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Le rapport au réel dans la création contemporaine

Le rapport au réel dans la création contemporaine

Publié le par Florian Pennanech (Source : Annie Dulong)

Le rapport au réeldans la création contemporaine

L'adversaire de Emmanuel Carrère a exploré en 2002 la figure dumeurtrier ordinaire par le personnage de Jean-Claude Roman. Amélie Nothomb semet en scène depuis plusieurs années dans ses différents romans (qu'on pense à Stupeurs et tremblements, par exemple) et accentue cette mise en scène en plaçant systématiquement une photographie d'elle-même en page couverture. L'oeuvre de Sophie Calleest, quant à elle, traversée par un brouillage constant des frontières entre leréel et la fiction, l'intime et le public. Nelly Arcand, Marie-Sissi Labrècheet Mélanie Gélinas ont chacune, à travers des personnages délibérément inspirésde leurs propres expériences, joué sur les frontières de l'autofiction. Si cephénomène n'est pas nouveau, ce qui intrigue, toutefois, c'est la véhémenceavec laquelle le rapport au réel dans les différentes oeuvres est questionné.Depuis quelques années, la distinction entre les oeuvres de fiction et lesoeuvres de non-fiction (pour reprendrele terme anglais) se révèle fragile. Une série de scandales impliquant desupposées autobiographies a ainsi secoué le monde littéraire (et médiatique) américain.A Million Little Pieces (James Frey,2003), Love and Consequences(Margaret Seltzer, 2008), The Angel atthe Fence (jamais publié) : chacune de ces autobiographies a étéréfutée lorsqu'il fut découvert que les faits y avaient été soit« enjolivés », soit carrément inventés, et leurs auteurs ont étédésavoués, pour ne pas dire conspués sur la place publique par des intervenants(pensons à Oprah Winfrey) insultés d'avoir cru en eux. Mais la question sepose : pourquoi, dans un premier temps, revendiquer pour une oeuvre defiction l'authentification de la réalité qui accompagne le terme « autobiographie »?Et pourquoi, dans un second temps, l'aveu d'une fictionnalisation d'événementschoque-t-il tant?

Dudévoilement à l'expression, de l'exploitation à la reconstruction, l'écriturecontemporaine semble ainsi se jouer des démarcations entre la fiction et laréalité, comme si elle était habitée par une nécessité de redéfinir son rapportau réel et, par le fait même, à la fiction. Est-ce à cause de l'envahissementmédiatique qui rend de plus en plus difficile (pour ne pas dire impossible) defaire abstraction du spectacle du réel tel que présenté par les bulletins d'informationstant sur le web que sur les télévisions du monde? Le rapport à la création seretrouve-t-il parasité par les événements lorsque le réel, comme lors desattentats du 11 septembre, semble surpasser la fiction, et que la fictioncherche, de son côté, à prendre en charge le réel? Ou alors éprouvons-nous simplementle besoin, après les explorations formelles du vingtième siècle, de réinscrirele travail de création dans notre monde?

Cecolloque, souhaitant réunir autant des écrivains que des chercheurs enlittérature, aura pour objectif de questionner l'inscription du réel dans lafiction contemporaine. Pourquoi le réel exerce-t-il une si grande attractionsur les auteurs actuels? Quel espace reste-t-il pour la fiction lorsquel'écrivain utilise un événement vécu, qu'il soit personnel ou historique, commebase ou trame de son oeuvre? Comment les notions de fiction, de narration, depersonnages et d'auteurs s'en retrouvent-elles modifiées? En confrontant lestravaux des praticiens et des théoriciens, ce colloque tentera non pas deparvenir à une réponse définitive sur les modalités de l'inscription du réelmais plutôt d'arriver à un état de la fiction telle qu'elle se pratique en ce moment, avectout ce que cet état a d'éphémère.

Les propositions decommunication (250-300 mots) devront être soumises à l'adresse dulong.annie@uqam.ca avant le 23 octobre 2009. Veuillez indiquer voscoordonnées (nom, courriel, université d'attache, statut) sur votreproposition. Le colloque sera par la suite proposé aux organisateurs ducolloque annuel de l'ACFAS, colloque qui aura lieu du 10 au 14 mai 2010 àl'Université de Montréal.

Comité organisateur :

Denise Brassard

Annie Dulong