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Le Portugal retrouve l’Espagne à Salamanque

Le Portugal retrouve l’Espagne à Salamanque

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Roxana Eminescu)

Presque minuit, et il gèle à pierre fendre, ce 26 janvier 2007, à Salamanque. Un jeune homme de bientôt 84 ans sautille dans les rues du vieux bourg, transporté devant la sublime architecture de la Cathédrale, qu'il célèbre devant quelques collègues transis de froid. Il avait prononcé le discours de clôture du Congrès International «Les Relations Linguistiques et Littéraires entre le Portugal et l'Espagne du XIXe siècle au XXIe», avant d'avoir partagé avec eux le repas festif.

Le regard tourné vers la figure de pierre du plus célèbre Recteur de Salamanque veillant sur la salle qui en porte le nom, de la huit fois centenaire Université, principale institution étrangère à avoir accueilli les intellectuels portugais au long des siècles, Eduardo Lourenço avait essuyé une très discrète larme à la fin de sa conférence sur «Unamuno et la mort». Vendrá de noche…

Dans le cadre d'une initiative communautaire de coopération transeuropéenne, le projet RELIPES réunit les Universités de Beira Interior, de Salamanque et d'Evora dans une démarche volontaire de reconstruction d'un espace de communication culturelle fluide entre les différentes composantes de la Péninsule, par une meilleure connaissance réciproque.

70 intervenants ont échangé, pendant trois jours et dans deux ateliers thématiques, sur les complicités et les discordes de ce couple de meilleurs ennemis qu'ont été le Portugal et l'Espagne au cours de leur(s) histoire(s). Les auteurs portugais modernes et contemporains et l'Espagne, les intersections portugaises dans les champs culturels des provinces espagnoles, les références espagnoles en lusophonie, l'enseignement du portugais en Espagne, les traductions, la divulgation réciproque des cultures dans la presse ibérique, etc., ont été débattus dans une atmosphère cordiale, stimulante et hautement scientifique.

Si la majorité des participants était venue des régions de la Péninsule et de ses îles – et tous les noms mériteraient d'être cités – seuls les Etats-Unis, l'Allemagne et la France, par leurs représentants solitaires des Universités de Massachusetts, de New Mexico, de Salzburg et de Bretagne Occidentale, justifiaient l'appellation du Congrès. Les chercheurs connus et reconnus, tels Dieter Messner, Teresa Araujo, Jorge Morais Barbosa, Fernando J. B. Martinho, Rita Taborda Duarte, Maria João Simões, ou les artistes, tels l'écrivain João de Melo, attaché culturel du Portugal à Madrid et le poète espagnol Antonio Colinas, à côte de «l'intellectuel qui incarne mieux que tout autre la conscience portugaise» (c'est ainsi qu'avait Catherine Trautmann appelé Eduardo Lourenço en lui remettant, en 2001, l'insigne de Chevalier des Arts et des Lettre) se sont retrouvés à Salamanque en compagnie de jeunes et de très jeunes chercheurs pleins de talent, comme Felisa Rodrígez Prado, Maria de Lourdes Pereira, Rebeca Hernández ou Pedro Serra. Le relais est assuré.

A contribué largement à cette passation de savoir l'organisation de la rencontre, sous la direction du professeur Ángel Marcos de Dios, directeur du département de philologie moderne de l'Université de Salamanque et auteur de nombreuses études sur les relations entre les deux pays ibériques, éditeur scientifique aussi de l'épistolaire portugais d'Unamuno et de ses écrits sur le Portugal, organisation qui a été saluée, à plusieurs reprises, comme exceptionnelle par les congressistes. Profitons de l'occasion pour ajouter à nos remerciements au continuateur de l'oeuvre unamunienne l'expression chaleureuse de notre gratitude à son épouse et notre collègue Danielle Dubroca Galín, professeur de français à la Faculté de traduction et documentation de la même Université, guère étrangère à cette réussite.

N.B. Les Actes du Congrès pourront être obtenus auprès du Servicio de Publicaciones, Plaza de S. Benito, 37002, Salamanca, Espagne.