Actualité
Appels à contributions
Le dialogue comme genre et les lieux de la conversation dans la littérature européenne de l'antiquité à nos jours

Le dialogue comme genre et les lieux de la conversation dans la littérature européenne de l'antiquité à nos jours

Publié le par Matthieu Vernet (Source : JP de Giorgio)

Université Blaise Pascal

MSH – CeLiS – Groupe de recherches sur le dialogue et ses dispositifs

COLLOQUE INTERNATIONAL

LE DIALOGUE COMME GENRE ET LES LIEUX DE LA CONVERSATION DANS LA LITTÉRATURE EUROPÉENNE DE L’ANTIQUITÉ À NOS JOURS

Jeudi 16 et vendredi 17 Mai 2013

 

Direction scientifique : Jean-Pierre De Giorgio, Françoise Laurent et Françoise Le Borgne

Le colloque « Le dialogue comme genre dans la littérature européenne de l’Antiquité à nos jours : ‘Les lieux du dialogue et de la conversation’ » est organisé par le groupe de recherche transdisciplinaire sur « le genre du dialogue et ses dispositifs » qui s’est constitué en 2009 au sein de la MSH de Clermont-Ferrand (Axe dynamique des concepts et des formes d’expression littéraire). Il fait suite à un cycle de journées d’études et de conférences dont l’objet a été d’interroger « le dialogue comme genre », en l’appréhendant dans la diversité de ses configurations littéraires et culturelles et suivant des problématiques diverses et complémentaires. Sont successivement intervenus dans ce cadre Dominique Maingueneau sur le concept de dialogue comme hypergenre, Marie-Anne Polo de Beaulieu sur les formes et fonctions des dialogues dans les recueils d'exempla médiévaux, Alain Montandon sur le roman dialogué en Allemagne, Ariane Eissen sur les dialogues des morts, Dominique Ducard, Léda Mansour et Vincent Verselle sur le rapport entre le dialogue littéraire et les interactions verbales.

La réflexion qui a été menée sur l’histoire du genre, conçu comme forme littéraire autonome, et sa théorisation tiennent compte d’une part des phénomènes d’usure et de réinvestissements qui ont pu affecter le genre, et d’autre part de ses processus de légitimation ou d’autolégitimation au sein d’un champ littéraire donné pour se définir éventuellement comme discours constituant ou comme forme canonique. Aussi la question des lieux dans lesquels les échanges représentés se déroulent participe-t-elle pleinement de la définition du genre.

On pourra s’intéresser aux modalités de la représentation des lieux : leur description lors d’un préambule par un narrateur, leur mention au sein du dialogue par les personnages eux-mêmes, leur degré de réalité et de vraisemblance, ou au contraire leur caractère imaginaire et/ ou littéraire. On pourra étudier aussi les changements de lieu au sein d’un même dialogue, et leur lien avec les déplacements des personnages dans l’espace, et leur évolution. On pourra analyser les modalités de ces déplacements et interroger leur rapport avec la nature de la parole engagée (promenade et conversation, polémiques entre personnages assis ou debout, etc.). Dans cette perspective, se trouvera aussi posée la question du rapport entre la scénographie d’un dialogue et celle d’une pièce de théâtre.

En signalant l’ancrage référentiel du dialogue, le lieu pose aussi la question de la relation avec les pratiques concrètes, historiquement et socialement identifiables, de la conversation : dans quelle mesure les lieux du dialogue sont-ils le reflet d’une pratique sociale « légitime », au sens que donnent à ce terme les tenants de l’Analyse du discours, et permettent-ils d’écrire aussi une histoire et/ou un imaginaire de la conversation, envisagée comme pratique discursive socialement marquée ? Aussi les codes littéraires pourront-ils être mis en relation avec les codes socio-discursifs propres à telle cité ou à telle société, et susceptibles d’orienter la constitution du genre à une période donnée. On envisagera de ce point de vue d’étudier comment le dialogue se légitime comme pratique discursive et littéraire en choisissant de transcrire des lieux spécifiques, imaginaires ou reflétant des pratiques sociales réelles, le plus souvent paratopiques, c’est-à-dire des lieux à la fois intégrés et à l’écart, ouverts à une sociabilité qui conditionne l’échange verbal, et, dans le même temps, placés aux marges de l’espace public qui organise le champ des discours institutionnalisés, et clos sur eux-mêmes.

On s’intéressera bien entendu également à la dimension fonctionnelle et symbolique des lieux choisis ainsi qu’aux effets intertextuels qu’ils impliquent : le « platane » du De oratore de Cicéron évoque le Phèdre de Platon pour ancrer la conversation aristocratique des Romains présents chez Crassus dans l’ordre du philosophique. On pourra alors étudier en diachronie les formes de réinvestissement du genre, en s’attachant à la constitution et à l’évolution de ces marqueurs génériques que sont les lieux canoniques du dialogue.  

Loin d’être un simple décor, le lieu définit les codes de l’échange, les thèmes abordés et révèle pleinement la nature de la parole engagée, qui n’a évidemment pas la même valeur en pleine agora, dans un salon du XVIIIe siècle, dans une salle de banquet, dans l’intimité d’une chambre à coucher ou dans des jardins avec vue sur la mer. Il peut ainsi devenir le marqueur d’un sous-genre, comme c’est le cas, par exemple, pour les dialogues des morts ou les dialogues de banquets. On pourra donc voir comment le lieu détermine une situation de prise de parole, et comment il participe pleinement à l’organisation d’une scénographie qui est une indication sur la nature même du mode discursif choisi.

Soumission des propositions :

Les propositions de communication avec un résumé de 1500 signes environ sont à envoyer avant le 30 septembre 2012 par voie électronique aux membres de la direction scientifique du colloque aux adresses suivantes : jpdegiorgio@yahoo.fr ; francoise.laurent@univ-bpclemront.fr; flb75@yahoo.fr. Elles seront examinées par le comité scientifique formé par les membres du groupe de recherche transdisciplinaire sur « le genre du dialogue et ses dispositifs » de la MSH de Clermont-Ferrand.