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Lectures de Mme de Maintenon

Lectures de Mme de Maintenon

Publié le par Marielle Macé (Source : Christine Mongenot)

Colloque international coorganisé par C. Mongenot et M.-E. Plagnol, les 11, 12 et 13 mars 2010 (Paris-Versailles) avec le soutien des Université de Cergy-Pontoise (CRTF-EA 1392), de Paris 12 Val de Marne (EA LIS 4395) et du CELLF de l'Université Paris IV-Sorbonne

 

 

 

 

 

 

Lectures de Mme de Maintenon

 

 

 

 

De Mme de Maintenon, une historiographie longtemps peu complaisante et non exempte de misogynie, a surtout retenu quelques aspects peu flatteurs : influence négative de l'épouse morganatique dans les questions politiques et religieuses, responsabilité dans l'assombrissement de la vie curiale à la fin du règne de Louis XIV, contribution active au recul de la pédagogie innovante d'abord déployée à Saint-Cyr avant ses retombées dans l'ornière des éducations conventuelles plus ordinaires. En 1988, un colloque tenu à Niort et intitulé « Autour de Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon » tentait déjà de réévaluer ces différents rôles, en associant perspectives historiques et littéraires.

Dans la dernière décennie, la dimension éducative de l'oeuvre de Mme de Maintenon a été rigoureusement explorée par de récents travaux historiques (Dominique Picco, Hélène Jacquemin), ou musicologiques (Anne Piéjus). Ceux-ci, largement fondés sur des sources matérielles, utilisent souvent la correspondance ou  les autres écrits de Mme de Maintenon comme des sources secondaires à l'appui de leurs analyses.

Or ce corpus possède son intérêt propre, attesté par une réception très diverse depuis le XVIIIe siècle et pendant tout le XIXe siècle. Pour autant, le vaste ensemble de textes écrits par Mme de Maintenon reste encore largement inexploré à l'exception des textes dialogués qu'elle a conçus pour les Demoiselles de Saint-Cyr (M.E. Plagnol, Christine Mongenot). Il comporte une correspondance de près de 5000 lettres, adressées à des correspondants de toutes catégories,  de très nombreux écrits pédagogiques de différents genres (entretiens, avis, dialogues…).

Quelques facteurs peuvent expliquer ce relatif oubli : le difficile accès à une correspondance jusqu'ici sans édition générale fiable[1], le caractère mineur des textes, le filtre d'une historiographie globalement négative. Il convient pourtant de ne pas se laisser abuser par les effets de coquetterie de Mme de Maintenon lorsqu'elle affirme : «… il n'y a pas beaucoup d'étude dans ce que j'écris, et dans ce que je dis et (…) s'il y a des traits vifs, solides et brillants, on les doit à un beau naturel, qui même a été peu cultivé[2]. ».

Partant de l'hypothèse inverse, le colloque se propose à la fois d'explorer la dimension rhétorique et esthétique de textes qui loin d'être spontanés relèvent au contraire de stratégies discursives précises et maîtrisées.

L'évolution des champs d'analyse en littérature au cours des dernières décennies, l'ouverture de problématiques nouvelles centrées sur les genres dits « mineurs », sur l'esthétique galante, sur les appropriations féminines des modèles rhétoriques et plus largement sur l'histoire des femmes, devraient nous permettre de reconsidérer ce corpus.

 

 

 

Trois axes principaux pourraient retenir l'attention :

 

 

 

- Il s'agirait tout d'abord de considérer les textes écrits par Mme de Maintenon dans une perspective générique. Pourront ainsi être sondés aussi bien le genre épistolaire (lettre amicale, lettre de direction, lettre éducative…) qu'un genre comme l'entretien ou l'avis dans une perspective à la fois diachronique et synchronique.

 

 

 

 

- Un deuxième axe concernerait le développement de certaines topiques (discours de la retraite, theatrum mundi, amitié…) dans cet ensemble de textes, dans une perspective cette fois transgénérique.

 

 

 

Enfin, une part importante de la réflexion sera aussi consacrée à la question de la réception de ces textes dans l'histoire littéraire. Celle-ci est contrastée : les reconstructions littéraires de La Beaumelle au XVIIIe siècle, les propos flatteurs tenus par une émule comme Mme de Genlis, les jugements de Sainte-Beuve au XIXe siècle ou les citations de l'épistolière délivrées dans les très nombreux manuels dédiés à la jeunesse depuis le XVIIIe siècle, permettent de reconstruire en arrière plan les contours d'une histoire des mentalités.

 

Les propositions de communication, 250 mots environ, précédée d'un titre (même provisoire) devront nous parvenir avant le 30 septembre 2009 aux adresses suivantes :

Christine.mongenot@free.fr

plagnol@univ-paris12.fr


[1] Une édition complète de la correspondance active est aujourd'hui en cours aux éditions Champion et devrait, d'ici 2011, donner accès à l'ensemble des lettres écrites par Mme de Maintenon, remédiant ainsi aux infidélités de l'édition La Beaumelle (1756), aux partialités des éditions du XIXe siècle (Théophile Lavallée) et à l'inachèvement comme au caractère lacunaire de l'édition Langlois (1934-39).

[2] Lettre au Duc de Noailles, du 19 juillet  1710, édition Geffroy, vol. II.