Actualité
Appels à contributions
Les années vingt entre avant-garde et modernité : le romancier et ses doubles. (Séminaire)

Les années vingt entre avant-garde et modernité : le romancier et ses doubles. (Séminaire)

Publié le par Marielle Macé (Source : Emmanuel Rubio)

Les années vingt entre avant-garde et modernité :

 

 

Le romancier et ses doubles

  

 

En suscitant le besoin de témoigner, la guerre a jeté un discrédit sans précédent sur la fiction. Le témoignage connaît d'ailleurs deux pentes bien diverses. D'un côté, le document psychologique, la mise à plat des nouveaux récits fantasmatiques, qui, d'une certaine manière, prolongent, aggravent la subjectivation du roman propre à la « décadence » (Huysmans, Lorrain, Gourmont…). De l'autre, le vécu et l'action comme seuls mots d'ordre ; la « chose vue », la plume directement trempée dans la vie. Là aussi pourtant, le témoignage s'accompagne souvent d'une héroïsation du témoin. La guerre a fait sauter les tours d'ivoire. Il n'est de romancier qu'en perpétuel mouvement : piéton de Paris, bourlingueur, grand reporter…

 

 

Au déclassement de la fiction se mêlent d'ailleurs les transformations que subit alors l'édition. La publicité et la presse littéraires, en plein essor, s'emparent de l'image du romancier. On le photographie, on l'interviewe. Le voici dorénavant flanqué d'un double qui mène une existence indépendante, en quelque sorte, dans ce qu'on appelle aujourd'hui les médias. Il y a un roman de Cocteau comme il y en a un de Colette ou de Delteil… Les romancières en quête de reconnaissance littéraire exploitent à l'envi leur image de sportive ou d'aventurière. On voit, en somme, des types apparaître ou se confirmer, dont chacun pourrait faire l'objet d'une mythologie dans la manière de Barthes : le baroudeur, et c'est Kessel ; le cosmopolite, et c'est Morand…

 

 

Passerait-on définitivement, dans les années vingt, du roman du monde au monde du romancier ? Portrait de romanciers et portrait du romancier vont bien souvent de pair, dans les « romans du romancier » façon Gide, comme dans les romans-confessions d'un Crevel ou d'un Bousquet. Quand l'écrivain ne s'observe pas au miroir, tel le peintre brossant son autoportrait, il se cherche en l'autre dans le roman à clés (Aragon, Drieu) ou dans l'autofiction avant la lettre (Soupault).

 

 

Et pourtant, le portrait du romancier ne fut sans doute jamais si flou, et témoignerait même aisément d'une crise d'identité que révèle, entre autres, son goût du dédoublement. Au sortir d'une guerre qui aura été la négation même de l'individualité, comment saisir, en effet, les âmes muettes et comme évaporées de la mécanique des corps modernes (Paulhan, Hemingway) ou, à l'inverse, les âmes fuyantes, insaisissables à force de multiplicité (des mille moi de Virginia Woolf aux cent mille de Pirandello) ? Perspectives infinies du jeu spéculaire, recompositions anagrammatiques de l'identité et du corps imaginaire de l'écrivain (Joyce, Leiris), dispersions en doubles imaginaires (Grabinoulor, Corsaire Sanglot, Moravagine), promotion – théorique et pratique – du roman dialogué (Bakhtine, Woolf)… L'on mesure, à cette prolifération de scénographies, l'abîme qui s'est creusé entre l'homme balzacien et l'homme moderne révélé par Freud, hanté par une interrogation inquiète sur ce qu'il est.

 

 

C'est ce portrait éclaté où se superposent, à la manière cubiste, bien des points de vue différents – celui du lecteur, celui de l'éditeur, celui de l'écrivain, celui de la presse – qu'on se propose de composer et d'examiner pour mieux comprendre ce moment de fracture des années vingt où trouve son origine notre modernité.

 

 

à ces nouveaux visages du romancier, tels qu'ils apparaissent ou se confirment dans les années vingt, ce séminaire est dédié.

 

 

 

 

 

Ce séminaire, qui se déroulera sur deux ans, est organisé par Myriam Boucharenc et Emmanuel Rubio. Il prend place dans l'équipe « Recherches sur l'avant-garde et la modernité. Études et Travaux sur Cendrars », dirigée par Myriam Boucharenc.

 

 

 

 

Pour l'année 2008-2009, le séminaire aura lieu le vendredi de 16h à 18h Bâtiment L (la salle sera communiquée ultérieurement), aux dates suivantes :

 

 

-          7 novembre

-          5 décembre  

-          23 janvier

-          13 février

-          13 mars

-          29 mai

-          12 juin

 

 Nous serions heureux de recevoir vos propositions de communication qui seront adressées à :

 

  

Myriam Boucharenc                                                                                                  Emmanuel Rubio

 

 

99, boulevard de l'Hôpital – 75013 Paris                                                                       5, rue Paul Féval – 75 018 Paris

 

 

myriam.boucharenc@wanadoo.fr                                                                                  rubio.emmanuel@laposte.net