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Le singe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Figure de l’art, personnage littéraire & curiosité scientifique

Le singe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Figure de l’art, personnage littéraire & curiosité scientifique

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Florence BOULERIE)

Le singe aux XVIIe et XVIIIe siècles

Figure de l’art, personnage littéraire & curiosité scientifique

 

Colloque international, organisé par Florence BOULERIE, CEREC [Centre de Recherches sur l’Europe Classique (XVIIe et XVIIIe siècles)], EA 4593 CLARE, Université Bordeaux Montaigne, Bordeaux (France), et Katalin BARTHA-KOVÁCS, Université de Szeged (Hongrie)

Dates : jeudi 28 et vendredi 29 mai 2015

Lieu : Bordeaux

 

Le singe figure dans les représentations littéraires et artistiques depuis l’Antiquité, en particulier autour du culte des singes dans l’Égypte ancienne ; on le rencontre fréquemment au Moyen âge, notamment dans la statuaire, illustrant la symbolique chrétienne de l’homme déchu, et il reste familier dans l’imaginaire burlesque de la Renaissance (voir à ce sujet la journée d’étude « Singes et singeries à la Renaissance », Chantilly, 15 mars 2014, organisée par l’Atelier XVIe siècle de l’université Paris-Sorbonne).

Au XVIIe siècle, l’intérêt pour cet animal connaît cependant un essor nouveau : les singes prolifèrent dans les fables et les représentations allégoriques, devenant figures du double trompeur et images satiriques de la vanité humaine. La mode des chinoiseries à la fin du XVIIe siècle vient renforcer la vogue des représentations picturales de singes, avant que le XVIIIe siècle ne s’enthousiasme pour les singeries… et les singes, animaux de compagnie fort prisés au milieu du siècle.

Allégorie de l’artiste (peintre, écrivain, acteur), le singe interroge aussi sur l’humain d’un point de vue religieux, moral et philosophique. Les naturalistes l’observent, le dessinent ; l’on découvre de nouvelles espèces au gré des explorations géographiques, de sorte que la limite entre l’homme et le singe est parfois bien près de chanceler.

Notre colloque entend éclairer les multiples aspects du singe dans la culture européenne des XVIIe et XVIIIe siècles : la mode picturale des « singeries », à son apogée vers 1740, doit être replacée dans un contexte artistique (l’héritage des peintres flamands), littéraire (la tradition de la fable concurrencée par les nouveaux visages du singe littéraire) et anthropologique (les interrogations sur l’homme et les espèces).

Si notre point de départ sera l’utilisation allégorique du singe dans la peinture, allant du simple effet comique à la satire chargée de sens réflexif, notre démarche nous entraînera du côté de la littérature et notamment de la fable, source de nombreuses illustrations (peinture, sculpture).

Toutefois, le singe n’apparaît pas seulement dans le bestiaire fabuleux : il est également un personnage de récits (nouvelles, romans), rarement au premier plan, mais dont la présence influe parfois fortement sur le cours de l’intrigue. Il arrive aussi qu’on le retrouve sur la scène de théâtre.

Plus souvent encore, et notamment après 1760 et les publications de Linné et Buffon sur les orangs-outangs, le singe entre dans le roman sous un nouveau jour : débarrassé de son caractère burlesque ou de sa signification allégorique, il provoque le trouble (y compris érotique) chez les personnages humains qui lui sont confrontés.

Homme ou bête, semblable ou autre, le singe amène à réfléchir sur la définition de l’humain. La philosophie ne peut dès lors plus ignorer ce « double » de l’homme et les essais se multiplient sur le sujet. Le singe oblige à mieux cerner l’âme et l’esprit, mais aussi à étudier les processus d’apprentissage. La curiosité amusée pour les singes, animaux familiers, est concurrencée par un intérêt scientifique : la connaissance des singes se vulgarise grâce aux encyclopédies naturalistes. Les dessinateurs des ménageries s’emparent du sujet, le portant parfois jusqu’à la frontière de la physiognomonie.

Tout en cherchant à dégager une périodisation de la présence du singe dans la culture européenne des XVIIe-XVIIIe siècle (peut-on dégager des dominantes selon les périodes ?), nous insisterons sur les questions suivantes : quels singes ? quels type de discours tient-on sur le singe ? quels mode de représentation des singes privilégie-t-on ? qui parle des singes ? quelles actions attribue-t-on aux singes ? quelle place réserve-t-on au singe, animal vivant, dans l’ordre social ?

Axes du colloque :

Valeur esthétique et symbolique du singe

  • Le singe allégorique : thématique de l’imitation et de la copie, l’homme imitateur ou usurpateur, le singe peintre, le singe écrivain… ; le singe dans l’allégorie des cinq sens
  • Le singe parodique : le burlesque, la satire, le comique, le rire
  • Le singe décoratif : figure ingénieuse des arts décoratifs ; le corps du singe dans les arabesques et les formes « rococo »

Dimension philosophique

  • La nature humaine mise en question (question philosophique et religieuse)
  • L’âme et l’esprit du singe : apprentissages, pensée, conscience
  • Le singe dans l’échelle des êtres : la forme du singe comme signe extérieur de sa place (théorie physiognomonique)

Aspects anthropologiques :

  • Connaissance scientifique du singe : le travail des naturalistes, la notion de « primates »
  • Le singe dans la société : jardins zoologiques, animal de compagnie
  • Le singe érotique : imaginaire du singe violeur et zoophilie

Aire géographique étudiée : Europe des XVIIe et XVIIIe siècles

Disciplines de recherche : littérature, arts, philosophie, histoire, histoire de l’art, histoire des sciences, anthropologie

Langue du colloque : Français

Comité d’organisation : Florence BOULERIE, EA 4593 CLARE, université Bordeaux Montaigne, Bordeaux (France); Katalin BARTHA-KOVÁCS, université de Szeged (Hongrie)

Comité scientifique : Thierry BELLEGUIC (université Laval, Québec), Jacques BERCHTOLD (université Paris-Sorbonne/ fondation Bodmer, Genève), Gábor BOROS (université de Budapest), Yves CITTON (université Stendhal, Grenoble), Myriam TSIMBIDY (université Bordeaux Montaigne)

Calendrier : Les propositions de communication (titre et une vingtaine de lignes de présentation, ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique concernant l’auteur de la proposition) seront envoyées au comité d’organisation avant le 15 juin 2014, sous la forme d’un fichier Word attaché, à l’adresse suivante : colloquesinge@gmail.com

Sous réserve de la disponibilité des crédits, le comité d’organisation prendra en charge 2 nuits d’hôtel et 3 repas pendant la durée du colloque. Les frais de transport seront à la charge des participants ou de leurs institutions de rattachement.

Informations en ligne : http://clare.u-bordeaux3.fr/index.php/colloques-manifestations/appels-a-contribution/237-2015-28-29-mai-le-singe-aux-xviie-et-xviiie-siecles-colloque-international-cerec