Essai
Nouvelle parution
Le pouvoir et la parole dans les Fables de La Fontaine

Le pouvoir et la parole dans les Fables de La Fontaine

Publié le par Marielle Macé

Le pouvoir et la parole dans les Fables de La Fontaine

Olivier Leplâtre, PUL, 2002, 27,40

Présentation de l'éditeur:

Le pouvoir, la parole. Les Fables ne cessent de nouer ce couple qui résume pour La Fontaine l'essence des activités et des relations humaines. De la scénographie commune du pouvoir et de la parole, le moraliste dégage une anthropologie négative où les dialogues de l'animal parlant condensent ce que, entre les hommes, les mots adressés à l'autre contiennent de violence et de méchanceté. C'est donc à l'examen d'une poétique de la parole barbare que s'attache d'abord la présente étude. Des histoires de bouches, quand le plaisir de manger rencontre celui de parler, quand la raison du plus fort se donne des raisons de massacrer d'innocentes victimes à coups de mots ; des histoires de loups sadiques, de chats cyniques, et des souris, des agneaux empêtrés dans leurs discours pour faire entendre raison à celui qui va les tuer. Le pouvoir, la parole. Par leur articulation, La Fontaine repense nos désirs, le passage de la nature à la culture, l'État, le droit ; il repense l'homme dans son rapport à lui-même et au monde. Et il s'interroge sur sa propre place, il se demande à quoi sert de parler aux hommes qui n'entendent que leurs passions, à quoi sert d'écrire. À rien peut-être sinon à l'essentiel : revendiquer le souvenir enfantin de se laisser prendre à de petites histoires de bêtes et d'hommes, comme ça, pour le plaisir, gratuitement. S'il est une poétique de la fable, elle est inséparable d'une éthique joyeuse de l'écriture et de la lecture, d'une morale de la séduction qui tend à reconstruire, à travers la complicité d'un écrivain avec son lecteur, l'utopie d'une humanité réconciliée.