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Le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, témoin ou acteur de l'essor des études littéraires québécoises?

Le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, témoin ou acteur de l'essor des études littéraires québécoises?

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Chantal Savoie)

Colloque

Le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec,

témoin ou acteur de l'essor des études littéraires québécoises ?

Université Laval, 18 novembre 2011

Appel de communications

Devenu un ouvrage de référence majeur, le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec

(DOLQ) est aujourd'hui aussi indispensable que tenu pour acquis, tant son utilisation est

répandue au Québec comme à l'étranger. Pourtant, c'est dans un contexte sociolittéraire bien

différent que Maurice Lemire et son équipe de l'Université Laval entreprenaient il y a quarante

ans les travaux qui allaient mener à la publication de l'imposante série d'ouvrages. Le présent

colloque entend souligner cet anniversaire en amorçant une réflexion critique sur l'impact du

DOLQ, plus précisément sur les enjeux intellectuels liés à sa réalisation et sur les débats

suscités par sa publication à l'époque.

Mise sur pied en 1971, l'équipe du DOLQ se donnait pour mandat de procéder à un inventaire

systématique des oeuvres littéraires parues depuis les récits de Jacques Cartier (1545). Si

l'objectif paraît simple, sa réalisation est pourtant loin d'aller de soi compte tenu des sources et

ressources disponibles à l'époque. Outre la synthèse de Pierre de Grandpré, seul le domaine du

roman avait jusque là fait l'objet d'une attention soutenue, laissant les genres du récit bref, du

théâtre ou de l'essai littéralement en chantier. La chose n'étonne que si l'on omet de replacer le

Dictionnaire dans le contexte où il voit le jour, celui où, dans la majorité des collèges et des

universités du Québec, les départements de littérature enseignaient essentiellement la littérature

française. À cet égard, l'Université Laval fera figure de pionnière en créant en 1963 un

département d'Études canadiennes qui rassemblait une concentration inédite de spécialistes de

la littérature. Avec les Archives de folklore (Luc Lacourcière) et la création de l'Institut québécois

de recherche sur la culture (Fernand Dumont), le Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec

s'inscrivit alors parmi les grands projets qui allaient donner à la littérature et à la culture

québécoises les assises scientifiques qui leur permettraient d'acquérir le statut d'autonomie et la

légitimité auxquels elles aspiraient.

Le défi que constituait l'établissement du corpus de la littérature québécoise et la production

d'appareils (introduction, notices descriptives, biographies d'auteurs, chronologies,

bibliographies) permettant d'en saisir l'impact et l'évolution était considérable non seulement sur

le plan pratique mais aussi sur le plan intellectuel, voire même épistémologique. Au socle du

projet, s'imposait en effet une nouvelle conception de la littérature qui n'était pas sans bousculer

les habitudes et les a priori. Saisir la littérature par sa matérialité textuelle plutôt que sous l'angle

des seuls grands auteurs ouvrait la voie à une toute nouvelle approche du phénomène littéraire,

plus sociohistorique et plus globale. De la pertinence de considérer les écrits de la Nouvelle-

France comme partie prenante de la littérature québécoise ou de la mise au jour d'un dixneuvième

siècle méconnu, à l'exhumation de la querelle opposant Jules Fournier et Charles ab

der Halden et à la redécouverte du vent de modernité qui souffle sur la littérature des années

1940, il deviendra de plus en plus difficile de faire naître la littérature du Québec avec la

Révolution tranquille.

Dans la foulée du travail accompli par le Dictionnaire, c'est également toute une tradition de

travail scientifique sur la littérature québécoise, dont une bonne part de travaux collectifs,

bénéficiant de l'appui d'organismes subventionnaires et formant une solide relève de jeunes

chercheurs, qui s'est mise en place. Des centres de recherches et diverses formes

d'infrastructure viendront soutenir ces prolongements et nouvelles avancées, participant à la

structuration des travaux et à la redéfinition du travail scientifique dans le domaine des lettres et

des sciences humaines. Au fil de la relecture des huit tomes de la série d'ouvrages que

constitue aujourd'hui le DOLQ, c'est une partie de l'histoire de l'évolution des perspectives

littéraires et des approches théoriques qui ont marqué les différentes époques qui peut aussi

être observée.

Afin de souligner le quarantième anniversaire de cette réalisation majeure au sein des études

littéraires québécoises, nous souhaitons rassembler les chercheurs s'intéressant à l'histoire de

la littérature, des idées, des formes, afin d'examiner en profondeur les enjeux de l'existence et

de l'évolution de ce grand projet au fil des ans. Nous entendons aller au-delà du bilan et susciter

des analyses neuves, favoriser les optiques inédites, éclairer des angles morts qui contribueront

à relire, sous la loupe du DOLQ, l'histoire littéraire et culturelle du Québec. Outre l'évocation

contrastée, polyphonique et vivante du passé littéraire québécois, ce colloque sera l'occasion de

faire le point sur l'état actuel de la discipline et, nous l'espérons, d'ouvrir de nouvelles

perspectives quant à l'avenir des études littéraires québécoises et aux grands projets qui

contribuent à le façonner.

Les propositions, comprenant un résumé de 300 mots et une courte note biographique, sont

attendues avant le 1er avril 2011. Pour plus de renseignements : Annie Cantin

(annie.cantin@crilcq.ulaval.ca) ou Chantal Savoie (Chantal.Savoie@lit.ulaval.ca).

Comité scientifique

Anthony Glinoer (Université de Toronto)

Sophie Montreuil (BAnQ)

Cécile Vanderpelen (Université libre de Bruxelles)