Actualité
Appels à contributions
Le cosmopolitisme: Influences, voyages, échanges dans la République des Lettres (XVe-XVIIIe siècle) - 9e colloque «Jeunes chercheurs» du CIERL (Changement de date)

Le cosmopolitisme: Influences, voyages, échanges dans la République des Lettres (XVe-XVIIIe siècle) - 9e colloque «Jeunes chercheurs» du CIERL (Changement de date)

Publié le par Gabriel Marcoux-Chabot

Université Laval, Québec, 30 avril - 2 mai 2009


Dix années derecherche et de rencontres, dix années d'amitiés intellectuelles à laconfluence de l'Amérique et de l'Europe, c'est ce que le CIERL seprépare à célébrer en 2009. À cette occasion, le prochain colloque «Jeunes chercheurs » interrogera l'une des dimensions centrales de laRépublique des Lettres — celle d'hier comme celle d'aujourd'hui —, l'unde ses ressorts les plus puissants, à savoir le cosmopolitisme.

Cosmopolites,les gens de culture, de la Renaissance aux Lumières, l'ont été enplusieurs sens. C'est d'abord par fidélité à un héritage, parappartenance à une Europe intellectuelle et spirituelle, qu'ils ontcherché à dépasser les frontières politiques ou linguistiques quis'élevaient entre eux. On songe, par exemple, aux voyages de Nicolas deCuse et de Dürer, à la peregrinatio academica qui les aconduits en Italie ; on songe également aux innombrablescorrespondances que les républicains des lettres ont alors entretenues,aux quatre coins de l'Europe. Ainsi, au gré des voyages et deséchanges, s'est instaurée une véritable « culture de la mobilité »(Daniel Roche) qui devait nécessairement essaimer, c'est-à-diredéborder les limites de l'Europe.

De fait, lecosmopolitisme des Lumières s'ouvre sur le Nouveau Monde, sur l'Orientet sur l'Afrique, voire sur la mystérieuse Russie. À l'époque oùMontesquieu fait voyager Usbek et Rica, dans les Lettres persanes,le mot « cosmopolite » devient de plus en plus courant ; il renvoie àune sensibilité universaliste, suivant en cela son étymologie (du grec kosmopolitês,citoyen du monde). Mais le cosmopolitisme, défini en ce sens, soulèvedes difficultés. On se souvient de l'injonction de Rousseau : «Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurslivres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux. Telphilosophe aime les Tartares pour être dispensé d'aimer ses voisins » (Émile). De même, le Dictionnaire de l'Académiede 1762 enregistre une définition nettement péjorative de « cosmopolite» : « Celui qui n'adopte point sa patrie. Un cosmopolite n'est pas unbon citoyen ». Les Lumières, en même temps qu'elles soutiennent lecosmopolitisme, en dénoncent les inconséquences : si assoifféd'universel qu'il soit, le cosmopolite ne peut guère prétendre être detous les lieux à la fois, ni non plus méconnaître sa responsabilitéenvers les siens, son enracinement dans une culture.

C'estdans cette optique que le colloque « Jeunes chercheurs » du CIERLenvisagera les manifestations plurielles du cosmopolitisme, de laRenaissance aux Lumières. Il s'agira, certes, de mettre au jour lesrelations qui se sont tissées, au fil du temps, entre les gens deculture à travers l'Europe, de même que les échanges entre ceux-ci etle reste du monde ; il s'agira, tout autant, de cerner les réseauxd'influences, les flux et les circulations qui ont façonné laRépublique des Lettres. Mais, ce faisant, il faudra prendre la mesuredes distances, saisir le poids des traditions, faire droit auxaltérités. Le cosmopolite, tout en pariant sur des solidarités, éprouvela justesse du mot de Montaigne : « Quelle vérité que ces montagnesbornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ». L'exemple deCampanella, à cet égard, est instructif : à son arrivée en France, en1634, il doit convenir assez tôt que sa « science des étoiles » seheurte à un nouveau régime de vérité, à une nouvelle méthodologiescientifique. Le cosmopolitisme authentique n'abolit pas lesfrontières, ni le jeu des différences, ni le heurt des temporalités ;tout au contraire, il les problématise — ce qui fera précisémentl'objet de notre colloque.

Trois principaux axes de travail ont été retenus par le comité :

-le premier, « Influences », s'attachera aux retombées directes ducosmopolitisme, que ce soit dans les oeuvres des créateurs ou dans lestravaux des savants (chemins parallèles, mises en commun des héritages,confrontations et polémiques, sociabilités, académies, dialoguesartistiques ou érudits, figures exemplaires, mentorat, reprises etréécritures, effets de mode, orientalisme et anglomanie) ;
- ledeuxième axe, « Voyages », portera sur les déplacements réels ouimaginaires, sur les enjeux les plus divers de la « culture de lamobilité » (récits de voyage, descriptions du Grand Tour, conditionsmatérielles de la circulation, univers des villes, passages obligés,foyers de la libre pensée, géographies, diplomatie et politique,missions religieuses, voyages imaginaires, fantasmatiques del'ailleurs, utopies, fuites et exils, marginalités, anthropologie,altérités problématiques) ;
- enfin, le troisième axe, « Échanges »,traitera de la dimension « médiatique » des rapports entre lesrépublicains des lettres (correspondances, journaux, pratiques del'épistolaire, traductions, lingua philosophica, Europe française, échanges linguistiques, rôles de l'imprimerie, presses clandestines, diffusion des savoirs).

De nature interdisciplinaire, le colloque du CIERL accueillera les jeunes chercheurs oeuvrant dans les différents champs des sciences humaines, de la littérature à la philosophie, en passant par l'histoire (de l'art, de la musique, des sciences ou des langues). Les propositions de communication (titre et résumé d'une demi‐page, niveau d'études, ancrage institutionnel) devront être envoyées au comité avant le 13 mars 2009 à l'adresse suivante : jeunes.chercheursPlit.ulaval.ca. Des propositions de communication portant sur d'autres sujets relatifs à la République des Lettres seront également acceptées


Membresdu comité : Mélanie Bérubé, Annie Cloutier, Michel Germain, XavierLechasseur, Gabriel Marcoux-Chabot, Stéphanie Massé, Esther Ouellet,Dany Roberge.