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Le flou : le rechercher ou le fuir ? Journée d'étude pour jeunes chercheur.e.s (Lyon)

Le flou : le rechercher ou le fuir ? Journée d'étude pour jeunes chercheur.e.s (Lyon)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Valentine Nebon-Carle)

Le flou : le rechercher ou le fuir ?

Université de Lyon-III

14 novembre 2019

 

PRÉSENTATION

Les représentations et significations du flou ne cessent de varier suivant l’époque dans laquelle ce thème s’inscrit ainsi que le champ disciplinaire de son interlocuteur. La preuve de cette polymorphie et polysémie réside dans les nombreux antonymes qui lui sont attribués. Netteté, délimitation, vague, dessiné et clarté ne sont que quelques-uns parmi tant d’autres. Qu’est-ce que le flou ? Peut-il être défini ?

Dans le monde scientifique et académique, le flou est associé à un manque de clarté ou de précision. Il prend ainsi la forme d’une erreur commise par son auteur. Une erreur que l’on se doit impérativement de corriger et bannir puisque l’exercice scientifique repose sur l’exactitude et vise la découverte ou la mise en lumière d’un objet délimité. Indésirable, le flou est également un symptôme d’un dysfonctionnement corporel. Les troubles de la vue se matérialisent par la vision floue du patient. Le flou, alors synonyme d’imperfection, appelle ainsi à apporter une correction. Proscrit par certains, il est pourtant recherché par d’autres.

Certaines identités de genres (genderfluid, non-binaire) ne se sentent confortables que dans cet entre-deux, plus ou moins fluctuant, qui vient déstabiliser une société binaire qui distingue et catégorise les sexes.

Pour les géographes, le flou remonte au Moyen Âge lorsque la frontière n’était alors qu’une limite floue où les droits se superposaient et s’imbriquaient(1). Ce n’est qu’au dix-huitième siècle avec l’invention de la cartographie moderne que les États devinrent géographiquement délimités et leurs échanges surveillés et contrôlés avec l’invention des douanes(2). Le monde n’était plus un territoire libre de barrière mais un espace de plus en plus précisé et limité. Confrontés malgré eux à la réalité d’un monde défini, les Romantiques se réfugièrent dans la quête du flou, le matérialisant par le dessin de nuages et de brumes dans leurs œuvres. Le flou peut également relever de l’inconscient : nos rêves, nos souvenirs sont souvent flous dans notre esprit, un flou qui rend les seuls détails qui demeurent aussi insignifiants qu’intrigants.

Cette quête du flou est toujours d’actualité. Aujourd’hui, l’expression « flou artistique » réfère à un effet esthétique volontairement recherché par le photographe. L’objectif est de mettre en exergue ce qui est net. Un choix narratif parfois contesté, comme par André Bazin, qui plébiscite la profondeur de champ au nom du “réalisme”, une notion paradoxalement toute aussi floue(3). Le flou a également envahi notre quotidien et a été adopté par les canons de beauté du vingt et unième siècle. Qu’il s’agisse d’une coupe de coiffure, ou d’un style vestimentaire, la fascination du flou persiste(4).

Le flou peut également être un outil. Afin de protéger la sensibilité d’un jeune public, ou encore pour protéger l’anonymat d’une personne filmée, des silhouettes sont ainsi « floutées ». Il peut alors aussi devenir un instrument de censure.

Non seulement le flou a diverses formes, mais il a également différents objectifs et utilisations. Cette journée d’étude a pour but de mettre en lumière les domaines, connus et inconnus, dans lesquels le flou est recherché ou proscrit.

Les propositions de communications devront être envoyées par mail au plus tard le 25 juillet 2019 et devront comporter un titre, un résumé (max. 350 mots) ainsi qu'une courte biographie. Les communications dureront 20 minutes et seront données en français.

1 Guénée B., "Des limites féodales aux frontières politiques", volume 2, in Les lieux de mémoire,ed. Nora P., Paris, Gallimard, 1986.
2 Bottin M., "Pressions douanières et affermissement frontalier : les limites de la Provence et du comté de Nice du XVI° au XIX°", pp. 85-107, inHommages à Gérard Boulvert,Nice, Université de Nice, 1987.

3 Bazin A., Qu’est-ce que le cinéma ?,Paris, Cerf, 1958.
4 Panayotis, P. « Le flou : visualité ou métaphore ? La sémantique du flou », p.1.