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Le compositeur dans la littérature (Paris Sorbonne)

Le compositeur dans la littérature (Paris Sorbonne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Stéphane Lelièvre)

Le compositeur dans la littérature

Colloque international

Université Paris-Sorbonne

8 et 9 décembre 2016

 

Les points de rencontre de la littérature et de la musique sont multiples, leurs points de friction également. Si les deux pratiques artistiques n’ont cessé de se nourrir l’une de l’autre, elles se sont aussi concurrencées. Certains poètes, comme Mallarmé, ont revendiqué le pouvoir musical intrinsèque de la langue. À l’inverse, certains compositeurs ont revendiqué la capacité de la musique à produire un sens, voire à raconter une histoire, s’attribuant les mêmes pouvoirs que les écrivains.

Une abondante littérature a déjà rendu compte de l’imaginaire de la musique dans la littérature, et les relations entre littérature et musique sont depuis longtemps un objet d’étude privilégié de la littérature comparée.  

La représentation du compositeur dans la littérature, qui fera l’objet de ce colloque, est l’une des manifestations les plus frappantes et les plus ostensibles de cet imaginaire littéraire de la musique – que l’on songe, par exemple, aux compositeurs mis en scène par George Sand dans Consuelo, à Johannes Kreisler, l’alter ego de E.T.A. Hoffmann, ou au Doktor Faustus de Thomas Mann, dans lequel le compositeur Adrian Leverkühn a vendu son âme au diable, basculant dans un nihilisme qui finit par l’anéantir.

La représentation du compositeur dans la littérature s’inscrit souvent dans une réflexion sur la création littéraire, les pratiques du compositeur modélisant celles de l’écrivain, et la fabrique de l’œuvre musicale celle de l’œuvre littéraire – mais en soulignant la porosité entre les arts, elle repense en même temps leur spécificité. Elle pose surtout la question du partage – ou du conflit – des autorités. Ainsi la littérature, incomplète par nature, semble parfois attendre de la musique qu’elle vienne la parachever (Wilhelm Müller ne déclarait-il pas : « Mes lieder mènent seulement à une moitié de vie, une vie de papier, en noir et blanc, jusqu’à ce que la musique les anime du souffle de la vie, ou plus encore, alors que celui-ci sommeille en eux, l’appelle et le réveille[1] ») ; la représentation littéraire du compositeur peut alors être interprétée comme un hommage rendu à un art avec lequel ne peut rivaliser la littérature.  Mais c’est aussi une rivalité qui parfois se fait jour (on pense par exemple à Edouard, l’écrivain des Faux-Monnayeurs de Gide : « ce que je voudrais faire, (…) c’est quelque chose comme L’Art de la fugue. Et je ne vois pas pourquoi ce qui fut possible en musique, serait impossible en littérature »), ou encore une forme de condescendance de la littérature à l’égard d’un art condamné à rester privé de toute fonction cognitive.

Ces différentes pistes ne sont bien sûr ni exclusives ni exhaustives, l’enjeu scientifique de ce colloque, qui se déroule dans le cadre du projet Obvil « Autorités en partage », étant d’explorer la manière dont la figure du compositeur au sein de la fiction littéraire contribue à repenser la relation entre les arts, et la figure de l’auteur en particulier.

 

  • Ce colloque est le premier volet d’un diptyque ; le second volet, prévu au printemps 2018, sur « l’homme de lettres dans la musique », permettra de compléter la réflexion.

 

Les propositions de communications, pour le premier volet, sont attendues avant le 30 mars 2016.

 

Comité scientifique :

Michela Landi (Université de Florence)

Stéphane Lelièvre (Université Paris-Sorbonne – CRLC)

Rosina Neginsky (Associate Professor of Interdisciplinary Studies, University of Illinois)

Marthe Segrestin (Université Paris-Sorbonne – CRLC)

 

michela_landi@virgilio.it

st.lelievre@gmail.com

rosina.neginsky@yahoo.com

Marthe.Segrestin@paris-sorbonne.fr

 

[1] Cité par Brigitte Massin, « MÜLLER Wilhelm (1794-1827) », dans Dictionnaire de la littérature allemande.