Agenda
Événements & colloques
Le retour d'Alceste - De quelques scènes (encore) possibles dans Le Misanthrope de Molière

Le retour d'Alceste - De quelques scènes (encore) possibles dans Le Misanthrope de Molière

Publié le par Marc Escola

Séminaire de Mastère

M. ESCOLA (Université Paris 8) et S. RABAU (Université Paris 3), équipe Fabula


Théorie et pratique de la littérature

Université Saint-Joseph de Beyrouth

Du 15 au 22 décembre

Le retour d'Alceste
De quelques scènes (encore) possibles dans Le Misanthrope de Molière



Est-il seulement permis d'imaginer aujourd'hui le texte d'une comédie de Molière autrement qu'il est écrit ? On dira que c'est l'affaire du metteur en scène, voire des comédiens, mais que critiques et simples lecteurs doivent s'en tenir au « texte même ».

On peut toutefois faire valoir que le texte du Misanthrope légué par la tradition, comme d'ailleurs celui de toutes les pièces du répertoire classique, n'est pas exactement celui qui a été joué en 1666 : nous ne lisons jamais qu'une « variante » d'un texte « originel » que le dramaturge n'a pas voulu fixer.


Mais il est bien d'autres façons encore de mettre au jour — et d'imaginer — des variantes du Misanthrope : qu'il s'agisse de confronter la comédie de Molière à d'autres Misanthrope antérieurs que le dramaturge français a pu (ou non) connaître, pour y chercher non pas la source de Molière mais d'autres manière d'écrire des histoires de misanthrope, pour découvrir donc d'autres Alcestes possibles et quelques scènes absentes de la pièce de Molière ; ou que l'on en vienne à interroger les différentes interprétations de la pièce en les envisageant comme autant de « réécritures » qui cherchent à délivrer dans la lettre de l'oeuvre classique un autre « texte » jusque-là invisible — à commencer par la plus célèbre d'entre toutes : la « lecture » proposée par Rousseau dans la Lettre à d'Alembert sur les spectacles qui n'hésite pas à suggérer quelques « corrections » quant au caractère même d'Alceste et à la logique de l'intrigue : autant de variantes que des dramaturges du XVIIIe siècle ont eu ensuite à coeur de porter à la scène…


Ce séminaire proposera donc une réflexion théorique sur la notion même de variante, en confrontant le texte de Molière à d'autres textes bien réels ou seulement possibles, et en faisant l'hypothèse que lire, interpréter, jouer une oeuvre littéraire, c'est délivrer toujours une variante de son texte. Il s'agira, ce faisant, de promouvoir de nouveaux gestes critiques, et peut-être une nouvelle façon d'écrire sur la littérature, en conjuguant au plus près interventions hypertextuelles et pratique métatextuelle : commenter en récrivant, récrire pour commenter. La théorie littéraire invite alors à la pratique de l'écriture et ce sont de nouvelles voies de création que peut ouvrir l'analyse. Ou, pour reprendre un mot de G. Genette déjà repris à Marx : « nous n'avons fait jusqu'ici qu'interpréter la littérature, il s'agit maintenant de la transformer. »


Proposé aux étudiants de Mastère 1 de l'USJ dans le cadre de leur formation, ce séminaire est ouvert aux étudiants de Mastère 2 que les questions théoriques, le théâtre et/ou la période classique intéressent.