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Le théâtre de Kossi Efoui : une poétique du marronnage au pouvoir

Le théâtre de Kossi Efoui : une poétique du marronnage au pouvoir

Publié le par Florian Pennanech (Source : Virginie Soubrier)

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L'Institutde Recherches en Etudes Théâtrales de Paris III-Sorbonne Nouvelle

encollaboration avec la Fondation DAPPER

présente

Le théâtre de KossiEfoui :

une poétique du marronnageau pouvoir

uncolloque international

organisépar le laboratoire SeFeA

12 et 13 février 2010

en partenariat

avec Paris IV, ANETH et AFRICULTURES

Responsabilitéscientifique : Sylvie Chalaye

Coordination scientifique : Sylvie Ngilla, Laurence Barbolosi, Fanny Le Guenet Virginie Soubrier

Comité d'organisation : Lima Fabien, Agathe Bel, Vanessa Boulaire, AxelArthéron, Sylvie Ngilla,

LaurenceBarbolosi, Fanny Le Guen et Virginie Soubrier

Comité scientifique : Romuald Fonkoua (Univ. De Stasbourg), Jean-PierreSarrazac (Paris III), Jean-Pierre Ryngaert (Paris III), Christine Hamon (ParisIII), Denis Guénoun (Paris IV) , Maria Brewer (Minneapolis), Judith Miller(NYU), Catherine Naugrette (Paris III), Amos Fergombé (Univ. D'Artois),Dominique Traoré (Univ. de Cocody / Abidjan), Xavier Garnier (Univ. deVilletaneuse)

Les années 1990 marquent un tournant dans lesécritures d'Afrique noire francophone. Depuis Le Carrefour de KossiEfoui, pièce inaugurale de cette décennie, la création théâtrale s'inscrit dansune « rupture inventive[1] ».Les auteurs de cette génération, « Enfants terribles desindépendances », ont su se défaire des clichés exotiques et des schémasnéo-coloniaux pour élaborer une dramaturgie du contre-pouvoir, de la satirepolitique et sociale et aborder le théâtre comme un marronnage. C'est lepassage du « syndrome Frankenstein » à la naissance d'une génération« alien » qui s'est constituée sa propre dramaturgie, un théâtre de« monstres dramaturgiques qui secouent la société contemporaine»[2].

Cet anniversaire sera l'occasion de réfléchiret d'échanger sur une poétique qui fait du « marronnage » un processus dramaturgique inédit. Kossi Efoui le définit comme lefait d' « avancermasqué » et, dans les situations extrêmes, de parvenir à « dégager un espace de libertéincroyable dans un mouchoir de poche ». Et les masques sont multiples[3]. Lemarronnage est donc cette capacité à jouer des masques pour créer un espaced'expression et de liberté. L'objectif de ce colloque est d'analyser, à partirde la notion de marronnage prise comme concept philosophique, esthétique etpolitique, l'oeuvre dramatique de Kossi Efoui. Il s'organisera autour de 4axes :

1 – La dimension bio-politique dans le théâtre de K. Efoui ouRupture (esthétique, politique, …) et subversion

En 1990, Kossi Efoui a 28ans, il fait partie des jeunes intellectuels togolais qui veulent briser la loidu silence et de la censure. Aux côtés de Kangni Alem et d'autres, Kossi Efoui descenddans la rue pour réclamer la démocratisation du système politique. Aujourd'hui,20 ans après les émeutes de Lomé, son engagement contre les intégrismespolitiques et idéologiques demeure le principal moteur de son oeuvre.

La pièce, Le Carrefour, paru en 1990, représente à la foisla naissance d'une esthétique qui rompt les amarres avec les propositions dethéâtre précédentes, et les débuts d'une poétique du marronnage. Littéralementau CARREFOUR de deux moments de l'histoire théâtrale africaine, l'oeuvre d'Efouiassume l'engagement politique. Il s'agira, dans cette perspective, d'analyserla dimension du politique dans son oeuvre, mais de revenir aussi sur ces 20 ansde théâtre.

2 – La dramaturgie du lieu et de l'espace : palimpseste etmémoire ou L'exil et l'errance identitaire

Le théâtre de K. Efoui estune réinvention constante. Les lieux à la fois repliés sur eux-mêmes et ouvertsà tous les possibles constituent une mise en abîme théâtrale que les processusde réécriture viennent accentuer. Recherche de la vérité, reconstitution d'unemémoire en bribes, le théâtre de K. Efoui joue de la déchirure et dupalimpseste pour ouvrir d'autres horizons, d'autres possibles.

Son oeuvre est la MALAVENTUREd'un chemin d'exil et d'errance identitaire. La question du lieu, de l'espacetant géographique que théâtral, et la relation au voyage à l'exil, à l'histoireet au temps doivent permettre de réfléchir aux notions d'errance et de dérivedramatiques dans ce théâtre.

3 – La problématique de l'affranchi : voyage et interzone ouL'entre-deux et l'abîme

Dans ce théâtre de l'échappée,K. Efoui crée des situations d'exil, d'expulsion où les personnages découvrentl'abîme qui les sépare les uns des autres. En marche vers un avenir meilleur oude retour de leur voyage, les personnages se retrouvent au carrefour de leurspeurs, à la lisière de leurs souvenirs. À la recherche de leurs proches, victimesde rendez-vous manqués, d'une quête identitaire faite de va-et-vient entêtants,ne leur resteraient-ils que le rêve ou la folie pour s'affranchir de cettebrutale réalité ?

La problématique dumarronnage est ici à explorer à travers les notions d'entre-deux et de voyage.C'est l'image de l'interzone, L'ENTRE-DEUX RÊVES, où la mémoire trouée traversel'abîme jusqu'à l'impossible retour, où l'amnésie se fait coma. Il y est aussiquestion de la conscience diasporique, de la mémoire éparpillée.

4 – Dramaturgie du marronnage : un théâtre du volatile ? ouEnvol créateur et métaphysique

L'écriture VOLATILE de K. Efouiporte une réflexion métaphysique qui entrelace la musique, le corps et le textedans une danse avec la mort.

 Théâtre del'instabilité, de la perte de repères, d'une identité tourbillonnante, il y atoujours moyen pour les personnages de dépasser l'enfermement psychologique oul'emprisonnement physique. Les effets d'entre-deux vertigineux sont dépasséspar la qualité volatile de l'écriture, l'envol créateur, et par le blues, lamusicalité. Les dimensions spirituelles et philosophiques des situationsdramaturgiques permettent de s'envoler au-dessus du trou, du vide, du néant,pour s'affranchir de la réalité.

Il s'agira de s'interrogersur les situations et les techniques dramatiques où la suspension et levolatile sont en jeu afin d'examiner le rapport à la mort : le théâtre deK. Efoui sert-il de cérémonie funéraire ? S'agit-il d'un théâtre-monumentum ?

Mercid'adresser vos propositions de communication (titre + résumé de 25 lignesenviron), en précisant dans quel axe vous vous inscrivez,

avant le 15 décembre 2009.

à

s.chalaye@aliceadsl.fr

etcopie à

symiss@hotmail.com

laurence.barbolosi@srf.fr

leguenfanny@voila.fr

virginie.soubrier@orange.fr


[1] Sylvie Chalaye, Afriquenoire : écritures contemporaines, Theâtre/Public 158, Paris, mars-avril2001, p.7.

[2] Sylvie Chalaye, LeSyndrome Frankenstein, Théâtrales, Paris, 2004, p.86.

[3] Ibid., p.35.