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Le Démon de l'analogie (roman, théâtre, poésie)

Le Démon de l'analogie (roman, théâtre, poésie)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Christian MICHEL)

Appel à communications

Le Démon de l’analogie

Colloque organisé par le CRCLL/CERR

Université de Picardie-Jules-Verne

11-12 décembre 2012

 

Organisation : Christian Michel - Olivier Kachler

 

Rejetée, disqualifiée, voire méprisée, l’analogie semble avoir quasiment disparu du champ de la pensée occidentale. Toutefois, quelques lieux l’accueillent encore avec bienveillance et s’efforcent de préserver sa singularité : la théologie, le droit, les mathématiques, la psychanalyse, et aussi la littérature. Cette discordance mérite d’être interrogée.

Au regard de la rationalité classique (supposément aristotélicienne), l’analogie s’avérerait un processus a-logique, sous l’espèce d’une ressemblance vague, séduisante peut-être mais assurément trompeuse (Jacques Bouveresse, Vertiges de l’analogie, 1999). Cette conception, partagée par l’opinion commune, témoigne d’une méconnaissance de la notion, de son histoire et de son sens : déliant l’écriture et la pensée des contraintes de la chronologie, de la continuité causale et de la non-contradiction, l’analogie promeut en effet une rationalité autre. Elle ouvre ainsi sur une écriture et une lecture déroutantes, qui préfère à la hiérarchie réglée du sens la polysémie d’une association libre, mais néanmoins régulée.

Ce colloque entend ainsi redonner à l’analogie toute sa valeur de processus intellectuel original, et repenser sa force heuristique, tant locale que globale, selon les diverses perspectives impliquées par ce point de vue : stylistique, rhétorique, poétique ou encore épistémologique. On se propose ainsi d’étudier les modalités spécifiques de sa mobilisation dans des champs d’écriture divers, autant que dans des genres littéraires variés, aussi bien le roman que la poésie ou le théâtre.

La réflexion pourra prendre la forme d’un examen historique de la notion : de l’âge d’or de l’Antiquité à sa marginalisation progressive au sortir de la Renaissance, conséquence de la répression des modes de pensée devenus marginaux, ou déviants, sous l’action conjuguée de la Réforme et de la Contre-Réforme, alliées objectives selon Ioan Peter Couliano (Eros et Magie à la Renaissance – 1484, 1984). Elle pourra s’attacher à la renaissance de la figure, et à sa redéfinition, dans les formes d’écritures les plus contemporaines, où elle est autant principe global de composition que procédé rhétorique local.

L’examen pourra aussi distinguer l’usage de l’analogie selon les genres, pour reconnaître notamment son statut privilégié dans le champ de la poésie, mais sans s’y limiter, tant la pensée analogique informe l’écriture et la construction d’oeuvres narratives et théâtrales. Il conviendra alors peut-être de distinguer l’analogie comme figure de style, qui relève de la tradition rhétorique et stylistique, et comme figure de pensée, qui s’inscrit dans une poétique et une épistémologie singulières.

Plus largement, il faudra aussi envisager l’extension de la notion, qui ne joue pas seulement comme procédé poétique, mais aussi comme matrice imaginaire, symbolique ou ontologique, par exemple dans les romantismes français et allemand (comme esthétiques de l’absolu ou du sublime) ou encore dans le symbolisme. La question devra donc également être posée des visions du monde privilégiées que supporte l’analogie, et des spécificités – narratives ou fictionnelles – des oeuvres qui la mobilisent.

Il conviendra enfin de préciser l’articulation de l’analogie avec des notions proches (comparaison/métaphore ; induction/déduction ; paradigme/syntagme, etc.) et de distinguer son usage en fonction de son extension, qui implique d’envisager la notion comme procédé d’écriture, comme processus de composition et enfin comme figure de pensée – et rendre toute sa force à cette phrase d’Aristote, incompréhensible pourtant pour un esprit contemporain : « les parties des animaux diffèrent donc selon le rapport d’analogie » (Physique).

Le colloque se tiendra les 11 et 12 décembre 2012 à l’Université de Picardie-Jules-Verne (Amiens).

Les propositions sont à envoyer avant le 20 septembre au plus tard à l’adresse suivante : chmichel@free.fr