« Le corps dans tous ses états »
Le corps humain est un thème largement exploré dans les recherches scientifiques actuelles, au collège, au lycée et à l’université. Les finalités de son étude sont variées : rapport au vivant et compréhension des critères de vie ; éducation et son rapport à la santé ; apprentissage et compréhension des fonctions vitales, etc. Les approches utilisées, les modèles théoriques du corps et les dimensions ainsi explorées s’appuient donc sur différents paradigmes. D’où la richesse didactique de ce thème. Que sait-on aujourd’hui sur le corps humain ? Qu’écrit-on sur le corps et sur ses représentations ? Quels sont les différents points de vue présents dans les recherches scientifiques ? Comment pourrait être abordé le corps humain et ses états ? Ces questions sont transversales aux contributions des chercheurs et éclaireront une réflexion pertinente sur la façon d’aborder le corps humain en littérature et par la recherche en didactique des sciences. L’intérêt est accordé à plusieurs approches : linguistiques, littéraires et civilisationnelles. Les questions de l’intime, de la liberté, du corps dans la relation à l’Autre/ à soi et au sacré enrichiront le débat. Le corps est sujet de réflexion, mouvement et perception : cette théorie de la chair formule un enroulement du corps-objet sur lui-même par lequel il est touchant-touché, visible-invisible.
Autant d’enjeux d’identité et d’image de soi, de rapport à la société, une valorisation ou une altération des corps. Autant de questions impliquant, également, les rapports des discours au corps et des sujets au langage. Cette journée vise à établir un dialogue et un rapprochement entre les différents domaines des sciences humaines : à fragmenter les approches du corps, ne fragilise-t-on pas aussi l’unité de l’homme et de ses conceptions ? Cette rencontre propose d’aborder le rapport entre corps et langage, Roland Barthes (Fragments d’un discours amoureux, Seuil, 1977) déclare : " Ce que cache mon langage, mon corps le dit. Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé. », entre l’imaginaire et le corps car selon Louis Morin (De la représentation, Paris, Le Seuil, 1993) « l’imaginaire occidental repose sur un imaginaire du corps extrêmement prégnant : la disparition du corps du Christ au tombeau, a induit, dans l’espace culturel de l’Occident, un imaginaire de la privation de corps ; tout écrit est l’indice d’un corps absent(é) ». Depuis la Renaissance, et « Dans la théorie artistique du Quattrocento la question du « corps » résume en quelques sortes toutes les interrogations et les réflexions de l'époque. Le corps humain dans la théorie et dans l'art de la Renaissance italienne (XIV-XVème siècles), se sert de son individualité pour partir à la conquête de l'univers qui l'entoure. » (Auréliane Vila-Drules, « Le corps dans la théorie artistique du Quattrocento: singularité et universalité »).
La linguistique est centrale dans son rapport au corps, qui postule une continuité des corps communiquant, percevant, éprouvant, pensant, interagissant avec les environnements naturels ou artificiels, dans une perspective analytique qui vise à éviter l’atomisation des objets d’étude et leur déracinement contextuel. Par la nature interdisciplinaire qui la caractérise, cette approche est ainsi à même de faire dialoguer les différentes démarches. Ainsi, les études du domaine, parce qu’elles s’ancrent toujours dans un contexte ethnographique, interrogent les expressions de la rationalité et des praxis (GOODY, 1996/1999), en particulier dans les domaines d’investigation sur l’affect et les troubles du développement (OCHS, 1989 ; OCHS & SOLOMON, 2010), l’intentionnalité (DURANTI, 2015) et les interactions médiatisées (JONES et SCHIEFFELIN, 2009 ; VERDIER, 2014).
Sont vivement encouragés à participer les chercheurs qui questionnent le rapport des discours au corps et à ses états (SUCHMAN, 2007) : par exemple, les travaux menés en littérature (BARTHES, 1977 ; MORIN, 1993 ; ANDRIEU, 2008 ; ANDRIEU & BERTHOZ, 2011). On s’attachera ainsi à croiser les recherches sur le rapport au corps – dont relève la pratique langagière – et sur le geste, la mimique ou la voix du corps vivant et du corps vécu. En dialogue avec les travaux sur l’inaction (VARELA et al., 1991 ; BOTTINEAU, 2010) et l’émersiologie (ANDRIEU, 2015), il s’agira de discuter la manière dont les interactions sociales s’articulent aux ressources linguistiques / littéraires / civilisationnelles et assurent l’existence humaine à travers l’intrication du monde corporel et de sa pensée. Nous souhaiterions engager un dialogue autour des problématiques suivantes :
- l’incorporation affective et cognitive du corps et de ses états dans les études linguistiques (subjectivité, émotions, engagement, prise de position, etc.) ;
- la détection et la délimitation des structures représentatives de l’interaction corps-états dans les études littéraires ;
- le corps comme lieu de réflexion et comme une vision personnelle en peinture et en sculpture ;
- les particularités linguistiques et stylistiques des structures lexico-syntaxiques dégagées des circulations discursives sur le corps et la technologie.
Sans être exhaustive, cette liste de questions possibles peut être complétée par toute autre approche théorique et méthodologique s’inscrivant d’une manière pertinente dans la problématique traitée.
CALENDRIER
Soumission des propositions (date limite) : 30 janvier 2017
Date de notification de la décision du comité de lecture: 15 février 2017
Date de la journée d’études : 13 mars 2017
PUBLICATION : un choix de contributions est prévu pour parution ultérieure dans la revue de l’ISSHJ.
SOUMISSIONS
Les personnes intéressées sont priées de faire parvenir une proposition de communication de 250 mots ainsi qu’une biographie au plus tard le 30 janvier 2017 à l’adresse suivante : Recherchesisshj2017@yahoo.com
Responsable : Narjess Saidi d’Outreligne
url de référence : https://www.fabula.org
Adresse :
Institut Supérieur des Sciences Humaines de Jendouba, Avenue de l’UMA, 8190 Jendouba, Tunisie.