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Le Lecteur, enjeu de la fiction

Le Lecteur, enjeu de la fiction

Publié le par Audrey Lasserre (Source : Camille Deltombe)

"Le Lecteur, enjeu de la fiction",
Cahier du Centre d'Etudes sur le Roman des années Cinquante au Contemporain (CERACC), sous la dir. de Camille Deltombe et Aline Marchand, n°3, juin 2006.
http://www.ecritures-modernite.cnrs.fr/roman_cahiers3.html

Ce troisième cahier électronique du CERACC rassemble les actes de la journée d'étude qui s'est tenue le 11 juin 2005 en Sorbonne, organisée sous la direction scientifique de Marc Dambre (directeur du Centre) par Camille Deltombe et Aline Marchand, ainsi que Mathilde Barraband, Sabrinelle Bédrane-Tsalpatouros, Audrey Camus, Johan Faerber, Audrey Lasserre et Aurélien Pigeat.

SOMMAIRE
•    C. Deltombe et A. Marchand : Introduction
•    C. Lapeyre-Desmaison : Inventions du lecteur dans Dernier Royaume de Pascal Quignard  
•    M. François : Le lecteur, « pièce maîtresse de l'appareil » policier  
•    V. Asselin : S'acquitter de la convention narrative : le lecteur floué par le récit   
•    N. Leclerc : La lecture comme pari. La figure de la lectrice amoureuse chez Boulgakov, Cohen et Bobin  
•    M. Baudry : Marelle de Julio Cortázar : du personnage lecteur à une théorie de la lecture. Abymes de la lecture complice et déni de la lecture femelle  
•    I. Rialland : Un lecteur sachant chasser : La Chasse au mérou de Georges Limbour  
•    K. Kürtös : « Croient-ils se jouer de moi ». Préfigurations de la lecture dans Le Bavard de Louis-René des Forêts  
•    G. Turin : Lecture et écriture chez Pascal Quignard : une archéologie mentale  
•    A. Pigeat : Lector in fine chez Nathalie Sarraute : du lecteur défini au lecteur définitif  
•    L. Demanze : Pierre Bergounioux : le lecteur blessé   

RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS

Inventions du lecteur dans Dernier Royaume de Pascal Quignard
Chantal Lapeyre-Desmaison
Le Dernier Royaume, de Pascal Quignard, qui brouille les frontières entre fiction et non fiction, annexe de nouveaux territoires ou les invente à partir de matériaux historiques et culturels, convie le lecteur à entrer dans un espace d'égarement où, faute de pouvoir se reconnaître, il doit se réinventer, entre jouissance de la perte et plaisir de la rencontre.

Le lecteur, « pièce maîtresse de l'appareil » policier
Marion François
De nombreux récits contemporains jouent sur le rôle du lecteur dans le roman policier, basé sur un désir de savoir conditionné par l'illusion entretenue par le rituel policier. Dans ce que les romanciers contemporains empruntent à ce type de paralittérature, domine alors la notion de manipulation. Le lecteur, piégé par la communication établie, doit sortir des schémas et accepter l'indétermination du texte.

S'acquitter de la convention narrative : le lecteur floué par le récit
Viviane Asselin
La lecture n'est pas subordonnée au texte et au genre ; elle peut connaître, volontairement ou non, avec l'accord du texte ou non, des réglages d'ordre générique. D'où l'hypothèse d'une lecture narrative, dont certains présupposés et processus interprétatifs se voient fragilisés par le roman L'Acquittement de Gaétan Soucy.

La lecture comme pari. La figure de la lectrice amoureuse chez Boulgakov, Cohen et Bobin
Natalia Leclerc
Le lecteur ne peut se réduire à être un collaborateur de l'écriture. Bien que la figure étudiée soit la lectrice amoureuse, la lecture n'est pas envisagée comme un acte fusionnel, mais comme une mise à mort. La lectrice doit mourir pour que l'oeuvre soit. La métaphore du pari permet de montrer ce passage nécessaire par le silence et présente la lecture comme un pari perdant. Le lecteur doit parier, mais doit jouer perdant.

Marelle de Julio Cortázar : du personnage lecteur à une théorie de la lecture. Abymes de la lecture complice et déni de la lecture femelle
Marie Baudry
Marelle de Julio Cortázar propose à tous les niveaux de sa diégèse deux lectures possibles, qui pourraient se réduire à l'antithèse lecteur « femelle » / lecteur « complice » selon ses termes mêmes. Si attribuer un sexe à la lecture court le risque de reproduire les stéréotypes de genre, la critique de ces derniers concourra à l'élaboration d'un concept nouveau, celui de « lecture féminine ».

Un lecteur sachant chasser : La Chasse au mérou de Georges Limbour
Ivanne Rialland
Dans La Chasse au mérou, le mérou est un symbole à la signification inassignable qui lance la quête herméneutique du lecteur. Il constitue en cela une figure de l'art, qui permet d'interpréter le roman comme l'exposé en acte d'une esthétique, où l'oeuvre d'art ne s'achève que dans et par la recréation de celle-ci dans l'imaginaire du lecteur.

« Croient-ils se jouer de moi ». Préfigurations de la lecture dans Le Bavard de Louis-René des Forêts
Karl Kürtös
Cet article interroge, à propos du Bavard de Louis-René des Forêts, la part de manipulation de la lecture en reconsidérant la fonction du narrataire. Réfutant la simple identification entre narrataire et lecteur réel, il postule que le narrataire y sert à surexposer la détermination stratégique que le dispositif narratif aporétique exerce d'emblée sur la lecture.

Lecture et écriture chez Pascal Quignard : une archéologie mentale
Gaspard Turin
L'aspect fragmentaire des textes constituant le projet Dernier royaume favorise la juxtaposition d'éléments textuels hétéroclites, très souvent issus de lectures, et dont le mode de transmission évolue de la citation en direction une reprise en charge qui confine à l'extrapolation. Ce jeu sur l'hypotexte s'accompagne d'une remise en question des instances d'écrivain et de lecteur, dans une double dynamique de fusion et de redistribution des rôles.

Lector in fine chez Nathalie Sarraute : du lecteur défini au lecteur définitif
Aurélien Pigeat
La figure du lecteur chez Nathalie Sarraute ne se définit pas par rapport aux oeuvres qu'il lit et juge, mais en fonction de la manière dont il énonce son jugement. La lecture ne commence en fait qu'à la fin du texte, dans un geste de reprise qui est aussi bien relecture, écriture ou délecture, achèvement et déconstruction de la lecture elle-même. Cette profanation permet de rendre à un usage nouveau le texte littéraire, à travers la figure d'un lector in fine, installé dans l'infini de la reprise du texte.

Pierre Bergounioux : le lecteur blessé
Laurent Demanze
Le premier récit de Pierre Bergounioux, Catherine, est le roman d'un lecteur, qui mène à travers les oeuvres romanesques de Flaubert une enquête critique. Mais au fil de cette lecture critique, Pierre Bergounioux chemine à la recherche de la genèse de son écriture, explorant alors dans le miroir de l'oeuvre flaubertienne les secrets de sa filiation.