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Les écritures ampliatives : M. Sorre, J. Brunhes et P. Vidal de la Blache (Séminaire

Les écritures ampliatives : M. Sorre, J. Brunhes et P. Vidal de la Blache (Séminaire "Les écritures du géographique", Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Laboratoire Géographie-cités)

Dylan SIMON

Les écritures ampliatives (Max Sorre, Jean Brunhes et Paul Vidal de la Blache)

 

Si l’on a insisté, à bon droit, sur l’importance du terrain en géographie, les pratiques disciplinaires sont essentiellement mixtes et composites – le terrain « ne pourvoyant évidemment pas à la totalité des besoins de l’enquête » (Lefort, 2012). Dès lors, il s’agira d’opérer une focalisation sur la manière dont se construit ce savoir, précisément d’envisager le discours géographique comme un discours lettré, qui « s’alimente au commerce d’autrui, dans des textes où l’écriture et la lecture vont de pair » (Demanze, 2015), qui collecte des informations éparses, compile des connaissances allogènes, annote des textes, commente des citations, etc. En cela, nous souhaitons réinscrire certains auteurs dans une longue tradition qui procède par cumul documentaire et hybridation, tradition où « le fait géographique, en effet, est produit dans la collecte, le rassemblement, l’homogénéisation, l’accumulation des données » (Besse, 2004).

Par écriture ampliative, nous entendrons donc une écriture qui développe et complète ce qui a (précédemment) été dit par d’autres, qui ordonne « un matériau disparate d’informations, selon des modèles intellectuels […] qu’il est légitime de chercher à reconstituer » (Besse, 2015). Notre propos s’attachera principalement à trois géographes qui apparaissent s’être distingués par une telle pratique scripturaire : Max Sorre (1880-1962), Jean Brunhes (1869-1930) et Paul Vidal de la Blache (1845-1918). L’exposé cherchera à circonscrire : les contours de ces écritures érudites (à l’opposé d’écritures plus transparentes) ; les enjeux et significations de celles-ci ; les schèmes de pensée qui les sous-tendent (classification géographique, explication écologique, ambition exhaustiviste, etc.). Mais, il s’agira également de comprendre ces écritures de manière métaphorique, comme des vies ampliatives et, partant, de questionner la vie du géographe comme une vie de lettré, dépendante d’une documentation (avec des pratiques de lecture, de correspondance, de recension, etc.), inhérente à certains lieux (le bureau, la bibliothèque, etc.), autant de conditions à ce type d’écrits.

Si de telles écritures sont révolues (l’injonction étant à la spécialisation), nous esquisserons donc (en conclusion) un bref parallèle avec d’autres écritures, celles des écrivains contemporains reconnus pour leurs récits encyclopédiques (Pierre Bergounioux, Gérard Macé, Olivier Rolin, Pierre Senges) – et ce même si, désormais, l’encyclopédisme littéraire s’inscrit davantage dans des formes érudites et raffinées.

Le séminaire aura lieu le vendredi 30 juin de 9h 30 à 11h 30 (Laboratoire Géographie-cités - 13, rue du four, bibliothèque du 3ème étage, Paris 75 006).