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Appels à contributions
Le signe poétique en dispersion

Le signe poétique en dispersion

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Yagué VAHI)

Appel à contribution pour un ouvrage collectif sur le sujet ci-dessous :

« LE SIGNE POÉTIQUE EN DISPERSION »

« La poésie est une sorte de langage » dit Ramson cité par Roman Jackobson dans ses Essais de linguistique Générale. L’acte de communication linguistique suppose le défrichement de signes – substitut, trace d’un code, instrument de structuration de l’univers – reçus du locuteur ; de même la poésie opératrice de signes "abstraits" est un réceptacle de sens à profusion qu’il faut découvrir.

Qu’est-ce que le signe poétique du point de vue de sa nature, de sa valeur et son fonctionnement dans l’ossature "poémique" ? Par quels indices la dispersion – la dissipation, l’émiettement – du signe poétique se constate-t-elle au travers de l’architectonie apparente du texte poétique (typographie, disposition morphosyntaxique, artifice formel…) ? Cet état de "liberté" du signe poétique ne laisse-t-il pas le soupçon d’une désagrégation sémantique à répétition, débouchant finalement sur une sorte de confusion ou d’absence de sens du texte poétique ?

En d’autres termes, la dispersion du signe poétique ne participe-t-il pas symboliquement de l’épiphanie de la poésie de l’informe – absence de forme – et/ou de l’ "a-forme" – haine de la forme – donc sémanticide ? D’où viendrait finalement l’idée que le signe poétique possède un sens qu’il faut aller chercher dès lors que celui-ci constitue, en apparence, la carence même de tout sens par sa dissémination ?

La conception du signe poétique comme acte poétique de dislocation de l’équilibre trilogique (signifiant – signifié – référent) ne reprend-elle pas simplement l’option traditionnelle de la poésie comme jeu subtil ? Si la dispersion du signe indique, en effet, une intention de modernité, de rupture d’avec la tradition, cette intention est-elle forcément satisfaite ? La tradition ne finit-elle pas par toujours triompher d’une forme censée la contester ? Bref ! autant d’interrogations à disséquer.

En somme, dans un poème, le vers ne prend son assise réelle que dans et par les signes. La tonicité, la vitalité de ceux-ci – les signes – nourrit l’imagination créatrice dans un dynamisme "aérien" ou mouvement qui confirme l’idée selon laquelle « Un vrai poète […] veut que l’imagination soit un voyage » ; (Bachelard, Gaston, L’air et les songes, p.8) c’est-à-dire une action imaginaire dans laquelle les signes tout en se disloquant se déplacent, se transportent et participent à la productivité du texte poétique.

Les contributions attendues doivent décrypter la dissémination, l’éparpillement des signes ; lesquels signes vacillent, suivent une certaine variabilité, une fluidité dans le discours poétique. La lecture plurielle qui s’y dégagera s’opérera par le biais d’une interface ; en d’autres termes, une ligne de communication de signes d’une œuvre à une autre ou à l’intérieur d’une même œuvre.

Dans cette perspective, l’idée d’un signe au repos, d’un signe statique synonyme de "sublimation dialectique" ou d’un à-côté du texte poétique doit disparaître pour donner naissance à une "sublimation discursive" ou la recherche d’un au-delà du texte poétique dans lequel les signes dissipés, émiettés s’élancent vers une vie nouvelle dans le tourbillon d’un mouvement incessant qui revient à imaginer des mondes possibles ; une explosion du signe qui fleurit, se propage et « prend l’allure d’un voyage au pays de l’infini » (Bachelard, Gaston, L’air et les songes, p.11).

Trois axes sont proposés aux contributeurs :

Axe 1         :        Dispersion et déplacement du signe. (Pour dire que le signe glisse d’un sens à l’autre comme c’est le cas, par       exemple, de la métaphore et la métonymie).

Axe 2         :        Dispersion et distorsion du signe. (La distorsion est synonyme d’ambiguïté ou non-sens et le signe ainsi conçuse déploie sur la chaîne discursive et se soumet volontiers à un mouvement ininterrompu).

Axe 3         :        Dispersion et création de sens. (La création de sens renvoie à la présence de plusieurs éléments linguistiques       qui n’ont aucun sens mais qui regroupés font sens (rythme, rime, allitération, assonance, anaphore…). Les signes linguistiques précités disséminés dans le texte poétique s’unifient sémantiquement et par conséquent,        signifient.

MODALITÉS DE SOUMISSION

Les articles écrits en français (40.000 signes maximum) doivent être envoyés en version Word aux adresses mail ci-dessous au plus tard 30 Septembre 2015.

Porteur du projet : M. Yagué VAHI

                          Maître de Conférences

                          Université Félix Houphouet-Boigny

                          Abidjan, Côte d’Ivoire

                          Courriel : youlavahi@yahoo.fr