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Le manger et le dire. Pour une approche du discours culinaire et gastronomique

Le manger et le dire. Pour une approche du discours culinaire et gastronomique

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Laura Calabrese)

Colloque Le manger et le dire. Pour une approche du discours culinaire et gastronomique.

Bruxelles, 20-22 septembre 2012

Organisé par l’Université Libre de Bruxelles

(Centre de Linguistique LaDisco- Département des sciences de l'information et de la communication Resic)

(en collaboration avec l’Université Paris-Est Créteil Val de Marne, L’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle et l’Université Paul Verlaine-Metz).

 

Contrairement à d’autres disciplines (anthropologie, histoire, sociologie), les sciences du langage se sont peu intéressées au monde gastronomique, à l’exception notable du vin, qui dispose de son propre thésaurus de vocables et de métaphores.

Pourtant, la linguistique (analyse de discours, sociolinguistique, linguistique textuelle, mais également la syntaxe et la sémantique), de même que les études sur les médias, ont leur mot à dire en ce qui concerne la construction et la circulation des discours sur le monde culinaire. Il est en effet facile de constater que toute pratique gastronomique se construit dans le discours social : stéréotypes sur les cuisines du monde, idées reçues sur les bonnes ou mauvaises habitudes alimentaires, circulation de connaissances sur les produits et les préparations, informations expertes, médicales ou populaires sur ce que nous mangeons, entre autres, trouvent une place prépondérante dans des discours historiquement et géographiquement situés. C’est un fait : on n’a jamais autant parlé de cuisine aujourd’hui à travers les revues spécialisées (Saveur, Elle cuisine) et les émissions télévisées, où le profane peut espérer devenir un chef coq (Un dîner presque parfait) ou le cuisinier débutant devenir restaurateur (Master chef).

Ces connaissances/savoirs/représentations/injonctions se déclinent dans une large gamme de genres de discours et de supports : critiques culinaires (expertes ou non) et guides (Gault et Millau, Michelin, Lemaire, Le Pudlo…), recettes de cuisine, étiquettes de produits, menus, panneaux de restaurants, etc. Ils se construisent également dans un entrecroisement de types discursifs : publicitaire, commercial, journalistique, touristique, médical, scolaire, scientifique, expert, etc.

Plus difficiles à cerner, les représentations liées à la nourriture en général et aux différentes cuisines du monde en particulier sont également du ressort des sciences du langage et des études sur les médias, dans la mesure où elles prennent place dans des discours et des supports médiatiques concrets. Dans ce foisonnement langagier lié à la nourriture et à la cuisine, ce qui interpelle le chercheur est la façon dont la langue et les discours construisent et accompagnent historiquement les pratiques culinaires. On pourra ainsi s’interroger sur (mais pas uniquement) :

  • des dénominations classifiantes : cuisine moléculaire, slow food, fast good, fast food, street food, bio (mais organic en anglais), cuisine vivante/raw food, veggan, ovo-lacto-végétarien ;
  • des dénominations géographiques : cuisine arabe, méditerranéenne, asiatique, des iles, africaine (mais pas ?cuisine européenne?étatsunienne), ou encore sauce bolognaise, milanaise, french fries/patatas fritas ;
  • des représentations gastronomiques liées à plusieurs de ces dénominations géographiques, relevant notamment d’une répartition Nord-Sud : cuisine du monde, fusion, cuisine du terroir. Les fameuses mythologies de Roland Barthes (dont celles consacrées au steak frites ou aux fiches cuisines du magazine Elle) avaient ouvert de belles perspectives de recherche sur les imaginaires bourgeois et français liés à la cuisine ;
  • le lexique de la nourriture et de la cuisine : dans une perspective descriptive monolingue ou comparatiste plurilingue (translation studies, ethnolinguistique, pragmatique lexiculturelle), avec une attention particulière pour les calques et les emprunts (churros, dulce de leche en français, cruasanes en espagnol, foie-gras en anglais ou encore le riche vocabulaire du café italien) ;
  • des phénomènes de syntaxe : grammaire des recettes de cuisine, menus de restaurants et noms de plats (« salade avec sa sauce parfumée ») ;
  • des phénomènes lexico-syntaxiques comme les collocations (café italien, vin français, viande argentine) ;
  • les genres de discours : recettes, étiquettes de boissons et d’aliments, critique culinaire, guides gastronomiques, énoncés oraux d’adresse (dans les rues très fréquentées par les touristes ou dans les panneaux des restaurants) ;
  • les discours articulant des préoccupations ou des pratiques contemporaines : manger et recevoir, la nourriture et le sport, la nourriture et la santé ;
  • des formations discursives contemporaines ou historiques : le discours du bio, végétarien, veggan, de la nourriture saine, etc. ;
  • le rôle du discours gastronomique dans la construction d’un imaginaire national ou régional : à travers la littérature, le cinéma, la publicité, le discours touristique, etc. ;
  • les nouveaux genres médiatiques qui popularisent des pratiques culinaires avant cantonnées aux milieux professionnels ;

Ces interrogations nous permettraient de mieux comprendre comment se façonnent les imaginaires culinaires à travers les lexiques, la syntaxe, la traduction, les médias et les genres de discours. Imaginaires en rapport avec le savoir vivre, la santé, le bien-être, l’identité nationale ou l’appartenance à un groupe. Toutes les approches appartenant aux sciences du langage et aux études sur les médias sont les bienvenues. Une sélection des communications sera publiée dans la revue Le discours et la langue.

Envoi des résumés à : lrosier@ulb.ac.be et lcalabre@ulb.ac.be

Calendrier :

Envoi des résumés : 1° mars 2012

Notification aux participants : 1er avril 2012

Envoi du programme définitif : 1er mai 2012

 

Comité d’organisation : Laurence Rosier et Laura Calabrese, Département des relations internationales ULB, Centre de Linguistique-LaDisco, Département des sciences de l'information et de la communication-Resic.

Comité scientifique : Malika Temmar (Paris XII/Céditec), Guy Achard Bayle (Université de Metz/Celted), Michelle Lecolle (Université de Metz/Celted), Sandrine Reboul-Touré(Paris IV/Cédiscor), Isabelle Meuret (ULB), Olivier Arifon (ULB), Laurence Rosier (ULB), Laura Calabrese (ULB), Anne-Rosine Delbart (ULB), Mikhaïl Kissine (ULB), Marie-Eve Damar (ULB), Dan van Raemdonck (ULB), Katia Toungouz (ULB).