Actualité
Appels à contributions
Le dépaysement au XXe et XXIe s. (Caen)

Le dépaysement au XXe et XXIe s. (Caen)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie Hartmann)

5 et 6 OCTOBRE 2017

LE DÉPAYSEMENT AUX XXe ET XXIe SIÈCLES

 

Le dépaysement est une notion au moins double qui dès l’origine implique un rapport à l’espace géographique et un travail formel, un déplacement physique et une transposition poétique. Au XXe et au XXIe siècles, il suggère moins l’exotisme du pays où l’on arrive que la perte des repères du lieu - physique, mental, culturel - que l’on quitte. Il renvoie plus particulièrement à l’expérience inquiète et féconde de la désorientation et de la différence. Il mobilise inventivité et génie poétique, aptes à les exprimer et à les transmettre.

Le procédé d’estrangement est en effet présenté par Viktor Chklovski comme la condition de la perception esthétique : la perception de la forme, dépaysante, oblige à s’arrêter sur telle singularité qui échappe aux automatismes d’expression et de réception. On peut d’évidence mettre cette perspective en parallèle avec les assertions d’écrivains ou les analyses de Deleuze qui assimilent l’écriture à une façon d’introduire une langue étrangère dans la langue maternelle. L’estrangement que Brecht théorisera comme « distanciation », consiste par ailleurs à faire comme si tel objet était vu pour la première fois, notamment par la fiction d’un regard étranger ou naïf porté sur lui.

Le projet de ce colloque est d’explorer les potentialités contemporaines de ce motif et de cette dynamique poétique dans l’univers de la diction comme dans celui de la fiction. Il  propose quatre axes d’analyse :

— comme expérience existentielle de la séparation, voire de l’égarement, le dépaysement offre l’occasion d’une acclimatation et d’une appropriation de l’espace par l’invention d’un cheminement propre, inédit, original.

— comme expérience intellectuelle et physique, le dépaysement est le fruit d’une aventure et l’effet d’une curiosité, que menacent pourtant l’uniformisation et la mondialisation.

— comme expérimentation formelle, le dépaysement invite à une esthétique de la surprise qui en passe par le décadrage et le transfert.

Enfin, réfléchir aux conditions de possibilité du dé-paysement permet de mettre à l’épreuve les concepts d’unité et d’organicité implicités par le radical du mot, et d’en envisager les implications politiques dans le sillage de la réflexion de Jean-Christophe Bailly.

Ces questionnements intéressent aussi bien la fiction narrative, dramatique ou cinématographique que la poésie. Ils seront abordés sans que le corpus se limite aux œuvres rédigées en langue française.

 

Les propositions, d’une vingtaine de lignes, devront être envoyées d’ici la fin du mois d’avril aux responsables du colloque, Marie-Hélène Boblet et Marie Hartmann

(marie-helene.boblet@unicaen.fr et marie.hartmann@unicaen.fr)

 

Comité scientifique: Brigitte Diaz, Marie-Hélène Boblet, Marie Hartmann (Université Caen Normandie), Marie-Paule Berranger, Bruno Blanckeman (Université Paris 3), Jean-Yves Laurichesse (Université Toulouse Le Mirail), Jacques Poirier (Université de Bourgogne), Myriam Watthee (Université de Louvain-la-Neuve)