Édition
Nouvelle parution
L. Spitzer, Anti-Chamberlain. Considérations d’un linguiste sur les « Essais de guerre » de H. St. Chamberlain et l’évaluation de la langue en général. 

L. Spitzer, Anti-Chamberlain. Considérations d’un linguiste sur les « Essais de guerre » de H. St. Chamberlain et l’évaluation de la langue en général.

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jean-Jacques Briu)

Référence bibliographique : Leo Spitzer, Anti-Chamberlain. Considérations d’un linguiste sur les « Essais de guerre » de Houston Steward Chamberlain et l’évaluation de la langue en général, Editions Lambert Lucas, Limoges, collection "La Lexicotèque", 2016. EAN13 : 9782359350579.

 

Leo Spitzer, Anti-Chamberlain. Considérations d’un linguiste sur les « Essais de      guerre » de Houston Steward Chamberlain et l’évaluation de la langue en général. 1918, Leipzig. R. Reisland.

Traduction inédite de l’allemand de Jean-Jacques Briu ;          

présentation  d’Agnès Steukardt,

Editions Lambert-Lucas, Limoges, 2014,

100 p., (15 €)

 

Pendant la Grande Guerre, contre un essayiste brillant, gendre de Richard Wagner et conférencier à la mode, que peut un jeune docteur en linguistique ? Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) s’est fait connaître par la publication, en 1897, de Die Grundlagen des 19. Jahrhunderts, grand succès de librairie, traduit en français en 1913 sous le titre La Genèse du dix-neuvième siècle, qui met en scène l’avènement des Germains dans l’Europe moderne. Dans ses écrits de guerre, il opposera la vigueur de la langue allemande à l’anémie du français, instillant une idéologie raciste en linguistique. Leo Spitzer (1887-1960) entreprend de réfuter les arguments de Chamberlain, et, plus généralement, des nationalistes en matière de langue. Non, la capacité de l’allemand à créer des mots composés n’implique pas nécessairement une supériorité dans l’« expressivité » ; non, l’absence en gotique d’un mot équivalent à Satan ne signifie pas nécessairement l’heureuse innocence des anciens Germains ; non, les nasales de la langue française ne sont pas spécialement disgracieuses, etc. L’Anti-Chamberlain (1918) dévoile les soubassements d’un nationalisme linguistique dont Spitzer, dans Fremdwörterhatz und Fremdvölkerhass (Traque des mots étrangers, haine des peuples étrangers), attaquait la même année une autre forme : le purisme linguistique. L’Allemagne défaite, l’Empire austro-hongrois démantelé, Houston Stewart Chamberlain devient un des maîtres à penser de Hitler et du national-socialisme, tandis que le Juif Leo Spitzer quitte Vienne, puis l’Europe. La traduction d’Anti-Chamberlain par Jean-Jacques Briu et sa présentation par Agnès Steuckardt, après Traque des mots étrangers, haine des peuples étrangers (Limoges, Lambert Lucas, 2013), font découvrir les enjeux idéologiques du combat livré par le jeune linguiste.