Questions de société
Le Haut Conseil de l'éducation préconise une profonde réforme de l'orientation scolaire (Le Monde, 10/07/08)

Le Haut Conseil de l'éducation préconise une profonde réforme de l'orientation scolaire (Le Monde, 10/07/08)

Publié le par Mathilde Levesque (Source : le monde.fr)

Le Haut Conseil de l'éducation préconise une profonde réforme de l'orientation scolaire, par Luc Cédelle (Le Monde, 10/07/08).

Traditionnels boucsémissaires de toutes les insatisfactions en matière d'orientation, lesconseillers d'orientation psychologues (les co-psy) des collèges etlycées sont dans le collimateur du Haut Conseil de l'éducation (HCE).Cette instance consultative, issue de la loi d'orientation pourl'avenir de l'école d'avril 2005 (dite "loi Fillon"), a rendupublic, mercredi 9 juillet, son second bilan annuel, qu'elle avait, deson propre chef, décidé de consacrer à l'orientation. Son précédent etpremier bilan, publié à la rentrée 2007, avait porté au premier plan laquestion des performances - jugées insuffisantes - de l'école primaire.

En matière d'orientation, le HCE juge nécessaire de "simplifier un dispositif actuellement pléthorique, redondant et peu efficace". Il estime que "l'Etat devrait transférer aux régions, avec les moyens nécessaires" cette responsabilité. Parallèlement, la fonction de conseil en orientation "devrait être maintenue en établissement, mais elle ne peut plus être l'exclusivité d'un corps spécialisé de fonctionnaires", ajoute le HCE.

Sansvouloir retirer des établissements les 4 300 co-psy actuellement enposte, le Haut conseil estime que leur recrutement ne doit pas êtrepoursuivi. Il assure que ces personnels, placés sous l'autorité desdirecteurs de centres d'information et d'orientation (CIO), "ne sont pas réellement dirigés" et "ne sont pas non plus inspectés". Il souhaite que leur monopole soit remis en cause et que leur formation soit revue.

Ainsi, les personnels qui "seront appelés à exercer" les fonctions de conseil en orientation au sein des établissements et sous l'autorité des chefs d'établissements "devront avoir des compétences garantissant l'ouverture aux réalités sociales et professionnelles". "Ces compétences, ajoute le HCE, seront répertoriées dans un référentiel qui reste à établir".

"TOUT REPRENDRE À LA BASE"

LeHaut conseil reconnaît l'intérêt de connaissances en psychologie maisconteste la limitation du recrutement des conseillers aux titulairesd'une licence de psychologie, qui "place l'aide à l'orientation dans un cadre psychologique" et met au second plan "une compréhension fine et actualisée des métiers et du monde du travail".

Les conseillers en orientation tels que les imagine le HCE auraient ainsi "des profils divers". "Aujourd'hui, a déclaré à la presse Bruno Racine, président du HCE et par ailleurs président de la Bibliothèque nationale de France, cettefonction, utile et nécessaire dans les établissements, n'est pasassurée comme elle devrait l'être. Il faut tout reprendre à la base etdéfinir ce qu'on attend d'un conseiller."

Le HCEsouhaite également que les professeurs soient plus impliqués dans lafonction d'orientation et que celle-ci puisse être exercée par desenseignants à mi-temps, dont ce pourrait être une évolution de carrière.

Hors du terrain particulier des établissements, le HCE critique le tropgrand nombre de structures s'occupant de l'orientation ainsi que "l'ensemble hétérogène et complexe" qu'elles forment. Ces "empilements et ces juxtapositions", dénonce-t-il, trouvent leur origine dans la "diversité des publics", mais "l'enchevêtrement, le défaut de coordination et les coûts inutiles sont manifestes".

D'unefaçon générale, le HCE reprend à son compte l'idée que l'orientationest trop souvent synonyme d'exclusion vers les filières les moinsconsidérées et au détriment des élèves défavorisés. "A l'issue ducollège, l'orientation fonctionne comme un couperet pour de nombreuxélèves : ils sont quatre sur dix environ à considérer que leurorientation a été plus subie que voulue", constate le Haut Conseil.

L'orientation consiste en effet "à trier les élèves en fonction de leurs seuls résultats scolaires dans les savoirs abstraits", note le rapport. Elle "tend à procéder par exclusions successives vers des voies ou des filières moins considérées", le problème étant encore plus vif pour les lycées professionnels où l'élève peut être affecté "dans une spécialité qui ne l'intéresse pas ou qui ne correspond pas à ses aptitudes". En outre, une mauvaise orientation est "difficile à rattraper", compte tenu du manque de passerelles de réorientation.

Luc Cédelle  (Le Monde, 10/07/08)