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Lecture(s) et création chez Julien Gracq

Lecture(s) et création chez Julien Gracq

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Salah DEGANI)

Université Tunis El Manar

Institut supérieur des sciences humaines (ISSH)

Unité de recherche "Poétique théorique et pratique"

Journée d'études: "Lecture(s) et création littéraire chez Julien Gracq"

Jeudi 18 octobre 2012 

 

La lecture est une pratique cérémoniale (donc, une célébration) fondamentale 

présidant au processus de la création chez Julien Gracq. Le contenu de ses essais montrent parfaitement l’importance des lectures – notamment celles pratiquées à l’enfance et à l’adolescence – dans le processus de la création artistique. Tel est le cas de En lisant en écrivant, dont le titre est d’emblée très suggestif, ou Lettrines (avec ses deux tomes) où l’écrivain raconte comment ses lectures d’enfance (notamment l’exemple de Jules Verne) et d’adolescence (principalement sa « rencontre » avec Stendhal lors de la lecture du Rouge et le Noir à quatorze ans) ont eu des répercussions décisives sur la personnalité de l’homme et sur la naissance et l’orientation littéraires du « futur » écrivain. Et, même dans son fameux pamphlet « La littérature à l’estomac », paru d’abord en 1950 dans la revue Empédocle, Julien Gracq s’insurge principalement contre une certaine pratique de la lecture prônée et pratiquée dans les milieux intellectuels parisiens. 

 

Mais, au-delà (ou en-deçà) des déclarations explicites concernant l’importance de la 

lecture dans les recueils de fragments gracquiens, nous remarquons que, dans ses ouvrages de fiction, la même présence (et la même importance) se manifeste à travers une sorte de « dialogue oblique » – ou « dialogue au second degré » – avec le lecteur. Nous y décelons, en effet, un véritable questionnement, que nous qualifierions d’emblée d’ « obsessionnel », autour du statut de cette opération, de ses enjeux et de ses rapports interactifs aussi bien avec le texte (l’écriture) qu’avec le créateur-lecteur. 

 

Sans prétendre aucunement à l’exhaustivité, il s’agit de soulever ou de rediscuter les 

points suivants : 

 

a/ L’importance, voire la nécessité, de la lecture chez l’Enfant (à partir du cas de 

l’enfant-Gracq tel qu’il est décrit dans les recueils de fragments de cet 

écrivain) pour le développement de sa sensibilité et de sa faculté à interagir 

avec l’imaginaire fictionnel de l’écrivain. 

 

b/ La conception gracquienne de la lecture vs la conception de la lecture adoptée 

par les critiques et les « spécialistes » de la littérature : pour une Poétique de la 

Dans la perspective gracquienne, le créateur-lecteur est l’écrivain avec toutes ses expériences passées (« sédiments » pour reprendre un terme cher à cet agrégé de Géographie) de lecteur. 

 

c/ La lecture gracquienne: lecture "sensible" et intelligente à la fois. L’idéal de la lecture, en tant qu’acte de co-création, chez Julien Gracq : valeurs cognitive, éthique, esthétique ? 

 

d/ Julien Gracq comme lecteur des grandes étapes littéraires du XXème siècle, des 

grands écrivains et poètes du XIXème siècle : il s’agit d’essayer sinon 

d’expliquer, du moins de « relire » ses prises de position : par exemple, son 

admiration face à l’écriture et la figure de Breton, son animosité – presque instinctive ! – à 

l’égard du style et des prises de opinions esthétiques des existentialistes (et à 

leur tête J. -P. Sartre), son refus catégorique des doctrines du Nouveau roman, 

son indifférence et ses réserves face au style de Flaubert, d’une part, et sa 

préférence pour celui de Stendhal, d’autre part, son admiration tintée 

d’appréciations ironiques concernant le style de Zola, sa passion pour la poésie de 

A.-E. Poe, etc. 

 

e/ Le thème « obsessionnel » de la lecture et du déchiffrement des signes dans 

l’oeuvre narrative de Julien Gracq : sa présence dans chaque texte, les 

ressemblances et les dissemblances au niveau du traitement, les rapports de ce 

thème avec d’autres thèmes ou d’autres mécanismes de l’écriture, etc. 

 

f/ Le dialogisme dans l’oeuvre de Julien Gracq : une autre manière de traiter la 

lecture dans les textes fictionnels ; à noter que le rapport dialogique avec les 

autres textes littéraires (et artistiques en général) diffère d’une oeuvre 

fictionnelle à une autre. Il serait donc intéressant d’étudier/d’interroger les 

différentes modalités de ce traitement d’un texte à l’autre (principalement 

selon une taxinomie générique : textes de fiction/recueils de fragments) et 

d’une étape à l’autre ; autrement dit, (le style de) Julien Gracq avant et après 

Un Balcon en forêt), etc. 

 

g/ L’image du lecteur dans le texte gracquien en rapport avec des isotopies 

redondantes comme l’attente, la quête, l’enfantement, la mort, l’initiation au 

changement, le rajeunissement, etc. 

 

h/ Le texte gracquien comme (re)lecture-récriture du Mythe. 

 

i/ L’image obsessionnelle de la Route chez Gracq, dont l’un des investissements 

récurrents serait le chemin/le passage qui mène de la difficulté relative à l'acte de déchiffrer (le caractère hermétique du texte gracquien) à l'acte jubilatoire et euphorique relatif à l'effort d'interpréter le texte; de trouver un sens au texte. 

 

Les propositions de communication sont à envoyer, avant le 30 mai 2012, en fichier joint au format Word à l'adresse courrielle suivante : salah1degani@yahoo.fr 

Elles comporteront des données pratiques (nom, prénom, institution, adresse électronique) et seront accompagnées d’une notice bio-bibliographique.