Université McGill
Département de langue et littérature françaises
Le groupe de recherche TSAR vous invite au colloque
LE RIRE ET LE ROMAN
Mercredi 18 mars 2009
Salle Leacock 232
Pour plusieurs historiens et critiques, l'éclosion du roman moderne est intimement liée à l'expression, voire à la découverte d'une forme originale de comique ou d'humour. Les romans de Rabelais et de Cervantès incarnent une conscience nouvelle, celle du non-sérieux, qui se perpétue et trouve des suites inédites dans les oeuvres des romanciers des XVIIe et XVIIIe siècles (pensons à Scarron, Diderot et Sterne), de certains réalistes (Balzac, Flaubert) et romantiques (Hugo) ou d'écrivains contemporains, tels Borges, Albert Cohen, Réjean Ducharme, Saul Bellow, Milan Kundera et Philip Roth. Pour Bahktine, d'ailleurs, la relation privilégiée qui unit le roman et le rire ne saurait se limiter à quelques illustres continuateurs des oeuvres rabelaisienne et cervantine, oeuvres dont les «acquis» exerceraient sur le roman moderne une influence à la fois plus profonde et plus diffuse. De fait, cette relation s'étendrait aussi, par le moyen de reconversions thématiques et formelles, aux oeuvres jugées les plus «sérieuses», à celles qui, à l'instar du roman dostoïevskien, paraîtraient s'éloigner de l'humour ou du comique renaissant.
Si ces hypothèses font l'objet de nombreux débats, il reste surtout à apprécier de quelle manière elles s'incarnent et se traduisent dans les romans. En quoi le recours au rire, dans ses manifestations littéraires les plus subtiles (ironie, parodie) et les plus franches (burlesque, grotesque), est-il utile ou nécessaire au romancier? Qu'est-ce qui justifie ou explique la relation privilégiée entre le rire et le roman? En quoi l'art et l'imaginaire romanesques se trouvent-ils transformés par l'oeuvre du rire? Ou, à l'inverse, en quoi le rire se trouve-t-il «enrichi» par l'épreuve du roman? Enfin, que peuvent nous enseigner les formes romanesques prémodernes sur ces questions?
Programme
9h00
Accueil et mot de bienvenue
Séance I
Président: Ugo Dionne (Université de Montréal)
9h15
Isabelle Arseneau (Université McGill)
À mourir de rire. Parodie et phagocytage dans le roman en vers du Moyen Âge central
9h45
Mawy Bouchard (Université d'Ottawa)
Du rire aux larmes ou la révolution allégorique du roman
10h15
Yen-Mai Tran-Gervat (Université de Paris III -- Sorbonne nouvelle)
«Humour cervantique» et «roman parodique»: réflexion sur le rire et le roman au 18e siècle, à partir du cas de Tristam Shandy
10h45
Pause
Séance II
Présidente: Isabelle Daunais (Université McGill)
11h00
Yannick Roy (Université McGill)
La dimension humoristique du «retour des personnages»
11h30
Maxime Prévost (Université d'Ottawa)
Le Rire comme volonté et comme représentation. Hugo, L'Homme qui rit et le «lecteur pensif»
Séance III
Président: Dominique Garand (Université du Québec à Montréal)
14h00
Philippe Zard (Université de Paris X -- Nanterre)
Rire des dieux? L'humour théologique de Franz Kafka
14h30
Mathieu Bélisle (Université de Chicago)
Le rire perplexe. À propos de Belle du Seigneur de Cohen
15h00
Pause
Séance IV
Président: François Ricard (Université McGill)
15h15
Michel Biron (Université McGill)
Il est permis de rire: roman et liberté dans le Québec des années 1960
15h45
Élisabeth Nardout-Lafarge (Université de Montréal)
L'usure du rire chez Réjean Ducharme