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Le rire des épistoliers. XVIe-XVIIIe siècles (Brest)

Le rire des épistoliers. XVIe-XVIIIe siècles (Brest)

Publié le par Marc Escola (Source : Marianne Charrier-Vozel)

Appel à communication

Le rire des épistoliers. XVIe-XVIIIe siècles

Colloque international

8-9 juin 2017

Organisé par Marianne Charrier-Vozel

Centre d'Etude des Correspondances et Journaux intimes (CECJI) - EA 7289

Université de Bretagne Occidentale, Brest

De nombreux travaux ont été consacrés au rire. En littérature, Dominique Bertrand s’est notamment s’intéressée aux « paradoxes épistolaires » dans Dire le rire à l’âge classique . Cependant, aucun colloque à ce jour n’a été entièrement consacré au rire des épistoliers du XVIe au XVIIIe siècle.

Les traités de civilité ainsi que les manuels épistolaires, notamment Le Secrettaire de Gabriel Chappuys publié récemment par V. Mellinghoff-Bourgerie, inscrivent la lettre « pour rire et gaudir » dans une longue tradition épistolographique héritée du De Oratore de Ciceron et du Livre du Courtisan de Castiglione , tous deux « chefs de la Facetie » selon Chappuys.  Dans un texte fondateur, Baldassar Castiglione définit le rire comme un art de vivre et un art de la conversation que condensent « le mot bref » et le « trait d’esprit ».

L’histoire de l’épistolographie fait ainsi apparaître un lien privilégié entre la forme et les fonctions du discours épistolaire et le rire.

Entre rhétorique et exercice de la parole individuelle, le rire des épistoliers en tant que pratique culturelle et sociale se situe à la croisée de différents champs, notamment ceux de la sociabilité et de la littérature.

Dans une perspective qui privilégiera une approche socio-esthétique, les contributions proposées pourront s’organiser selon les axes suivants :

I-RIRE AVEC QUI ?

En quoi le rire permet-il à l’épistolier de s’affranchir des convenances épistolaires qui exigent de respecter la distance fixée par l’âge, le sexe et le rang ?

Si rire avec son ami dans la lettre familière ou bien avec sa maîtresse dans la lettre galante, autorise une certaine liberté, il semble que rire avec le prince soit plus délicat comme l' attestent les lettres de Voltaire citées comme modèle du genre dans le Manuel épistolaire de Philipon-La Madelaine.

II-RIRE DE QUOI ET DE QUI ?

L’étude de l’histoire du rire met au jour un discours prescriptif qui autorise et interdit certains sujets de plaisanterie. Les anthologies de lettres de raillerie et de facéties présentées dans les secrétaires suggèrent ainsi certains thèmes qui renvoient à des représentations individuelles et à des pratiques sociales : le mariage, la rivalité amoureuse, le ridicule, le bel esprit, la nouveauté… En quoi les correspondances renouvellent-elles ces thèmes ? Est-il nécessaire de rire de soi pour pouvoir rire de l’autre ?

III-POURQUOI RIRE ?

La tradition érasmienne classe le rire dans le genre épidictique parce qu’il est un procédé utilisé pour persuader. Néanmoins, entre rapprochement et mise à distance, les fonctions attachées au rire des épistoliers sont multiples : moyen de relâcher son esprit et de plaire dans un art de la conversation achevé, le rire trouve-t-il sa place dans la lettre de consolation ? Expression d’un esprit critique, utilisée pour se moquer, dénoncer ou pour exclure, la lettre de raillerie qui est le « sel » de la conversation selon N. Faret, apparaît  ambivalente comme le souligne La Rochefoucauld : «  La raillerie est une gaieté agréable de l’esprit qui enjoue la conversation, et qui lie la société si elle est obligeante, ou qui la trouble si elle ne l’est pas".

IV-COMMENT RIRE  ET FAIRE RIRE ?

Entre rire et larmes, les épistoliers s’interrogent sur le ton à adopter, soulignant  selon un lieu commun, le paradoxe qui consiste à rire d’une triste situation. La lettre trouve, dans la littérature, des modèles empruntés aux facéties, à la farce, à la comédie, au burlesque, à la galanterie, au libertinage, et parfois même à la « littérature flatulente ». Cependant, les secrétaires mettent en garde les épistoliers contre la trivialité et la bouffonnerie. Le jeu de mots, la pointe, la saillie et les figures de style comme l’hyperbole, doivent être utilisés avec prudence. Enfin, avec Mme de Sévigné, la lettre de nouvelles trouve, dans l’art de l’anecdote et de l’historiette,  une forme privilégiée  qui donne un ton plaisant à la narration.

Bibliographie indicative

Baecque de A., Les éclats du rire. La culture du rire au XVIIIe siècle, Paris, Calma-Lévy, 2000.

Bénévent C.,  « La correspondance d'Erasme », Revue de l'AIRE, n° 29, 2003, p. 225-229.

Bertrand D., Dire le rire à l'âge classique. Représenter pour mieux contrôler, Publications de l'Université de Provence, 1995.

Bury E. , Littérature et politesse. L'invention de l'honnête homme 1580-1750, Paris, PUF, 1996.

Chamayou A., Jean-Jacques Rousseau ou Le sujet de rire, Artois Presses Université, coll. "Études littéraires et linguistiques", 2009.

Dix-huitième siècle n°32, "Le rire", Paris, PUF, 2000.

Haroche-Bouzinac G., Esmain-Sarrazin C., Rideau G., Vickermann-Ribémont G., L'Anecdote entre Littérature et Histoire à l'époque moderne, Presses Universitaires de Rennes, 2015.

Montandon A. (dir.), Dictionnaire raisonné de la politesse et du savoir-vivre du Moyen-Age à nos jours, Articles "Esprit" (M. Blanco), "Raillerie" (D. Bertrand) et "Ridicule" (D. Bertrand), Paris, Seuil, 1995.

Revue de l'AIRE, n°27, "Mélancolie et genre épistolaire", Hiver 2001, Paris, Librairie Honoré Champion.

Les propositions de communication d'environ 300 mots devront être envoyées avant le 30 juin 2016 à l'adresse suivante : marianne.charrier@univ-rennes1.fr