Actualité
Appels à contributions
Le nouveau pays des merveilles. Héritage et renouveau du merveilleux dans la culture de jeunesse contemporaine

Le nouveau pays des merveilles. Héritage et renouveau du merveilleux dans la culture de jeunesse contemporaine

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Cécile Boulaire)

Le nouveau pays des merveilles

Héritage et renouveau du merveilleux dans la culture de jeunesse contemporaine

 

Un appel à contributions pour un numéro de la revue Strenæ qui sera dirigé par Anne Besson.

Les médias pour la jeunesse continuent de façon massive, quinze ans après les débuts du « phénomène Harry Potter », à arpenter les territoires du merveilleux. Les innombrables variations sur cet « imaginaire » surnaturel inspiré des contes et des mythes constituent sans doute la face la plus visible auprès du grand public de l’importante croissance du secteur éditorial des livres pour la jeunesse et de leurs déclinaisons durant cette même période. Certes, l’association entre enfance et merveille – sous la forme de la pensée magique, de l’âge d’or, du paradis perdu, etc. – semble spontanée et comme atemporelle ; on peut en tout cas en faire remonter l’ancrage à la seconde moitié du xixe siècle, quand les éditions de contes folkloriques (Grimm, Afanassiev) coïncident avec la naissance anglaise de la fantasy et avec le développement des premières formes d’industrie culturelle. Le retour au premier plan des genres et motifs du merveilleux se trouve puiser très largement dans cet héritage, tout en lui conférant, sur des supports renouvelés, des enjeux inédits.

Le nouveau pays des merveilles que nous souhaitons explorer dans ce numéro englobe ainsi d’abord et avant tout le renouveau des genres du merveilleux (fantasy, contes, science-fiction dans moindre mesure), et le destin fécond de leurs personnages « mythiques » dans la culture médiatique contemporaine pour la jeunesse. On peut ainsi penser par exemple aux avatars du conte, dans le roman (l’œuvre de Cornelia Funke, et notamment sa série en cours, Reckless ; Le Livre des choses perdues de John Connolly), dans la fiction graphique (le grand modèle est ici le comics Fables de Bill Willingham), ou bien encore dans les médias audiovisuels (les séries télévisées Grimm, Once Upon a Time et Once Upon a Time in Wonderland, les films en images réelles débordant la tradition de l’animation pour proposer des versions destinées cette fois au public adolescent de Blanche Neige, du Petit Chaperon Rouge ou d’Hansel et Gretel).

Les personnages de la tradition merveilleuse, qu’il s’agisse de ceux du merveilleux médiéval, essentiellement arthurien, comme de ceux de l’âge d’or victorien (Peter Pan et surtout Alice, encore et toujours), font de la même façon l’objet d’une foisonnante exploitation multi-supports qu’il s’agirait d’interroger – pourquoi ces personnages, pourquoi une telle plasticité contemporaine, pour quelles réinventions ?

Mais le « pays des merveilles » de cet appel veut aussi renvoyer aux promesses éditoriales et commerciales portées par le secteur, et susciter des études sur les marchés et les publics : qu’en est-il finalement de cet Eldorado-là ? On semble assister en effet à une redéfinition du territoire du merveilleux : l’importance prise par un public adolescent et young adult entraîne la multiplication des projets « passerelles » (crossover), et thématiquement, la recherche d’un équilibre entre merveille et noirceur. De son côté la « magie » technologique impose toujours davantage ses séductions, en se disant capable de donner vie à l’imagination et consistance au fantasme : les genres du merveilleux sont significativement les premiers à tirer parti des promesses de la « réalité augmentée » ou des jeux immersifs.

Enchanter la vie, en se plongeant dans une enfance baignée de merveilles, en en reprenant inlassablement les traditions pour les adapter à l’époque et aux publics d’aujourd’hui, tel est le projet contemporain, culturel et plus largement sociétal, que ce numéro voudrait permettre de mieux appréhender, dans ses présupposés comme dans ses conséquences.

Modalités

Les propositions d’articles (1500 à 2000 signes) sont à envoyer avant le 1er avril 2014 à la revue Strenae : strenae@revues.org

Les propositions seront examinées par les responsables scientifiques du dossier et par le comité de rédaction de la revue. Les auteurs seront rapidement prévenus de l'acceptation ou non de leur proposition. Les articles seront à remettre pour le 15 septembre 2014.

La publication est prévue pour janvier 2015.