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Le savant dans les lettres : Récritures et érudition dans la réception du Moyen Age

Le savant dans les lettres : Récritures et érudition dans la réception du Moyen Age

Publié le par Vincent Ferré (Source : Alain Corbellari)

Le Savant dans les Lettres

Récritures et érudition dans la réception du Moyen Age

 

VIe colloque de l'association « Modernités médiévales »,

Lausanne 21 au 23 octobre 2010

 

         Les érudits ne sont pas seulement ceux qui « font avancer la science » en laissant à d'autres le soin de populariser les « arides » matières sur lesquelles ils travaillent. Ils ont été, et ils sont encore, dans bien des cas, les artisans de la réémergence de larges pans de la culture mondiale dans l'imaginaire du grand public. N'en déplaise à certains anti-intellectualistes aux idées courtes, l'érudition n'est pas toujours l'ennemie du plaisir esthétique et, dans le cas du Moyen Age, en particulier, le rôle joué par nombre d'universitaires et d'érudits dans la réapparition de la civilisation et de la littérature médiévales à l'horizon de notre quotidien est considérable.

         Pour son VIe colloque, l'association « Modernités médiévales » se penchera sur la part prise par les « spécialistes », du XVIIIe au XXIe siècle, dans le processus du « retour du Moyen Age ».

         De fait, si les études consacrées à l'histoire de la philologie médiévale, ainsi que celles liées à la réception du Moyen Age dans la modernité sont aujourd'hui florissantes, les travaux tentant d'articuler ces deux domaines de recherches restent peu nombreux.

         Le but de ce colloque n'est donc ni d'éclairer des pans de l'histoire de nos disciplines dont l'impact serait resté confiné à des cercles étroits, ni, à l'inverse, d'expliquer comment, à l'aide d'informations de deuxième ou de troisième main, des non-spécialistes ont réinventé une culture médiévale à leur usage, mais bien de montrer comment, chez les mêmes hommes — l'exemple canonique est évidemment celui de Tolkien, mais on peut aussi penser à un Joseph Bédier, et il devrait être facile de multiplier les exemples — ont pu cohabiter l'ambition de servir et d'illustrer la science et celle de profiter de leurs compétences pour toucher un public plus large que celui de leurs pairs. La poursuite de ce double but n'a pas toujours été sans dangers: des érudits ont pu être tentés de renier les principes théoriques en vigueur dans leurs disciplines, tandis que d'autres faisaient de vains efforts pour dépasser la confidentialité de leurs recherches, ce qui, dans les deux cas, ne rend pas forcément leur exemple moins intéressant.

         Jouant plus ou moins consciemment sur les deux tableaux, certains auteurs (ne citons, parmi bien d'autres, que Marcel Schwob et Charles-Albert Cingria) ont par ailleurs été amenés à briser les catégorisations trop contraignantes, usant de l'érudition pour la détourner et créant à chaque fois des cas de figure inédits. En fin de compte, le gain réalisé dans la popularisation de l'image du Moyen Age, a toujours été positif.

         Le personnage du médiéviste, enfin, a été, plus souvent qu'on ne le croit (du Sylvestre Bonnard d'Anatole France au Erec et Enide de Montalban en passant — bien sûr ! — par David Lodge), un héros de fiction, illustrant également par là un type original de rapport entre érudition et littérature qu'il serait intéressant d'évoquer.

         En lançant ce colloque, qui se tiendra à Lausanne en automne 2010 et où nous espérons vous voir nombreux, l'association « Modernités médiévales » se donne à nouveau pour but de nous faire mieux les raisons de notre engouement déjà plus que séculaire pour le Moyen Age.

 

         Le colloque sera organisé par Ursula Bähler (Université de Zurich) et Alain Corbellari (Université de Lausanne) et se déroulera sur le campus de Lausanne-Dorigny.
Les propositions de communication, accompagnées d'un résumé de quelques lignes sont à envoyer au professeur Alain Corbellari (Université de Lausanne, Faculté des Lettres, Bâtiment Anthropole, 1015 Lausanne-Dorigny), de préférence sous forme électronique jusqu'au 31 octobre 2009 (alain.corbellari@unil.ch).