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Le sens de l'animal / Pourquoi l'animal ?

Le sens de l'animal / Pourquoi l'animal ?

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Jean-Paul Engelibert)

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LE SENS DE L'ANIMAL

JOURNEES D'ETUDES

Mardi2 février 2010 à 20h30 : conférence à l'Espace Mendès France.

Mercredi3 février 2010 : journée d'études à l'Espace Mendès France

Lejeudi 4 février et le vendredi 5 février 2010 : journées d'études à la Maisondes sciences de l'homme de l'université de Poitiers.

Jeudi 4 février 2010 à 20h30 : conférence àl'Espace Mendès France.

Mardi 2février 2010

20h30

L'historienface à l'animal : les procès d'animaux

MichelPastoureau, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études

Mardi 3Février 2010

De 9h à 18H30

Ducomportement animal à l'éthique

Cettejournée est organisée par l'Espace Mendès avec le soutien et le partenariat duservice culturel de l'université de Poitiers dans le cadre de la programmation« à chacun son animal », sous la responsabilité scientifique deGeorges Chapouthier, directeur de recherches au CNRS.

La science et la morale sont deux centresd'intérêt de l'espèce humaine, que, dans son appréhension de l'animal, notreespèce a souvent mêlés. Le prodigieux développement moderne des connaissancessur le comportement animal (l'éthologie) et les interrogations modernes à leurpropos (la question des droits de l'animal) amènent à considérer sous un anglenouveau cette importante question. Lors de cette journée, des éthologistes etdes philosophes de l'animalité, parmi les plus éminents de notre pays,débattront de sujets aussi divers que les ressemblances entre l'homme et lesanimaux, primates mais aussi perroquets, les divers courants de l'éthiqueanimale et ses applications à l'élevage, au vécu de la souffrance, aux parentésou aux divergences avec les éthiques de l'environnement. L'ensemble permettrade conclure sur des réponses humaines aux grandes questions animales.

GeorgesChapouthier, directeur de recherches au CNRS.

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9hAccueil,

DidierMoreau, directeur général de l'Espace Mendès France.

GeorgesChapouthier, directeur de recherches au CNRS.

IsabelleLamothe, chargée de mission, service culturel, Université de Poitiers.

9h15-10h15

 Enmorale, sommes-nous des philosophes ou des chimpanzés ? 

GeorgesChapouthier, directeur de recherches au CNRS.

La morale et l'esthétiquesont deux domaines dont l'espèce humaine est fière. Mais est-elle la seuleà y accéder ? Existe-t-il, chez ses proches parents, chimpanzés notamment, des"protocultures" menant à des "protomorales " et à des"proto-esthétiques" ?  Et quand l'homme effectue des choixmoraux ou esthétiques, le fait-il plutôt comme un philosophe, plutôt comme unsinge... ou comme les deux à la fois ? Ces questions posent finalement celle,fondamentale, de l'éventuelle  spécificité culturelle de l'êtrehumain.

10h15-10h30, débats

10h30-11h

De la domestication desprimates

Chris Herzfeld, doctorante aucentre Koyré (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales & MuséumNational d'Histoire Naturelle, Paris), en philosophie et histoire des sciences(Primatologie et relations entre humains et grands singes).

Lorsqu'ils vivent en étroite proximité avec les humains, les grandssinges (bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outans) s'approprient certainesde leurs habitudes et compétences techniques ou cognitives, ainsi quedifférents savoir-faire. Divers dispositifs (zoos, laboratoires d'apprentissagede langage symbolique humain aux anthropoïdes, familles ayant adopté des jeunesprimates) favorisent cette transmission interspécifique qui fait entrer lessinges dans les mondes humains et leur permettent de manifester des qualitésinattendues de la part d'êtres relégués du côté de l'animalité dans la grandepartition entre humains et animaux. Ces individus, convertis à nos modes de vieà différents degrés, nous obligent à poser de manière plus aiguë la question denos responsabilités vis-à-vis des grands singes.

11h-11h15, débats

11h15-11h30, Pause

11h30-12h

Les progrès de la connaissance en cognition animale: l'hypothèse du cerveau social

Dalila Bovet, maître deconférences, université Paris Ouest Nanterre-La Défense.

Les recherchesrécentes en cognition animale portent sur des espèces plus variées ets'inspirent davantage des problèmes rencontrés par les animaux dans leur milieunaturel que les études traditionnelles. Ainsi, certains chercheurs suggèrentque ce serait en réponse à la complexité de leur environnement social que lesprocessus cognitifs se seraient particulièrement développés chez les primates.Cette hypothèse, dite hypothèse du cerveau social, a suscité de très nombreusesrecherches sur les primates qui ont montré l'étendue et la complexité de lacognition de ces animaux. Cependant, les primates n'ont le monopole ni de lavie sociale, ni de l'intelligence. L'hypothèse du cerveau social pourrait doncs'appliquer à d'autres mammifères tels que les hyènes ou les dauphins, maisaussi à certains oiseaux qui vivent en groupes sociaux dans lesquels ilsentretiennent des réseaux de relations complexes et diversifiées : desexpériences récentes ont montré chez les perroquets et les corvidés (oiseauxappartenant à la famille des corbeaux) des capacités cognitives évoluées quel'on croyait jusque-là réservées aux primates.

12h-12h15, débats

12h15-12h45

Les éleveurs et leurs animaux

 Jocelyne Porcher, chargéede recherches à l'INRA-SAD (Sciences pour l'Action et le Développement)

La relation affective et amicaleentre éleveurs et animaux a été jusqu'à très récemment occultée ou renvoyée àde la sensiblerie et du sentimentalisme. Le processus d'industrialisation del'élevage et le développement des productions animales a en effet davantagevalorisé la recherche du profit à court terme, l'individualisme et la virilitéque la sensibilité. Mais les productions animales n'ont pas encore complètementphagocyté l'élevage. De nombreux éleveurs résistent et témoignent de larichesse du lien avec leurs animaux. Les animaux d'élevage ne sont pas si bêteset entre eux et leurs éleveurs se tisse au quotidien une relation complexereposant sur le respect, la confiance, l'intelligence mais aussi sur lacontrainte. Mais le travail en élevage est réalisé avec les animaux etnon contre eux. Il est porté par une démarche émancipatrice, pour les êtreshumains comme pour les animaux, même si la mort des animaux souligne lecaractère asymétrique de la relation. Face au processus d'industrialisation quiconduit à une artificialisation de notre alimentation et nos rapports au mondevivant, l'élevage est une irremplaçable école de vie.

12h45-13h, débats

14h30-15h15

Les principaux courants enéthique animale

Jean-BaptisteJeangène Vilmer , Philosophe, juriste, chercheur au Centre de recherchespolitiques Raymond Aron , Ecole des hautes études en sciences sociales.

L'éthique animale est l'étude de la responsabilité morale des hommes à l'égard des animaux. Après avoir rappelé brièvement l'origine et l'évolution de ce domaine de recherche en plein essor, ainsi que les concepts sur lesquels il se base (antispécisme, bien-être animal ou droits des animaux, la notion de souffrance animale), nous présenterons les différents courants actuellement à l'oeuvre dans l'éthique animale contemporaine : l'utilitarisme, l'abolitionnisme et la théorie des droits, l'intuitionnisme,l'éthique du care, les approches religieuses, scientifiques, environnementales, féministes, pragmatiques, politiques, l'approche par les capacités et, enfin, l'approche par le discours. Le but de cette présentation est à la fois de dresser le tableau des débats actuels sur le statut moral de l'animal et d'évaluer les pistes les plus prometteuses.

15h15-15h30,débats

15h30-16h15

Ethiqueenvironnementale et éthique animale

 Catherine Larrère,professeur à l'université Paris I , Paris Sorbonne et Raphaël Larrèredirecteur de recherche, unité INRA - Transformation Sociales et Politiques liésau Vivant , co-directeur de la collection Sciences en question del'INRA:

Il s'agira de montrer que les éthiques environnementales et les éthiquesanimales se croisent sans se rencontrer même lorsqu'elles relèvent des mêmesthéories morales. Les utilitaristes comme Norton ont des points de vue biendifférents concernant les animaux sauvages que Singer. Holmes Rolston,pourtant théoriquement proche de Tom Reagan, est un carnivore virulent ; et lesécoféministes ne suivent pas  les promotrices d'une éthique du care enversles animaux  qui font du végétarisme une condition sine qua non de touteéthique animale. Il est vrai que les éthiques holistiques - oucommunautariennes - (par exemple Leopold, ou Callicott d'un côté et du côtéethique animale Mary Midgley ou Catherine et moi ou encore JocelynePorcher)  coexistent mieux, mais en s'étant partagé leur domaine: àl'éthique environnementale (écocentrée)  les animaux sauvages et àl'éthique animale les animaux domestiques.  L'idée serait de montrer cesproximités (et parfois ces filiations) théoriques et ces divergences (ou cesévitements) pratiques et de les interpréter.

16h15- 16h30, débats

16h30-16h45, pause

16h45-17h15

Autour de la souffrance animale

Florence Burgat : Directeur derecherche en philosophie (Inra/université de Paris I)

Florence Burgat examinera la manière dont la souffrance animale est à lafois reconnue et
déniée, essentiellement dans le discours philosophique et dans le droit positiffrançais.

17h15 / 17h30 débats

17h15-18h15

Conférence de clôture :Réponses humaines et questions  animales

Elisabeth de Fontenay :Enseignante honoraire de philosophie à l'université de Paris I, Quelquesconclusions philosophiques.

ESPACE MENDES FRANCE – 1, placede la Cathédrale

86000 POITIERS 05 49 50 33 00-ENTREE LIBRE Contact anne.bonnefoy@emf.ccsti.eu


Pourquoi l'animal ?

Jeudi 4 février 2010 et vendredi 5 février 2010

à la MSHS, université de Poitiers

DE 9H A 18H

Commentexpliquer la présence de la question de l'animal dans la littérature et lesdébats d'idées contemporains ? Romanciers et philosophes, en interrogeantles zones d'incertitude à la frontière entre l'animal et l'humain, en réfléchissantà la transformation du regard imposée par la présence animale, travaillent àune remise en cause des catégories établies. S'ouvre alors une série depossibilités théoriques, parmi lesquelles : la déconstruction desphilosophies du propre de l'homme, l'interrogation sur le pouvoir de la fictioncomme modèle de connaissance, le renouvellement d'une pensée et d'une écriturede la pitié.

Lucie Campos,ATER, université de Toulouse II ; Catherine Coquio , professeur delittérature comparée, université de Poitiers, Jean.-Paul Engélibert professeurde littérature comparée, université Bordeaux 3 .

Ces journéesd'études sont organisées par le laboratoire Forell B3 , université dePoitiers et le laboratoire Telem, université  de Bordeaux 3 en partenariatavec l'Action culturelle de l'université de Poitiers , la Maison des sciencesde l'homme et de la société , université de Poitiers et l'Espace Mendès France,Centre de culture scientifique technique et industrielle en Poitou-Charentes.

Ces journéessont inscrites dans le cadre de la programmation « A chacun sonanimal » organisée par l'Action Culturelle de l'université de Poitiers.

Les journéesdu jeudi 4 février 2010 et du vendredi 5 février 2010 auront lieu à la Maisondes sciences de l'homme (salle Mélusine), université de Poitiers.

La conférencede Jean-Christophe Bailly aura lieu à l'Espace Mendès France le jeudi 4 févrierà 20h30.

ENTREE LIBRE

MSHS de l'université de Poitiers

99, avenue du Recteur Pineau

86000 Poitiers

05 49 45 46 00

http://www.mshs.univ-poitiers.fr/mshs/index.php

86000 Poitiers

Jeudi 4 février 2010

9 h,Accueil des participants

Président deséance : Dominique Moncond'huy, doyen de l'UFR lettres et langues,université de

Poitiers.

9h30 / Conférence d'ouverture : Ecrirel'esquive : l'animal comme être de fuite

Anne Simon,CNRS-Unité « Ecritures de la modernité »

MobyDick, si tant est qu'on accepte de voir en ce dernier non pas seulement uneallégorie du mal, de la passion ou de l'inconscient, mais aussi et surtout uncachalot, se définit avant tout par sa fuite devant l'homme. S'initie sur ceplan une littérature où il s'agit moins de représenter des animaux qued'évoquer leur échappée – y compris dans l'ultime et fatale rencontre –,au sein du réel comme pour l'intellect. Par quels procédés stylistiques desécrivains tels que Jean-Christophe Bailly, Jean-Pierre Otte, Marie Darrieussecqou Jacques Lacarrière parviennent-ils à rendre compte de ce rapport tangentielet furtif entre hommes et bêtes ? , tel sera l'objet de cettecommunication. 

10h15-10h30, PAUSE

10h30 / Entre image, affect et pensée :l'animal et ses reflets

Lucie Campos,ATER, Université de Toulouse II.

Les figures animales qui traversent la littératurecontemporaine perturbent à la fois l'ordre du visible, quand ils se présententcomme une apparition fugitive ou une présence imposant la transformation duregard, l'ordre de l'affect, quand il est question de représenter leursouffrance, et l'ordre du pensable, quand ils sont associés à une interrogationsur les zones d'incertitude aux frontières de l'humain. Dans les oeuvres de J.M.Coetzee et W.G. Sebald, qui traitent les différentes questions de manièreconcomitante, ce triple effet de seuil permet la mise en place d'un travailpoético- philosophique complexe, emblématique de la place que peut prendre lafigure de l'animal dans un renouvellement contemporain de l'écriture de laviolence historique et de l'inhumain. On verra que ce travail est caractérisé àla fois par un questionnement sur l'écriture de la compassion et de la pitié,par une réflexion sur un certain répertoire disponible de reflets littéraireset philosophiques de l'animal (Rilke, Hofmannsthal ou Kafka), et par uneinterrogation sur le pouvoir de la fiction comme modèle de connaissance.

11h15  /L'homme et l'animal au XIXe siècle et au début du XXe : l'épreuve dusemblable

Carine Trévisan, maître de conférences delittérature française, université Paris 7.

Jeproposerai ici une réflexion sur la façon dont a pu être perçu l'animal au XIXesiècle et les troubles produits par la nouvelle familiarité entre l'homme etl'animal qu'explorent les théories de Darwin. L'animal est désormais ce quinous fonde (un parent proche, un ancêtre) et ce dont on doit s'arracher pourdevenir vraiment homme. La découverte de la parenté avec l'animal s'accompagneen effet d'un souci de s'en différencier (ce que Freud nommerait le« narcissisme des petites différences », peut-être), d'une hantised'un retour de l'homme à l'état animal ou d'un retour de l'animal dans l'homme,retour qui prend une dimension de cauchemar avec les théories de ladégénérescence. Non plus simple source d'un imaginaire culturel (comme dans lamythologie, la fable, les croyances, les dictons), l'animal devient celui aveclequel se conclut comme une nouvelle alliance.

Président deséance : Anne Simon

14h  / L'animalkafkaïen : un glissement interprétatif

Natália Laranjinha, New York University.

Lesanimaux, qu'ils soient réels, hybrides ou fantastiques traversent l'oeuvre deKafka. L'écrivain met en relief l'existence d'un continuum entre homme etanimal. L'homme peut devenir animal par un processus de zoomorphisme (« LaMétamorphose ») ou encore par assimilation (“Un artiste de lafaim”) ; toutefois la transformation inverse – l'animal qui devient homme-, est également possible (« Communication à une académie »). Parailleurs, la présence récurrente de l'animal dans les textes de Kafka peut êtreconsidérée comme une stratégie d'écriture qui lui permet de rendre leurdéchiffrement sibyllin. Deleuze soutient qu'interpréter l'oeuvre de Kafka,c'est autoriser l'irruption  de « l'ennemi » ; De fait,l'écriture de Kafka se bâtit contre l'interprétation. L'axe central de notreréflexion portera sur les difficultés, les illusions ou les faux-semblantsqu'introduit cette présence desanimaux pour appréhender du ou des sens dans l'oeuvre de Kafka..

14h45 / Fraterniser.Hommes et bêtes en guerre dans l'oeuvre de Mario Rigoni Stern

Jean-PaulEngélibert, professeur de littérature comparée, Université Bordeaux 3.

MarioRigoni Stern, grand écrivain de la guerre, a beaucoup écrit sur les animaux.Dès son premier roman, Le Sergent dans la neige, consacré à la retraitedes troupes italiennes devant l'Armée rouge dans l'hiver russe, les animauxsont présents au milieu de la guerre. Dans des livres plus tardifs, Hommes,bois, abeilles et Le Livre des animaux, où sont rassemblées desanecdotes sur le partage sensible entre hommes et bêtes – la vie des bois,l'entretien des ruches, la chasse – la guerre revient comme milieu et révèlel'enjeu de cette écriture : fraterniser. La guerre – des hommes entre eux,des hommes contre les bêtes – comme condition insurmontée et peut-êtreinsurmontable, suscite l'invention d'une humanité allant « au-delàdu respect que les animaux de la forêt ont les uns pour les autres ». D'oùde multiples scènes de fraternisation entre hommes et animaux : instantsd' « harmonie », écrit Rigoni Stern, et non d'« armistice », quand dans la guerre s'improvise, de la manière laplus improbable, la plus surprenante, un absolu commun.

15h30-15h45 , PAUSE

15h45 / Mémoires d'outre- animal. Sur quelques écriturescontemporaines de l'insupportable

Isabelle Poulin, professeur de littératurecomparée, université Bordeaux 3.

Ils'agira d'interroger le choix du point de vue de l'animal, à partir d'un corpusde textes contemporains, susceptible d'être élargi, appartenant à des espacespolitiquement confinés (ex Europe de l'Est, Amérique latine) — les trois textesmatrices étant L'Ermite et Sixdoigts, de Viktor Pelevine (Russie, 1997),Le Vieux qui lisait des romans d'amour, de Luís Sepúlveda (Chili, 1993),« Les états d'âme d'un cochon lejour de Noël », de Guéorgui Gospodinov (Bulgarie, 2001). Des animauxdomestiques (poulets, cochon) dont se régalent les hommes, ou des animaux sauvages(ocelots) qui se régalent des hommes, prêtent leurs voix et leur regard à desrécits sans perspectives. L'inadéquation fondamentale qui les porte prendd'abord la forme de l'humour, puis s'impose ce qu'on est tenté d'appeler uneforme « animale » : un récit sans mémoire, au-delà ou en deçà dela mémoire, inhumain. On étudiera quelques-uns de ses rouagesmajeurs : sidération, aveuglement (le point de vue animal s'attache ici àdes corps qui n'y voient rien) et empâtement (plutôt qu'empathie).

16h30  / L'humour ou la gravité

CatherineCoquio, professeur de littérature comparée, université de Poitiers

J'interrogerailes thèmes de l'animal impensé et de la pensée animale comme enjeu decivilisation ou promesse faite à l'humanité, c'est-à-dire comme mythe épistémologiqueà l'oeuvre dans la pensée contemporaine : un mythe fascinant car nourrid'oeuvres à la fois  scientifiques, littéraires et philosophiques, ettravaillé par la double relation frontalière entre humain et animal, humainet inhumain. Je tenterai de déplacer l'opposition qui s'y dessineentre poésie et philosophie (le plus clairement chez Coetzee) en mettant àl'essai l'autre alternative, toute relative qu'elle soit, de la gravité oude l'humour - celui-ci ayant longtemps accompagné  l'usage occidentalde la figure animale : je chercherai à interpréter l'humour particulier quis'exprime à la fois chez certains philosophes (Agamben) et certains écrivains(Kafka, J. Riel, A. Paasilinna), et aussi ce que signifie, ici,la perte de l'humour. 

JEUDI 4FEVRIER A 20H30 A L'ESPACE MENDES FRANCE

1 PLACE DE LA CATHEDRALE 86000 POITIERS

05 49 50 33 00

ENTREE LIBRE

Les animauxsont des maîtres silencieux

Conférence deJean-Christophe Bailly, écrivain.

Ilest d'usage d'accabler l'époque au motif qu'elle serait soumise à la tyranniedes images. Or c'est peut-être la masse des discours – l'universelle cacophonieredondante – qui accablerait. Par rapport à elle l'existence même des animauxse déploie comme une ressource, formule une évasion. Les regarder être, c'estréapproprier en nous le sens d'un langage qui ne serait que sens. Voler, nager,fuir, paître, dévorer, mourir: La conférence essaiera de longer ces infinitifs.

VENDREDI 5 FEVRIER 2010

SALLEMELUSINE, MSHS

Président de séance : Denis Mellier, professeurde littérature comparée, université de Poitiers

9h / Dumolosse au colibri : l'écriture de relation de la fiction antillaise etguadeloupéenne d'aujourd'hui : Glissant, Chamoiseau, Maximin

Lucile Desblache, Reader in Translation andComparative Literature, Roehampton University, Londres.

Lalittérature antillaise et guadeloupéenne d'expression française d'aujourd'huiest fortement marquée par le thème de l'interdépendance des animaux humains etnon humains. Dépossédés de leur histoire par un colonialisme brutal etunilatéral, les écrivains créoles partent à la recherche de leur mémoire,refusant les valeurs d'universalité qui sous-tendent les sociétés occidentalespour privilégier une poétique du vivant, une écriture de la « diversalité ».Cette communication tentera de montrer comment la présence animale investit lafiction antillaise et guadeloupéenne contemporaine dans un double but :retrouver les traces d'une histoire qui ne soit pas absorbée par l'histoirecoloniale, et imaginer un présent ou un futur qui repense les notions deterritoire, de culture, de pouvoir, de langage en s'ouvrant à la conscience descréatures non  humaines. Les textes considérés pour illustrer cettefiction de l'altérité seront essentiellement Poétique de la relation(1990), Ormerod (2003), Philosophie de la relation (2009)d'Edouard Glissant ; L'Esclave vieil homme et le molosse (1997) Bibliquedes derniers gestes (2002), Les Neuf consciences du malfini (2009)de Patrick Chamoiseau ; et Tu, c'est l'enfance (2004) de Daniel Maximin.

9h45 / Méditationset médiations animales chez Aldo Leopold et Rick Bass

Yves-CharlesGrandjeat, professeur de littérature nord-américaine, université Bordeaux 3.

AldoLeopold est communément présenté comme le père fondateur de l'écologiecontemporaine et son traité le plus connu, l'Almanach d'un comté des sables,comme une sorte de « bible du mouvement écologiste ». Deux passagesdu livre sont le plus souvent cités : « Penser comme unemontagne », où le narrateur de Leopold se remémore la mort d'une louvecomme l'épiphanie qui conduisit à sa prise de conscience écologiste, et« Ethique de la terre », où Leopold pose les fondements éthiques desa fameuse théorie de la « communauté de la terre ». L'un entraînel'autre et l'animal meurtri, en l'occurrence la louve agonisante, fait doncoffice de médiateur de l'ailleurs, ambassadeur d'un autre monde et d'une autrevision du monde où la reconnaissance de l'étrangeté animale déplace l'homme desa position conquérante de maître de l'univers et tire la pensée vers uneméditation qui la déborde. Pourtant, en même temps, l'animal est chez Leopoldassez curieusement et systématiquement anthropomorphisé, rabattu sur ce mondede l'homme dont il désigne par ailleurs les limites, voire l'au-delà. Nouschercherons à comprendre la logique de ce va-et-vient qui déplace constammentl'animal de l'univers prosaïque d'activités très humaines – trop humaines – àun monde mystérieux de fulgurances poétiques. Ceci nous amènera à porter sur lafigure désormais iconique de Leopold, souvent désigné comme précurseur del'écologie dite « profonde » un regard nuancé et à nous interrogersur ce que l'animal, chez Leopold, nous dit de la possibilité d'un regarddécentré, voire non anthropocentré. Pour conclure, nous verrons, en nous appuyantsur l'ouvrage de Rick Bass, The NinemileWolves, que Leopold pose par lebiais de ce va-et-vient une sorte de paradigme paradoxal, ou de paradoxeparadigmatique que réactivent immanquablement ceux que nous choisironsd'appeler les écrivains écologistes américains contemporains.

10h30-10h45 /PAUSE

10h45 / Quelqueshommes à tête de souris : réflexions sur le « dessin animalier »dans l'art et la littérature au XXe siècle

Henri Garric,maître de conférences de littérature comparée, ENS-LSH, Lyon.

Giorgio Agamben associe dans les premierschapitres de son essai consacré à la séparation de l'homme et de l'animal (L'ouvert.De l'homme et de l'animal) les représentations gnostiques d'archontes àtêtes d'animaux aux interrogations post-hégéliennes sur la fin de l'homme,l'homme devant, selon la lecture proposée par Kojève, rejoindre dans la fin del'histoire sa nature animale, son Action négatrice sur la Nature cessantdéfinitivement. L'ensemble de l'ouvrage cherche à trouver une autre définitiondu rapport de l'homme à l'animalité, définition qui ne cèderait pas à un retourindifférencié de l'homme à l'animal, mais qui se « risquerait dans le videcentral, le hiatus qui sépare – dans l'homme – l'homme et l'animal ». SiAgamben ne tient pas compte dans ce travail, de la parenté, pourtant frappante,de ces images gnostiques d'hommes à têtes d'animaux, avec les représentationsanimalières qui peuplent les livres illustrés et les bandes-dessinées au XXesiècle, productions que l'on estime généralement destinées à l'enfance et à lajeunesse, on peut néanmoins tenter de prolonger son interrogation en partant deces figures désormais si familières. Les personnages de Disney et peut-êtreparticulièrement ceux que dessine Carl Barks (le créateur de Picsou) pourraientainsi apparaître comme la figure par excellence de cette « animalitéretrouvée » dans la post-histoire qui irritait tant Bataille. Mais on peutaussi prolonger la réflexion d'Agamben et voir comment les représentationsanimalières au XXe siècle sont le champ d'un conflit qui dessine àla fois la tentation d'une pensée de l'homme-animal comme nature retrouvée etd'une pensée qui s'approche du vide qui fait la césure et pointe la vie nue del'homme comme de l'animal. De ce point de vue, le fait que deux créateurs debande-dessinée qui ont donné la part la plus importante à la Seconde GuerreMondiale dans leur oeuvre, Calvo, avec La Bête est morte (1944) et ArtSpiegelman avec Maus (1991), aient choisi le « dessinanimalier » comme mode d'expression n'est sans doute pas anodin.

Notre intervention explorera donc le domaineesthétique du XXe siècle en confrontant la littérature illustrée(Béatrix Potter, The Tale of Two Bad Mice), le dessin animé (avec le personnage de Mickey Mouse), la bandedessinée (Calvo et Spiegelman) et la littérature (Franz Kafka, Joséphinela cantatrice ou le peuple des souris)afin de déterminer comment le dessin de l'homme à tête d'animal peut éclairerl'effort d'Agamben pour éloigner d'une figure du désoeuvrement dans la« post-histoire » et rapprocher d'une pensée de la vie nue dansl'ouvert.

11h30  /Littéralité des rats chez Hofmannsthal, Perec et quelques autres auteursdu XXe siècle

TiphaineSamoyault, professeur de littérature comparée, université Paris 8.

Maproposition porte sur la figure du rat ou sur la circulation d'un double motifde la dissimulation et de l'abjection. Il s'agira à la fois de lire desdéveloppements et une circulation de la célèbre scène de Hamlet et demontrer comment cette animalité spécifique, non compassionnelle, qui serasaisie à la lettre et non dans sa dimension allégorique ou métaphorique, minele travail de la littérature.

12h15 : Clôture