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Les Ecrivains et leur(s) siècle(s)

Les Ecrivains et leur(s) siècle(s)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : L'équipe de la R.J.C.L.)

La Revue des jeunes chercheurs en Lettres (R.J.C.L.) vient de voir le jour(http://perso.orange.fr/rjcl/index.htm). Mais pourquoi une (autre) revue ? Et une revue électronique, en plus ? Tout simplement parce que d'une rencontre fortuite et inattendue de jeunes chercheurs en littérature est née une réflexion plus pénétrante sur le travail de thèse, mais aussi sur les différents travaux annexes (articles, comptes rendus, recensions, éditions…). Au fur et à mesure des mois, nos réflexions et nos échanges sont devenus plus sérieux, plus profonds, mais malheureusement comme le dit le bel adage : « les paroles s'envolent… ». Alors, le premier défi de notre « petit » groupe fut de faire en sorte que nos « écrits restent». Et c'est par l'enthousiasme de Sébastien Baudoin qu'est né le Forum des jeunes chercheurs bientôt enrichi par la venue d'autres jeunes doctorant(e)s qui n'ont eu de cesse de l'enrichir de leurs idées et de leurs points de vue. Dans les premiers moments, les messages ressemblaient davantage à des échanges cordiaux et amicaux. Mais rapidement les Amis sont devenus des relecteurs pertinents et efficaces, et parfois même des critiques de nos propres essais : la confiance et le partage étaient devenus les moteurs de ce Forum. Une grande émulation a résulté de ces confrontations et de ces concertations plurielles engagées avec franchise par ces jeunes chercheurs d'origines géographiques variées (de La Réunion à Dijon en passant par Paris, Strasbourg et Limoges), de siècles différents (du XVIe au XXIe siècles). Même si certains ont décidé d'investir les domaines de la littérature française et d'autres ceux de la littérature comparée, un point en convergence a émergé progressivement de ces contrastes : notre implication dans la recherche en littérature et notre passion pour les textes littéraires.
Ce forum est donc devenu notre base de données dans laquelle d'autres jeunes chercheurs pouvaient venir puiser des informations utiles et pratiques pour leur travail de doctorat. Chemin faisant, le forum a donné vie, grâce à l'efficacité de Morgane Leray, aux Ressources pour la recherche en littérature, qu'elle remplit et met à jour le plus régulièrement possible.
Bien vite, il nous a semblé nécessaire de passer à un autre projet d'une toute autre ampleur puisque ceux que nous avions mis en mouvement commençaient à trouver leur autonomie et leur rythme de croisière. C'est ainsi qu'a été proposée collégialement l'idée d'une revue littéraire animée par ces mêmes jeunes chercheurs afin de promouvoir une réflexion neuve sur la littérature, sur ses théories et sur ses perspectives au coeur même d'un XXIe siècle naissant.
Après un départ un peu lent, l'idée a mûri et est devenue concrète, car aujourd'hui nous vous proposons la première grande thématique du numéro 1 de la R.J.C.L. : « Les Ecrivains et leur(s) siècle(s). »

De nombreux professeurs, pour la plupart directeurs ou directrices de nos propres recherches, ont salué cette entreprise. Le professeur Luc Fraisse de Strasbourg spécialiste de Proust et de Potocki affirme que « cette entreprise de coordination s'avère très utile et à encourager. » Le professeur Simone Bernard-Griffiths (1), spécialiste d'Edgar Quinet et de George Sand à l'université de Clermont-Ferrand et le professeur émérite Madeleine Bertaud spécialiste de la littérature du XVIIe siècle à l'université de Nancy et présidente de l'ADIREL nous encouragent chaleureusement pour cette nouvelle revue.

(1) : S'est aussi intéressée à la représentation du Moyen Age au XIXe siècle (voir La Fabrique du Moyen Age au XIXe siècle, recueil collectif sous la direction de S. Bernard-Griffiths, P. Glaudes et B. Vibert, Paris, Champion, 2006).



APPEL A COMMUNICATION


"Les Ecrivains et leur(s) siècle(s)"

Tel auteur représente bien son siècle, peut-on encore lire dans certaines histoires littéraires. Mais qu'est-ce qu'être de son siècle ? La catégorisation historique nous amène à classer ensemble et sous une même bannière des auteurs aussi divers que Mme de Staël, Victor Hugo ou Alexandre Dumas, pour ne prendre que le premier dix-neuvième siècle. Et justement, cette expression souligne d'elle-même combien le classement par siècle ne fait qu'en entraîner un autre par périodes intermédiaires, combien il oblige à jouer sur les dates. Ainsi le dix-septième siècle s'arrête-t-il étrangement à la mort de Louis XIV, soit en 1715.
Il convient alors de s'interroger sur le rapport d'une poétique à son temps, mais aussi de revenir sur des catégorisations trop faciles : ainsi le positivisme apparent de Verne se mue rapidement en une satire de l'optimisme d'un Auguste Comte. Et plus que l'allégeance à telle ou telle philosophie, c'est bien la double lecture possible qui fait l'intérêt de son oeuvre et l'inscrit dans le dix-neuvième siècle.
D'autre part, on se plaît souvent à souligner que les grands auteurs (à savoir ceux-là même que l'on considère généralement comme représentatifs de leur siècle) sont originaux, c'est-à-dire en avance sur leur temps, que les limites en sont encore plus floues. Etre de son siècle, n'est-ce pas aussi le marquer, le changer ? Et si l'on a souvent interrogé le concept de modernité, cela a généralement permis de se rendre compte du flou qui entoure cette notion, du moins sa propension inhérente à subir d'incessantes redéfinitions.
Qu'en est-il alors de ces écrivains qui n'ont pas eu l'heureuse idée de naître, publier et mourir durant le même siècle ? Auteurs de l'entre-deux, sont-ils une permanence du siècle précédent, de courageux avant-gardistes, ou incarnent-ils la transition ? A moins que leurs oeuvres ne soulignent justement les limites d'une catégorisation trop précise, qu'au-delà d'une simple question de date, ils n'échappent à toute tentative de classement. Les manuels hésitent bien souvent à les ranger dans tel ou tel siècle. Si Les Entretiens sur la pluralité des mondes est bien une oeuvre du XVIIe siècle, et De l'Origine des fables un texte du XVIIIe, qu'en est-il de leur auteur : Fontenelle est-il un libertin érudit dans la lignée de Gassendi ou un philosophe des Lumières, quoi qu'en dise Voltaire ? Chateaubriand peut-il être lu simplement comme un lecteur de Rousseau ou comme un précurseur du romantisme ? Qu'est-ce qu'être « fin de siècle », lorsque l'on écrit en 1900 ou 1901 à l'instar de Huysmans ou de Jules Verne ?
Nous voudrions, dans ce numéro, revenir sur ce jeu des catégories, explorer leurs limites, montrer qu'être de son siècle, ce n'est pas seulement faire partie d'une école précise ou parler de la société de son temps, c'est s'inscrire différemment dans une intime relation qui inclut certes ce que l'on pourrait nommer avec facilité l'air du temps et une esthétique précise, mais aussi cette jonction dans un instant T de ce qui précède et de ce qui suit. La critique a trop longtemps exploré les sources des auteurs ainsi que leur postérité pour que l'on renferme leurs oeuvres dans un cadre aussi précis. Si l'on a désormais compris que Corneille n'était ni totalement classique, ni complètement baroque, ne peut-on généraliser cette mise en perspective à d'autres auteurs, et notamment à ceux qui se situent au confluent de deux siècles, voire de deux périodes littéraires.
Les propositions sont à envoyer à rjcl2@free.fr avant le 15 septembre 2006. Elles ne devront pas excéder 35 000 caractères (espaces compris) et seront réalisées sous format word.

Responsables du présent numéro:

Laurent Angard (Université de Strasbourg)
Guilhem Armand (Université de la Réunion)
Sébastien Baudoin (Université de Clermont-Ferrand)
Caroline Doudet (Université de Limoges)
Morgane Leray (Université de Dijon)