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Le platonisme d'Aristote

Le platonisme d'Aristote

Publié le par Julia Peslier (Source : Amandine Briffaut)


Le développement des études consacrées aux commentaires néoplatoniciens d'Aristote dans les deux dernières décennies a conduit à reconsidérer le rapport entre Aristote et Platon : la perspective traditionnelle, qui interprétait le développement de la pensée d'Aristote selon une dynamique de rejet de la méthode et des thèses du maître – ou du moins accordait à l'opposition un rôle structurant dans la lecture du second corpus – est progressivement abandonnée, au profit d'une interrogation sur la parenté profonde des deux doctrines. Des ouvrages comme ceux de Thomas Johansen sur le Timée (Cambridge, 2004), de Lloyd Gerson sur l'accord de Platon et Aristote selon Proclus et Simplicius (Aristotle and Other Platonists, Cornell, 2005) ou le collectif d'Ilias Tsimbidaros, qui compare les deux philosophes selon les axes dialectique et métaphysique (Bruxelles, 2005), témoignent d'un tel mouvement.

Lors d'un symposium de deux jours, qui se tiendra les 25 et 26 octobre 2007 à l'université de Lille 3, nous voudrions non seulement poursuivre le travail qui a été commencé, mais aussi réfléchir aux conditions de possibilité d'une approche comparative des deux philosophies, et à sa pertinence. Si la perspective qui faisait de l'opposition à Platon un moteur de la constitution de l'aristotélisme doit être abandonnée, du fait de son caractère circulaire et de son parti pris d'accentuer les différences, une comparaison statique, purement synchronique, risque de ne pas se révéler plus pertinente, si elle considère les deux doctrines comme des systèmes fermés. Il nous semble important de renoncer à l'approche génétique pratiquée par W. Jaeger, mais d'un autre côté nous pensons que la mise en parallèle des deux doctrines doit impérativement se faire en termes d'enjeux argumentatifs, et en référence au contexte philosophique et scientifique du IVe siècle.

Sans nous limiter au versant théorique de la philosophie, mais en abordant aussi bien la politique que l'ontologie, nous souhaiterions déterminer jusqu'à quel point, et en quel sens, on peut affirmer qu'Aristote reste platonicien dans les enjeux et les présupposés qui guident son traitement des problèmes. Nous ne préconisons aucune méthode particulière, susceptible de valoir dans tous les cas ; nous recommandons simplement qu'au-delà du relevé des points communs et des différences, on resitue chaque sujet dans une perspective à la fois philosophique et historiquement plausible, en s'interrogeant sur la possibilité d'une telle démarche. En bref, il s'agit de mettre en oeuvre, de façon réflexive et ouverte à la discussion, des instruments et des méthodes de comparaison entre les deux corpus, dans le but de faire progresser la connaissance de chaque doctrine.