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Appels à contributions
Le discours mystique dans la littérature et les arts de la représentation de la fin du XIXe siècle à nos jours.

Le discours mystique dans la littérature et les arts de la représentation de la fin du XIXe siècle à nos jours.

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Lydie Parisse)

 

Le discours mystique dans la littérature et les arts de la représentation de la fin du XIXe siècle à nos jours.

 

Appel à contribution.

Date limite : 1er mai 2010.

Colloque :mercredi 16, jeudi 17, vendredi 18 novembre 2011

Université de Toulouse le Mirail

 

 

La notion de « mystique », en tant qu'objet d'étude, est pour le moins paradoxale, car elle ne s'institue pas en domaine du savoir, et cependant, elle renvoie à un champ disciplinaire : celui des auteurs spirituels de la tradition occidentale et orientale des origines à nos jours. Étudier son inscription et son interaction avec la littérature et les arts de la représentation revient à porter un nouveau regard sur la littérature et sur la mystique. Auparavant domaine réservé à la théologie, la mystique apparaît, depuis les études menées à la suite de Michel de Certeau, comme une langue qui parcourt les siècles, les pays et les croyances. Dans le prolongement du Romantisme, le discours mystique fait véritablement son entrée en littérature, dans ou hors du religieux, à la fin du XIXe siècle. Il s'illustre sous diverses formes : dans les figures souvent hétéronymes de l'écrivain (le mage, le guide, le pauvre, le prophète, l'idiot) ; dans la rhétorique et la poétique (une poétique de l'écart, la perte de la fonction référentielle face à un indicible qui serait situé hors de l'oeuvre et qui la justifierait) ; enfin, dans un intertexte mystique souvent clairement revendiqué.

Le colloque s'appliquera à établir des filiations attestées dans la littérature européenne, en examinant les évolutions dans la perception de la mystique depuis la fin du XIXe siècle, époque qui marque une laïcisation du religieux en même temps qu'une position de rupture de l'écrivain fin de siècle. La référence aux auteurs mystiques alimente une mythologie de la figure auctoriale qui se poursuivra dans les avant-gardes, jusqu'à ce que les auteurs mystiques soient perçus comme des poètes permettant de repenser la création littéraire à partir des notions de manque et de dépossession : un manque qui affecte le sujet, le langage, le réel. Les figures du non-savoir sont récurrentes dans la littérature européenne du XXe siècle, de la Félicité de Flaubert, la Mouchette de Bernanos, en passant par le Bartleby de Melville, l'Oblomov de Gontcharov, le Ulrich de Musil. T.S. Elliot, Ungaretti, Hoffmannsthal, Léopardi, Cervantès ne sont pas étrangers à ces préoccupations, et Philippe Jacottet associe l'état premier de celui qui désapprend à celui du poète. Il en est de même pour Samuel Beckett. Enfin, la dépossession est à l'oeuvre dans la littérature épiphanique présente chez Proust, Virginia Woolf, Joyce.

Dans Sade, Fourier, Loyola, Roland Barthes, établissant des liens entre mystique et théâtralité, écrit : « Qu'est-ce que théâtraliser ? ce n'est pas décorer la représentation, c'est illimiter le langage ». Le discours mystique est toujours adressé : il se déroule non pas sur le mode assertif, mais interrogatif. Il s'élabore à partir d'un vide, d'un silence. En cela il est une modalité de la parole et opère des déplacements quand il interfère avec le texte de théâtre en tant que support de la représentation : il définit une poétique de la privation et du manque, il permet une autre approche du processus d'écriture, du personnage, de l'espace-temps, de la relation à la parole, de la relation du sujet à l'objet. À la fin du XIXe siècle, les auteurs symbolistes, tels Villiers de l'Isle-Adam et surtout Maeterlinck, nourris de la lecture des textes mystiques, font de la toute-puissance de l'invisible, et donc du hors-scène, une réalité scénique. Cette dramaturgie paradoxale culmine dans la période dite du « nouveau théâtre », avec la remise en cause les modes de représentation du réel, en lien avec ce que l'on pourrait appeler une forme de théologie négative, très visible, sous des aspects divers, dans le théâtre de Jean Tardieu, de Samuel Beckett, de Valère Novarina, auteurs qui revendiquent une filiation ou un vocabulaire hérité de la mystique. Enfin, dans l'espace européen, le théâtre de Sarah Kane est lié à la problématique de la dépossession, comme dans Manque ou 4.48 Psychose. Même le premier Brecht, celui de Baal et de Hans im Glück, relève de la logique de la perte de soi poussée à l'extrême.

 

Quelques sujets possibles :

Les écrivains lecteurs des mystiques, dans l'histoire littéraire.

Problématiques de l'écriture inspirée en lien avec la mystique.

Le vocabulaire et la rhétorique mystiques.

La pauvreté spirituelle.

La critique du dualisme.

La théologie négative.

La notion d'épiphanie.

Le pur amour.

Problématiques de la dépossession dans l'écriture et au théâtre.

La coïncidence des contraires.

Figures féminines d'écrivains mystiques, la création au féminin.

Le phénomène mystique.

Figures du non-savoir.

La kénose.

Dramaturgies paradoxales et scénographies de l'invisible.

 

Ce colloque, qui interroge les croisements entre littérature, théâtre et savoirs, s'adresse aux spécialistes de la mystique. Un certain nombre de participants étant déjà requis pour la partie littérature, des interventions de la part de spécialistes du théâtre sont vivement souhaitées.

Les propositions (200 mots maximum) devront nous parvenir avant le 1er mai 2010, accompagnées d'une brève notice bio-bibliographique présentant les postulants. Étant donné le caractère spécialisé du domaine abordé, le nombre de participants retenus par le biais de cette annonce sera limité.

 

Organisation : Lydie Parisse

Université de Toulouse le Mirail, PLH-ELH

Mél : lydie.parisse@neuf.fr

Url de référence : http://plh.univ-tlse2.fr

Adresse : Lydie Parisse- DEFLE- Université Toulouse II- 5, allée Antonio Machado 31058 TOULOUSE CEDEX 9