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Les écritures de l'Histoire. Revue Postures, numéro 10.

Les écritures de l'Histoire. Revue Postures, numéro 10.

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Amélie Langlois Béliveau)

Les écritures de l'Histoire
Postures numéro 10, à paraître au printemps 2008


Si, comme le dit Jacques Rancière dans Le partage du sensible, « le réel doit être fictionné pour être pensé », il convient de s'interroger sur la posture des écrivains qui tentent de représenter, par le biais d'oeuvres de fiction, une certaine réalité historique. Un modèle plus traditionnel de la représentation de l'Histoire tente de concilier celle-ci avec la fiction en supposant la possibilité d'une saisie univoque des événements. Pensons à Stendhal, par exemple, qui parle du roman comme d'un « miroir promené le long d'un chemin », ou encore, à Zola, pour qui le travail de l'écrivain consiste à transcrire le monde tel qu'il se dévoile aux yeux de son observateur. D'autres écrivains, au contraire, se refusent à l'objectivité du réel, dévoilant à travers diverses modalités du texte (narration, énonciation, etc) le caractère éminemment contingent de la réalité historique. Dans un cas comme dans l'autre s'impose l'évidence d'un rapport problématique entre l'Histoire et ses représentations, rapport qui reflète et rappelle les questions mises en jeu dans les relations qui unissent le couple écriture et réalité.

Le numéro 10 de la revue Postures s'intéresse à ces textes de fiction qui questionnent le rapport que l'écriture entretient avec la représentation historique. Certes, les oeuvres en question peuvent se présenter sous une multitude de formes. Mais qu'il s'agisse de l'autobiographie fictive ou de la « métafiction historiographique », des récits épiques du réalisme socialiste ou des romans fleuves du début du siècle dernier, le problème de l'inscription de l'Histoire au sein du dispositif textuel, du rapport de l'agent historique à l'être parlant est lié de manière définitive au processus de mise en fiction et à l'acte d'écriture. Nous sommes donc à la recherche de textes critiques qui, par le biais d'analyses textuelles précises, déploient une réflexion articulée autour des enjeux spécifiques à l'écriture de l'Histoire. Bien qu'aucune perspective critique ou théorique ne sera privilégiée, voici quelques interrogations qui pourraient être approfondies :

• L'écriture n'est-elle pas toujours assujetie à une certaine médiatisation de l'Histoire par le discours ? Comment prétendre à une juste saisie du passé – ou encore, du présent et de l'avenir – alors que la posture scripturale de l'écrivain est fortement déterminée par sa propre inscription dans les sphères sociales et politiques de son temps ?

• Comment concilier le caractère éminemment concret de l'Histoire, entendue comme ensemble de faits avérés, avec le concept de fiction, entendu comme construction de l'imagination ? Autrement dit, comment articuler la rationnalité fictionnelle et les modes d'explication de la réalité historique et sociale ?

• L'écriture, dans sa linéarité, ne reconduit-elle pas l'idée de progrès, de téléologie propre à une certaine conception de l'Histoire ? Comment certains « artifices littéraires » – on peut penser ici à certaines techniques narratives ou à des modalités d'énonciation particulières – peuvent-ils renforcer ou détruire ces mêmes conceptions de l'Histoire ?

Créée en 1996 afin d'offrir un lieu de publication scientifique aux étudiants de premier et de deuxième cycles en études littéraires, la revue Postures réunit chaque année une dizaine de textes articulés autour d'une problématique d'actualité dans les milieux littéraires et intellectuels. L'appel de textes s'adresse principalement aux étudiants de l'Université du Québec à Montréal, mais une partie du dossier sera réservé aux collaborations spéciales dans le but d'accueillir des auteurs d'autres universités. Les textes proposés, comptant entre 12 et 15 pages à double interligne, doivent être soumis par courrier électronique à Shawn Duriez, à l'adresse suivante : redaction@revuepostures.com, avant le 2 novembre 2007. Les auteurs des textes retenus devront participer à un processus de réécriture guidé par le comité de rédaction. Pour toute information supplémentaire concernant la revue, veuillez contacter Amélie Langlois Béliveau à information@revuepostures.com.