GRIHF : Groupe de Recherche Interdisciplinaire Histoire et Fiction (IALH-UCO)
Appel à contribution
Journée d'étude pluridisciplinaire
3 décembre 2009
Le spectre : objet et méthode
Principe emprunté au vocabulaire de la musique contemporaine, le spectre est utilisé par Gérard Grisey (1946-1998) pour expliquer une nouvelle perspective sur la composition musicale, qui n'a pas pour enjeu de partir d'une mélodie mais de l'« harmonie » : la « musique spectrale » se donne pour objet la décomposition acoustique d'un son. La notion est empruntée au vocabulaire de l'optique, et apparaît pour la première fois chez Isaac Newton à la fin du XVIIe siècle (Lettre à Oldenbourg du 6 février 1672) : il observe en effet que la lumière, passant au travers d'un prisme en verre, se diffracte en séquences colorées qui, en fait, correspondent aux composantes électro-magnétiques de la lumière blanche. Il baptise cet éventail multicolore « spectre ».
Pour ses contemporains, le « spectre » désigne l'apparition d'un mort, puis, par extension, un simulacre, une fausse apparence. Le mot latin spectrum traduit le grec eidolos, qui signifie « image, apparence. » Pourquoi Newton choisit-il ce terme ? peut-être parce que ces couleurs sont cachées à l'intérieur d'un corps visible. Il appartient à l'homme de faire apparaître, de susciter le spectre en puissance dans un objet complexe.
Le spectre n'est donc pas seulement à entendre comme une décomposition mais bien comme une exploration de la nature même d'une matière, d'un corps, d'un événement. Séparé, diffracté en ses composantes multiples, l'objet considéré par l'artiste, ou toutes les personnes mises en jeu, peut ainsi être déployé dans le temps et dans l'espace. Ses fragments, ses échos, ses reflets sont comme distribués sur d'autres supports qui seront à leur tour aptes à en porter ou en incarner un aspect. Aussi la notion de spectre peut-elle être utilisée pour décrire des processus de création (picturale, sonore, poétique), le rapport entre des événements et leur diffusion dans le temps, dans l'espace ou dans le corps social, dans l'analyse d'un rite opposé au déroulement linéaire du temps, dans la confrontation entre les temporalités au sein d'une narration, etc.
L'équipe du GRIHF a entamé en septembre 2008 un séminaire portant sur la notion et sur ses applications aux différentes disciplines représentées en son sein, de manière à en évaluer la pertinence méthodologique. La journée ou demi-journée d'étude organisée en décembre prochain a pour but de faire se rejoindre des réflexions liées à différents objets d'étude, et proposer cet outil à toutes les disciplines de l'IRFA. Le projet n'est pas de constituer un embryon de colloque, mais de susciter des questionnements, des discussions, autour de quelques propositions un peu plus formalisées présentées notamment par les membres du GRIHF. La journée sera en priorité ouverte aux étudiants de L3 et de M1 dans le cadre de leur formation en méthodologie de la recherche.
Si les débats le permettent, une publication collective pourra être envisagée dans la collection que l'université prépare, sous la direction de Jean-Pierre Boutinet.
Merci d'envoyer vos suggestions à Laura Naudeix, laura.naudeix@uco.fr
Laura Naudeix, laura.naudeix@uco.fr
GRIHF-IRFA
Université Catholique de l'Ouest,
3 Place André Leroy, BP 808
49008 Angers Cedex 01