi soir, en fin de manifestation.Par crainte que cette action ne desserve leur mouvement, certains – ceslistes diffuseraient à environ 7000 personnes – ont décidé de s'entenir à une action moins spectaculaire mais potentiellement redoutable.« Ce n'est pas les bâtiments du journal Le Monde qu'il faut viser, ce sont ses sources de revenus… une vaste campagne dirigée contre lui sera beaucoup plus efficace »,prône par exemple Jérôme Valluy, enseignant en sociologie à Paris I.Comme d'autres, ils propose de s'en tenir à ce qu'ils ontsolennellement nommé « Charte de bonne de conduite vis-à-vis du journal Le Monde ».

La « Charte de bonne de conduite vis-à-vis du journal Le Monde »

Un texte qui décrit avec minutie les réflexes à adopter pour plomber le quotidien :

« 1) Ne jamais acheter d'exemplaire papier d'une production provenant du quotidien Le Monde ;

2) Se désabonner de tout service payant, papier ou numérique, du quotidien ;

3) En cas de passage sur le site web ne jamais cliquer sur les liens commerciaux ;

4) Se désabonner de sa lettre de diffusion gratuite pour réduire l'argument commercial du nombre d'abonnés à cette lettre ;

5) Eviter de visiter le site web, afinde faire chuter les statistiques de visites dont dépend en partie lavaleur des encarts publicitaires sur le site. »

Une vraie déclaration de guerre.

Au centre du ressentiment de la communautéuniversitaire, la couverture jugée caricaturale de leur mobilisation,une présentation tronquée des enjeux de la réforme, et, pour êtreclair, une ligne proche, très proche, de celle du gouvernement. Les articles de Catherine Rollot, en charge de ces questions au Monde, et qui ne semble en effet pas toujours bien comprendre les motivations des enseignants-chercheurs, sont ainsi disséqués sur la Toile avec ironie.

Le Monde s'agace

Le Monde, qui a eu connaissance decette Charte, avait commencé à amorcer un dialogue avec certainesfigures de proue du mouvement. Et devait donc faire paraître un articlequi relatait le désamour dont il est l'objet dans la communautéuniversitaire. Finalement, l'agacement suscité par ce texte en internea pris le dessus et les détracteurs du journal ne devraient pass'exprimer dans les colonnes du quotidien du soir. Contacté hier, ledirecteur adjoint du journal, Laurent Greilsamer, s'est dit « surpris par cette mise en cause véhémente, ce harcèlement par internet ».Sur le fond, il affirme ne pas être ébranlé par ces attaques et défendun traitement équilibré du mouvement des enseignants-chercheurs. « Nous n'avons pas l'habitude de donner des coups de règle sur les doigts de nos journalistes », prévient-il. « Evidemmentqu'il y a eu des débats et qu'on peut commettre des erreurs, mais il ya quelque chose de comique à nous présenter comme le pire ennemi deslibertés », affirme-t-il. Avant de poursuivre, acerbe : « En tout cas, ce sont des gens qui ont visiblement beaucoup de temps … », persifle-t-il. La réconciliation, c'est sûr, n'est pas pour demain.

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[Faut-il rappeler à ce monsieur Greilsamer que les enseignants-chercheurs sont en grève et ont donc effectivement " beaucoup de temps"]