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Les écritures de la réalité en Europe latine et Amérique latine aux XXe et XXIe siècles

Les écritures de la réalité en Europe latine et Amérique latine aux XXe et XXIe siècles

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Louise Pommeret)

Les doctorants de l’ED 122 de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 proposent une Journée d’étude portant sur « Les écritures de la réalité en Europe latine et Amérique latine aux XXe et XXIe siècles » et lancent un appel à communication à l’attention des chercheurs en littérature, études théâtrales et arts visuels.

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L’intitulé de cette Journée d’étude appelle un double travail de définition portant à fois sur le terme de réalité et sur celui d’écritures

La réalité est à interroger dans ses différentes dimensions, historique, politique et socio-économique. Les aires géographiques et culturelles en jeu impliquent une appréhension différenciée du réel, qui comporte des spécificités dues au passé et à l’identité de ces espaces, mais où l’on peut d’ores et déjà tenter de tracer des lignes de convergences – non exhaustives.

Sur le plan historique, nous nous référons à l’ensemble des événements qui ont marqué l’époque contemporaine et parmi lesquels figurent les guerres mondiales et civiles, les dictatures, le génocide juif, les mouvements de Résistance et de contestation, le terrorisme.

La dimension politique sous-tend de multiples réalités relatives aux changements de modèles politiques, aux processus électoraux, à la corruption, aux connexions entre pouvoir et mafia, mais aussi aux combats plus récents pour les droits civiques.

Le XXe siècle, marqué par de profondes transformations économiques, a connu de véritables mutations sociales et anthropologiques : passage d’une économie majoritairement agricole à une économie industrielle puis tertiaire (impliquant délocalisations et désindustrialisation), conversion des modes de vie, politiques d’urbanisme – définitions de zones périurbaines, banlieues ou périphéries, à définir selon les aires géographiques. Un nouvel ordre économique planétaire s’est dessiné à la fin du XXe siècle avec la globalisation, les flux migratoires, les crises économiques et l’apparition de nouveaux visages de la précarité.

Enfin, le fait divers, quand il acquiert une dimension collective ou symbolique, n’est pas à exclure du champ référentiel, dans la mesure où son exploitation peut contribuer à mettre en lumière des problématiques qui traversent la société, mettant alors en évidence une tension entre le particulier et le général.

 

L’objectif de cette Journée doctorale est de s’interroger sur la manière dont les arts et la littérature peuvent s’emparer de ces réalités, en employant différents supports et à des fins multiples.

Nous parlons d’écritures plurielles, en nous référant à la variété des supports qui s’offrent à la création artistique pour dire ces réalités : littérature, cinéma, théâtre, qui se déclinent eux-mêmes en sous-genres dont les frontières sont souvent labiles, donnant lieu à des formes hybrides. Si différents courants ou genres (néoréalisme, cinéma social, enquêtes historiques, écritures autobiographiques) sont directement liés au récit du réel, d’autres, plus indirectement, essaient de le dire par un biais alternatif, traduisant peut-être l’épuisement des genres traditionnels ou la recherche de nouvelles modalités narratives qui dépassent l’habituelle dichotomie entre réel et fiction (roman graphique, docu-fiction…). Ainsi, en fonction des contextes d’écriture dans les différentes aires culturelles concernées, il faudra interroger la validité de la notion de réalisme, telle qu’elle a été employée dans le passé pour définir l’écriture de l’univers référentiel extérieur.  

Nous chercherons aussi à comprendre les raisons qui poussent les artistes à mettre en récit ou en scène la réalité. Cette question est à relier à l’engagement, au décodage d’un réel parcellaire et déstabilisant, à la volonté de faire parler les silences de l’histoire, ou bien à un contexte favorable au travail mémoriel. L’attention pourra notamment être portée sur le degré d’implication et/ou d’engagement de l’artiste dans les événements restitués, dont il peut avoir fait l’expérience directe ou indirecte, en tant que témoin, acteur ou protagoniste.

Le questionnement sur les écritures de la réalité implique, par ailleurs, une prise en compte des instances narratives et représentatives. L’on s’interrogera alors sur des questions relatives aux effets de distances, ou au contraire à la prise en directe, à l’identité individuelle ou collective du regard, aux formes plus proches du documentaire ou de l’essai argumentatif. On s’intéressera également, enfin, à la valeur métaphorique de certaines expressions littéraires et artistiques, quand elles sont prioritairement vouées au témoignage.

L’interrogation sur les raisons de ce type de discours est indissociable de celle du lectorat, du public, plus largement de la réception. À qui ces œuvres s’adressent-elles ? Comment les artistes et leur public envisagent-ils leurs rôles respectifs ? Nous pourrons ainsi envisager des interventions portant sur les nouveaux canaux de diffusion artistique – le livre numérique – et sur les opportunités économiques que représentent ces écritures de la réalité pour les maisons d’édition ou de production.

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La Journée d’étude se tiendra le 20 juin 2014 à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Les propositions de communication, accompagnées d’une courte notice biobibliographique (3500 signes maximum), sont à envoyer jusqu’au 15 février aux organisatrices, Lucrezia Chinellato et Louise Pommeret, à l’adresse suivante : ecrituresdelarealite@gmail.com. Les communications, qui s’effectueront en français, sont prévues pour une durée de 20 minutes maximum.