Questions de société

"Le projet Macron pour l’enseignement supérieur: une offensive sur le terrain de la valeur des études", par Aurélien Casta - Questions de classe(s), 27/01/18

Publié le par Bérenger Boulay

"Le projet Macron pour l’enseignement supérieur: une offensive sur le terrain de la valeur des études"

 Aurélien Casta - Questions de classe(s), 27 janvier 2018

 

"Une nouvelle réforme de l’enseignement supérieur a été annoncée par les ministres Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer. Pas encore adopté, le projet de loi (qu’on appellera loi Vidal dans la suite du texte) vise officiellement à remédier à « l’échec » en licence à l’université et à mieux informer les lycéens et les lycéennes des « attendus » des formations universitaires. Les personnels du lycée et de l’enseignement supérieur donneraient des avis sur les nombreux choix et projets (jusqu’à 10) formulés par les lycéens au cours de leur année de terminale. Les établissements sollicités formuleraient quatre types d’avis : « oui », « oui si », « en attente » et « non ». Dans le premier cas, le jeune pourra choisir cette formation. Dans le deuxième, il sera aussi accepté mais il devra effectuer un « parcours personnalisé », par exemple des enseignements supplémentaires dans les matières où il ne présente pas suffisamment de garanties. Les avis « en attente » ou « non » renverront le lycéen à un éventuel accord que lui donnerait finalement l’établissement ou un autre qu’il aurait sollicité, faute de quoi une commission présidée par le recteur aurait pour responsabilité de lui proposer une autre formation.

Il est possible d’analyser cette loi comme une attaque contre le droit d’accès à l’université de toutes les personnes détenant le baccalauréat ou un équivalent [1], avec le risque d’un retour en arrière dans les mobilisations scolaires des jeunes et des familles populaires [2]. Pour autant, les initiateurs de la loi ne souhaitent pas réellement baisser le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur. Si l’on en croit les échanges menés durant la campagne présidentielle de 2017 entre l’entourage du candidat Macron et le réseau de spécialistes du supérieur qui gravitent autour, l’objectif n’est pas celui-là.

Ces échanges de messages électroniques révélés par Wikileaks le 31 juillet dernier [3] mettent en lumière dans quelle mesure la loi Vidal fait partie d’un projet qui combine soutien aux « formations courtes professionnalisantes », hausse des frais d’inscription et développement des prêts étudiants. C’est ce que ce texte se propose de montrer. [4]"

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