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Le Paris de Rétif de La Bretonne

Le Paris de Rétif de La Bretonne

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Nicole Masson)

Le Paris de Rétif de La Bretonne

Colloque organisé les 15 et 16 mai 2009

par la Société Rétif de La Bretonne et le CELLF 17e-18e

Appel à communication

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Paris change tout autant que le regard porté sur la capitale française. Tandis que la poussée démographique fait éclater les limites de la ville, d'ambitieux projets architecturaux visent à l'embellir et à la doter des édifices indispensables à son rayonnement culturel, économique et politique ; mais à la splendeur des quartiers dessinés par Gabriel ou de Wally s'oppose toujours l'insalubrité et le grouillement des faubourgs populaires, les riches hôtels particuliers de l'ouest parisien dévorent les jardins maraîchers : Paris reste une ville en mutation, toute de contrastes et de tensions. Confrontés à cette réalité multiple et instable, les guides rédigés à l'attention des visiteurs font une part croissante aux hasards de la déambulation et à la subjectivité du point de vue, que Louis-Sébastien Mercier présentera, dans la préface de son Tableau de Paris, comme la seule réponse possible à l'impossible synthèse qu'appelle la capitale :

Supposez mille hommes faisant le même voyage : si chacun était observateur, chacun écrirait un livre différent sur ce sujet, et il resterait encore des choses vraies et intéressantes à dire, pour celui qui viendra après eux.

L'objet de ce colloque sera la singularité du regard que le « Paysan de Paris » qu'est Rétif de La Bretonne a posé sur sa ville d'élection. Dans le prolongement des travaux que Michel Delon, Daniel Baruch, Yinsu Vizcarra ou, tout récemment, Laurent Turcot ont consacré à la « poétique déambulatoire » des Nuits de Paris, il s'agira de situer la poétique du Hibou-Spectateur nocturne par rapport à celle des contemporains qui, comme lui, ont tâché de rendre compte de la réalité parisienne de la fin de l'Ancien Régime et de la Révolution.

Le Paris de Rétif, néanmoins, ne se limite pas à celui des Nuits : Paris est aussi le cadre – ou un cadre majeur – des grands romans rétiviens (comme Le Paysan perverti, La Paysanne pervertie, La Dernière aventure d'un homme de quarante-cinq ans, Ingénue Saxancour...), de la série des Contemporaines et de l'Histoire du Palais-Royal, des textes autobiographiques de Rétif (Monsieur Nicolas, Le Drame de la vie et Mes Inscripcions dont certaines mentions furent gravées par l'auteur sur les parapets de l'Ile Saint-Louis...) et de quelques brochures marginales... L'intérêt de ce colloque sera aussi d'envisager ce Paris rétivien moins connu que celui des Nuits mais, comme lui, travaillé par la fiction et le souvenir, une attention à la réalité urbaine contemporaine et une ambition réformatrice caractéristiques des Lumières, des concessions aux modes littéraires du temps et l'affirmation d'un point de vue original.

Plusieurs axes pourront notamment être envisagés :

· Les écrits sur Paris dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle : de quelles pratiques et de quels genres relèvent-ils ? Quelles sont les tendances qui caractérisent cette production et en quoi éclairent-elles l'approche rétivienne ?

· La topographie et la sociologie du Paris de Rétif : quels quartiers, quels lieux, quelles populations sont présents dans l'oeuvre de Rétif ? Comment s'articulent, en ce qui concerne ces choix, expérience personnelle, topoï romanesques et perspective moraliste ?

· La singularité de l'écriture du Paris rétivien : Peut-on dire que Rétif inaugure en la matière une poétique originale ? Les Nuits peuvent-elles être considérées en l'occurrence comme l'aboutissement de son regard propre sur Paris mais aussi comme le point de départ d'un certain mythe du Paris nocturne « crapuleux » et libertin ?

Les propositions (2000 signes environ) sont à envoyer avant le 15 octobre 2008 à Françoise Le Borgne (flb75@yahoo.fr).