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Les Antigones contemporaines

Les Antigones contemporaines

Publié le par Marielle Macé (Source : Stéphanie URDICIAN)

Centre de Recherche sur les Littératures Modernes et Contemporaines
Avec la collaboration de l'Instituto Cervantes de Paris

Colloque international, 24-25 janvier 2007.

LES ANTIGONES CONTEMPORAINES (de 1945 à nos jours)


« Les Antigones excèdent tout inventaire » avance George Steiner, l'auteur du célèbre essai Les Antigones (Gallimard, 1986, 346 p.). Pourtant, en se lançant dans ce difficile recensement, le critique a pu inventorier plus de deux cents versions du mythe. Face à cette oeuvre magistrale, il nous semble intéressant de revenir, en ce début de XXIe siècle, sur la pléthorique descendance de la figure mythique après 1945. En effet, les créations d'auteurs et les publications critiques ne cessent de fleurir dans une société mondiale où Antigone vient incarner inlassablement la résistance au pouvoir inique et dénoncer les indignités faites à l'homme. Bien évidemment, le retour aux sources permet l'enrôlement de la figure mythique apte à servir tantôt d'alternative tantôt de soutien à l'idéologie dominante. C'est alors la situation sociopolitique qui participe à la structuration du mythe, toujours changeant.

C'est dans les omissions de la lecture partielle de Steiner qui ne prétendait pas à l'exhaustivité comme l'indique l'avertissement initial que s'inscrit cette recherche. Mais c'est également avec l'intention de prolonger et de compléter son admirable panorama que nous souhaitons saisir les variations d'une figure mythique qui s'érige en outil pérenne d'interprétation et de compréhension du monde.


D'une part, les omissions ibériques et ibéro-américaines nous semblent occuper une place importante au sein d'un corpus à redécouvrir, totalement inexploré par George Steiner et cependant, remarquablement fécond. On pense aux Antigones de María Zambrano, José Bergamín, Griselda Gambaro, Helia Correia, Leopoldo Marechal, Luis Rafael Sánchez, etc.

Cependant la place de choix réservée à cette aire géographique et linguistique ne doit pas empêcher d'envisager des mises en miroir avec d'autres littératures (italienne, roumaine, allemande, anglo-américaine). Au contraire, cette ouverture de la perspective est d'autant plus opportune que les Antigones dialoguent entre elles par l'intermédiaire des auteurs (Griselda Gambaro se fait l'écho d'Elsa Morante) ou des critiques (Monica Fiorini de Bologne lit María Zambrano à travers Grete Weil).


D'autre part, une place sera faite aux omissions d'écrivaines. Marguerite Yourcenar, seule auteure recensée pour son « Antigone ou le choix » (Feux, Plon, 1957, p. 75-85), n'a droit qu'à quelques petites lignes. Steiner reconnaît lui-même : « Je n'ai même pas essayé de faire un sort à l'émotivité ni aux polémiques qui s'accrochent à la figure d'Antigone dans les écrits récents du féminisme et du mouvement des femmes' ». Mais le nombre croissant de reconfigurations d'Antigone élaborées par des femmes dans une perspective de redéfinition du féminin et du masculin invite à une lecture critique complémentaire. Françoise Duroux n'a pas attendu pour repenser les différentes étapes de restructuration du mythe en ces termes. Pour l'auteure, qui a animé un séminaire sur Antigone en 1987-1988, ce mythe repose sur son rapport à la loi qui scelle une topographie du féminin, une « 'Loi' qui prononce prioritairement le partage sexuel [...] sous les stipulations de l'incapacité juridique et politique des femmes » (Antigone encore).


Enfin c'est l'énonciation théâtrale qui retiendra particulièrement notre attention. De nombreuses compositions dramatiques sont restées dans l'ombre des grands courants poétiques et philosophiques qui ont exploré la figure mythique (Hegel, Hölderlin, Kierkegaard). Il s'agira donc de les mettre sur le devant de la scène pour lire et voir les portraits saisissants d'Antigone qu'elles offrent tout en interrogeant la structure théâtrale dans son rapport originel au mythe et au rite. Seront les bienvenues les pièces mais aussi les analyses de mises en scène (travail des dramaturges, des metteurs en scène, des acteurs, etc.) qui examineront les nouvelles expressions scéniques d'un mythe issu de la tragédie sophocléenne.


Au cours de ces journées, nous nous proposons donc d'explorer ces trois centres d'intérêt à travers lesquels la figure mythique revisite les dualités fondamentales de l'être humain : féminin et masculin, mythe et histoire, théâtre et monde.

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Ce colloque se tiendra à la Maison des Sciences de l'Homme de l'Université de Clermont-Ferrand les 24 et 25 janvier 2007. Il est organisé par le Centre de Recherche sur les Littératures Modernes et Contemporaines avec la collaboration de l'Institut Cervantes de Paris. Cet Institut présentera en avant-première, le mardi 23 janvier 2007, une table ronde sur « Les Antigone ibériques contemporaines » qui comptera avec la présence de Françoise Duroux, théoricienne, et des écrivaines Hélia Correia, dramaturge portugaise, María Fernanda Santiago Bolaños, scénographe espagnole et, sous réserve, Griselda Gambaro, dramaturge argentine.

Les propositions de communication (titre et une page de résumé) sont à envoyer à Stéphanie Urdician par courriel (s.urdician@free.fr) ou par voie postale à l'adresse ci-dessous avant le 10 juin 2006 :

Stéphanie URDICIAN
Les Grands Pérons
03190 HERISSON
0033 4 70 05 75 19

Langues du colloque : français, espagnol, portugais. Les textes seront traduits pour la publication.

Les organisatrices : Rose DUROUX (CRLMC) Stéphanie URDICIAN (CRLMC)

Maison des Sciences de l'Homme
CRLMC
4 rue Ledru
63057 Clermont-Ferrand cedex 1.
Tél. 04 73 34 68 32
Fax 04 73 34 68 34
courriel crlmc@univ-bpclermont.fr
http://maison-recherche.univ-bpclermont.fr/labos/crlmc.htm