Essai
Nouvelle parution
Le Roman dialogué après 1950. Poétique de l'hybridité

Le Roman dialogué après 1950. Poétique de l'hybridité

Publié le par Audrey Lasserre

Marie-Hélène Boblet

Le Roman dialogué après 1950. Poétique de l'hybridité.- Paris: Champion, 2003.- "Littérature de Notre Siècle"

<?xml:namespace prefix = v ns = "urn:schemas-microsoft-com:vml" /><?xml:namespace prefix = w ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:word" />Le roman dialogué désigne une forme improbable du roman contemporain, qui s'impose dans les années 50 à 90. La crise des mentalités et des valeurs que suscitent la seconde guerre mondiale et la Shoah amène le roman à travailler et à déplacer les enjeux logiques et rhétoriques de la forme dialogale. Oublieux ou suspicieux à l'égard des présomptions philosophiques de la modernité rationaliste, le dialogue ne prétend plus accoucher de la vérité, ni d'un sens définitif. Renonçant à l'accompagnement scénique que connaît le dialogue dramatique, il présente de façon abstraite, par la seule force du verbe, la puissance d'interpellation et de convocation de la parole.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />

Ainsi dans les romans dialogués de Beckett, Pinget, Claude Mauriac, Marguerite Duras ou Nathalie Sarraute, sont mises à la question la validité et la légitimité des procédés et des usages du discours dialogal. Demeurent, à travers la crise de l'argumentation du dialogue, des paroles vives, qui circulent et se répondent dans l'instant. Les textes exposent lopération intersubjective qu'est tout dialogue.

Il incombe à la forme littéraire du roman dialogué de produire des effets de vie et d'échange pour représenter l'aptitude du dialogue à fonder la relation interpersonnelle. Le sujet parlant se nourrit et se construit de s'exposer à l'autre, de proposer des énoncés qui valent surtout d'être adressés. Porteurs de la question de l'autre, à travers l'échange et le partage de la parole, les romans dialogués de ces écrivains qui explorent de nouveaux territoires romanesques proposent une éthique des relations verbales.