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Le grotesque en littérature africaine

Le grotesque en littérature africaine

Publié le par Florian Pennanech (Source : Rémi Astruc)

Centre Jean Mourot - Centre Ecritures - Centre IDEA

Université Nancy 2 - Université Paul Verlaine - Metz


Colloque international

2-3-4 décembre 2010

Le grotesque en littérature africaine

Le grotesque (ou plutôt ce que nous désignons comme tel aujourd'hui) est un élément relativement familier à la plupart des cultures traditionnelles. En Afrique, celui-ci s'est notamment toujours déployé, à côté des grands récits épiques, au sein des divers genres oraux populaires. Cette familiarité explique peut-être en partie le fait que pendant la colonisation celui-ci a pu servir, parmi bien d'autres choses, de moyen de résistance naturel face à l'imposition de la « loi » de la culture colonisatrice. Parce qu'il conteste l'ordre établi au nom de puissances inassimilables et incontrôlables, il a pu signifier l'insoumission d'une culture locale opposée à la maîtrise que cherchait à acquérir sur elle des étrangers. Parce qu'il pouvait puiser abondamment dans des traits culturels traditionnels attestés (cérémonies, rituels magiques par exemple), soit parce qu'il devenait l'expression fantasmatique privilégiée de l'insoumission, le grotesque a souvent été ainsi un moyen d'exprimer une subversion de l'ordre colonial et souvent aussi du rationalisme et du positivisme qui l'accompagnaient et servaient en partie à le justifier.

Dans la période post-coloniale, le grotesque qui articule de façon inextricable le tragique et la farce dit encore les désillusions d'une indépendance qui n'a pas toujours brillé de tous les soleils radieux qu'elle avait semblé un temps promettre (voir Les Soleils des indépendances de Kourouma). Il montrera alors dans toute sa crudité la déstructuration de la société africaine, et souvent les manifestations outrancières d'un pouvoir autoritaire qui ne craint pas le ridicule.

Le grotesque peut également servir à dire dans la langue et dans la fiction l'articulation problématique de la rencontre de deux cultures - les situations mentales difficiles résultant de la double appartenance, les conflits d'interprétation que cela génère, parfois le sentiment de n'être plus nulle part chez soi.

Enfin, le grotesque peut aussi apparaître tout simplement aujourd'hui comme le moyen pour certains écrivains de placer une voix forte et originale, en se mettant à distance des autres modes de discours. Dans une perspective sociologique, et notamment dans le contexte des relations entre centre et périphérie, le grotesque a pu jouer un rôle décisif dans la contestation et la subversion des formes de domination en articulant des paroles de résistance. Sans compter que dans une perspective purement stylistique, le grotesque parce qu'il libère les puissances de l'imagination, a pu s'imposer chez un certain nombre d'écrivains comme l'outil indispensable au service de la recherche d'un pur plaisir jubilatoire de la création.

Pistes de recherches possibles (liste non limitative) :

- Etude de la variété des formes du grotesque ;

- Y a-t-il une spécificité du grotesque africain ?

- Fonction du grotesque dans les textes ou dans les arts ;

- analyse des « effets » produit par le grotesque ;

- les expressions non-artistiques du grotesque et l'importation-traduction de ces expressions dans les arts ;

- le grotesque comme moyen et stratégie de résistance ;

- le grotesque résultant de la rencontre des cultures et comme traduction de l'hybridité culturelle ;

- liens entre grotesque et autres formes d'humour, etc.

Calendrier :

15 novembre 2009 :date-limite pour l'envoi des propositions d'intervention (titre et résumé entre 1500 et 2000 signes)

15 février 2010 : communication du programme

Zones concernées : le continent africain et ses diasporas

Langues du colloque : français / anglais

Lieu Université de Nancy 2

Comité de lecture : Rémi Astruc (Centre Jean Mourot)
Paul Dirkx (Centre Jean Mourot)
Pierre Halen (Centre Ecritures)
Nicolas Martin-Granel (Etudes littéraires africaines),
 ? Christiane Ndiaye (Université de Montréal)
Dominique Ranaivoson (Centre Ecritures)
Richard Samin (Centre IDEA)

Comité d'organisation : Rémi Astruc (Université de Nancy 2)

Adresse de contact Rémi Astruc

Les propositions seront envoyées à l'adresse remi.astruc@univ-nancy2.fr en indiquant de préférence comme objet de message « grotesque africain »