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Le commentaire : du manuscrit à la toile. Modes d’interventions et dispositifs techniques.

Le commentaire : du manuscrit à la toile. Modes d’interventions et dispositifs techniques.

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Frédéric TORTERAT)

Colloque international interdisciplinaire
Le commentaire : du manuscrit à la toile. Modes d’interventions et dispositifs
techniques.

Université libre de Bruxelles
19-21 mars 2015

Le but de ce colloque est de s’interroger sur le commentaire comme forme énonciative, acte
de langage, geste matériel polysémiotique, praxis sociale, outil herméneutique voire normatif et exclusif (la « bonne interprétation »), tel qu’il s’inscrit dans les discours sociaux,
contemporains ou du passé. Dialogique par excellence, le commentaire est attesté depuis des millénaires. A certaines époques, il constitue une pratique capitale, comme en témoignent les commentaires talmudiques, incorporés au texte par la suite dans le passage de l’oralité à l’écriture, et ceux des copistes médiévaux, mais également tout un pan de la littérature universelle, qui est une « littérature de commentaire » . A l’oral, le commentaire est difficilement retraçable et se retrouve dans des genres de discours « mineurs » ou premiers, notamment la conversation quotidienne. A l’écrit, le commentaire était une pratique philosophique, philologique, un exercice rhétorique et/ou scolaire (le commentaire stylistique et/ou le commentaire composé) s’inscrivant dans une démarche herméneutique. Actuellement, avec l’intensification des pratiques scripturaires due à l’omniprésence des technologies de l’information et de la communication, le commentaire occupe une place centrale dans les discours sociaux. Certains auteurs y voient une continuité avec le « commentaire en marge ».

De forme dialogique, il devient également dialogal ou plutôt polylogal, façonné comme il est par les dispositifs sociotechniques dans lesquels il s’inscrit. Sur la toile (Facebook, sites d’information, forums, sites de vente), le commentaire semble être la forme d’intervention la plus courante, et suscite pour cette même raison des interventions puristes des internautes.
Dans le champ de la didactique, le commentaire, sous diverses appellations comme « commentaire composé » ou « explication de texte », occupe une place centrale dans la
réception et l’interprétation des textes. Dans la traduction littéraire, le commentaire du
traducteur, assimilé au paratexte, prolonge l’expérience de lecture. Il peut être comment, bref et ponctuel, ou commentary, long et élaboré. A la fois trace et prolongement d’une activité de lecture, il mérite d’être interrogé non seulement sous l’angle de l’articulation de compétences lecturales et scripturales –voire orales–, mais aussi en tant que production scolaire faisant l’objet de nombreuses descriptions et prescriptions parfois très normées.
Or, qu’y a-t-il en commun entre tous ces énoncés ? Peuvent-ils être décrits en termes
linguistiques ? D’un point de vue discursif, peut-on dire que le commentaire constitue un
sous-genre de discours malgré l’hétérogénéité des formes attestées ? Dans ce cas, est-il
dépendant du dispositif et/ou du support ? On peut par ailleurs s’interroger sur la productivité sociale du commentaire, ses modes de circulation et la motivation des énonciateurs, sa dimension herméneutique ou critique à l’heure du numérique, menacée par un glissement vers un discours d’opinion. Historiquement, on a assisté à un déplacement des positions de légitimité discursives : du commentateur philologue, nous sommes passés à la possibilité pour tout un chacun de poster un commentaire, sous des formes diverses, plus ou moins implicites (chansons, images, lien hypertexte...). Aujourd’hui, le commentaire indique la participation et le partage ; commenter l’actualité ou encore les modes de consommation et les produits culturels est une pratique que les publics médiatiques et culturels revendiquent. Dans l’espace public élargi d’Internet, il est le lieu de rencontre de la communication numérique différée et provoque pour cette raison des discussions qui refusent le consensus . Cette hétérogénéité formelle et
praxique nous amène à vouloir préciser le champ et les outils théoriques par le biais duquel linguistes, discursivistes, littéraires, philologues, sémiologues et spécialistes des médias peuvent approcher leur objet d’étude.
Les communications peuvent s’inscrire dans les problématiques suivantes, mais pas
exclusivement :
- histoire du commentaire (dans la littérature, les textes religieux, le discours juridique
ou didactique)
- le commentaire à l’oral et à l’écrit
- la question du ou des genres de discours
- le rapport avec le dispositif et le support
- la typologie des commentaires
- les formes contemporaines du commentaire (en ce compris sa dimension
polysémiotique)
- la dimension argumentative, polémique voire injurieuse du commentaire censuré
(dimension socio-politique et éthique).
Il serait également intéressant d’aborder une véritable description linguistique du
commentaire et ses variations inhérentes : la problématique du repérage énonciatif, l’ancrage spatio-temporel et l’emploi des déictiques (en regard de l’anonymat par exemple sur les forums) ; la syntaxe liée à l’expression des émotions ; les modalités et leurs marqueurs spécifiques (interjections, exclamations) et graphiques (ponctuation, smileys...) ; les marqueurs dialogiques qui permettent de configurer des interactions spécifiques nouées par les commentateurs entre eux (n’est-ce pas)... et la liste n’est pas exhaustive.

Les contributions pourront être théoriques ou présenter des études de cas. Les propositions de communication (3500 signes max. bibliographie comprise) doivent être envoyées à
lcalabre@ulb.ac.be et lrosier@ulb.ac.be avant le 1° octobre. Le résumé devra préciser le
corpus et la méthodologie d’analyse, et contenir quelques références bibliographiques. Les
communications seront publiées après une relecture par les pairs.


Calendrier
Lancement de l’appel : 12 juin 2014
Envoi des résumés : 1° octobre
Notification aux auteurs : 20 novembre
Colloque : 19-21 mars 2015
Conférence inaugurale par Dominique Cardon (SENSE, Orange Labs – LATTS, Université
Paris Est – Marne-la-Vallée)
      
Comité d’organisation
Centres de recherche Ladisco et ReSIC – Université libre de Bruxelles
      
Comité scientifique
Guy Achard-Bayle (Université de Lorraine)
Silvia Adler (Université Bar Ilan)
Craig Baker (Université libre de Bruxelles)
Frédéric Calas (Université Blaise Pascal)
Hugues de Chanay (Université Lumière, Lyon 2)

Stéphane Chaudier (Université de Saint-Etienne)
Baudoin Decharneux (Université libre de Bruxelles)
Jean-Marc Defays (Université de Liège)
Lionel Dufaye (Université Paris Est-Marne La Vallée)
Béatrice Fracchiolla (Université Paris-8)
Michel Marcoccia (Université de technologie de Troyes)
Sophie Marnette (University of Oxford)
Emilie Née (Université Paris-Est Créteil, Céditec)
Aleksandra Nowakowska (Université Paul-Valéry - Montpellier 3)
Aurélie Olivesi (Université Lyon 1)
Marie-Christine Pollet (Université libre de Bruxelles)
François Provenzano (Université de Liège)
Alain Rabatel (Université de Lyon 1)
Geneviève Salvan (Université de Nice Sofia Antipolis)
Françoise Sullet Nylander (Université de Stockholm)
Malika Temmar (Université de Picardie Jules Verne)
Frédéric Torterat (Université de Nice Sofia Antipolis)
Mustapha Trabelsi (Université de Sfax)