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« Le chevauchement des genres dans l’œuvre littéraire » (Tozeur, Tunisie)

« Le chevauchement des genres dans l’œuvre littéraire » (Tozeur, Tunisie)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Mohamed Anis Abrougui)

Journée scientifique à l’institut des études appliquées en humanités de Tozeur, le 02/05/2015

Université de Gafsa

ISEAH de Tozeur

Département de Français

 

« Le chevauchement des genres dans l’œuvre littéraire »

Journée scientifique à l’institut des études appliquées en humanités de Tozeur, le 02/05/2015

Argumentaire

On ne peut se passer en littérature de la notion de genre, comme le montre Antoine Compagnon en réinterprétant l’anecdote du « Soldat de Baltimore » qu’il emprunte à Stendhal1. Le genre littéraire définit un cadre pour l’écrivain et un horizon d’attente générique (H.R. Jauss) pour le lecteur. Depuis l’Antiquité à nos jours, la critique ne cesse de débattre de la question du genre qu’elle pose d’emblée comme un procédé d’étiquetage du texte, une démarche taxinomique qui permettrait de définir le texte dans un double mouvement d’identification ou de différenciation par rapport à une classification rigoureusement établie. La notion de genre semble tantôt dogmatique et s’imposer à l’œuvre, tantôt inductive ce qui permet de dégager le genre à partir de l’œuvre. Les genres littéraires participent par ailleurs de l’inscription sociale et culturelle de la littérature : comme le dit Tzvetan Todorov, « Chaque époque a son propre système de genres, qui est en rapport avec l’idéologie dominante. Une société choisit et codifie les actes qui correspondent au plus près à son idéologie ; c’est pourquoi l’existence de certains genres dans une société, leur absence dans une autre, sont révélatrices de cette idéologie »2.

Du point de vue du genre, tout texte littéraire est tiraillé entre deux pôles. D’un côté, il présente des caractéristiques qui permettent de le rattacher à un ensemble générique ; de l’autre, il porte des marques d’individualisation qui lui sont propres et qui le différencient au sein-même de l’ensemble auquel il appartient. Entité unique et unie, il ne peut ignorer les autres textes littéraires produits autrefois ou récemment, car il tisse forcément des liens de reproduction et de différenciation avec eux. Le texte littéraire absolument singulier échappant à toute tentative de catégorisation n’existe donc pas. Même les œuvres modernes connues

pour leur violation véhémente des genres n’ont de sens que par rapport aux genres, qui restent le point de référence pour mesurer leur écart. Tel est le cas du Nouveau roman dont certains auteurs se plaisaient à désamorcer le carcan des règles de manière motivée. En règle générale, les « bons écrivains » s’écartent volontiers d’une écriture qui respecterait parfaitement les contraintes d’un genre. Guidés ainsi par leur désir de se démarquer par rapport aux normes orthodoxes d’un genre bien déterminé, ils ne cessent de se frayer leur propre chemin loin des sentiers battus et de proposer ainsi à la critique une matière à la fois insolite et innovante dont le but serait justement de déjouer une terminologie statique et figée. Respecter parfaitement l’horizon d’attente du lecteur tel un cahier des charges serait alors le propre de la littérature industrielle ou dite de masse.

Si la classification générique majeure (roman, théâtre, poésie) ou celle, plus ramifiée encore, s’attelant aux genres mineurs pose peu de problèmes, les œuvres qui tiennent de deux ou plusieurs genres mineurs donnent de la peine à la critique. C’est, par exemple, le cas de l’autofiction, néologisme créé par Doubrovski pour désigner son roman Fils, et que Laurent Jenny définit comme un « écart à l’autobiographie »3, comme un genre hybride dans lequel deux genres théoriquement antinomiques sont ainsi alliés dans un même écrit. Le chevauchement de plusieurs genres dans une même œuvre littéraire apparaît ainsi comme le résultat d’un modèle conventionnel d’écriture que l’auteur choisit de  respecter ou de subvertir.

Sans limite géographique ou chronologique, il s’agira d’étudier la subtilité des chevauchements entre genres littéraires dans des œuvres appartenant à la littérature française ou francophone.

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[1] Compagnon, Antoine, Théorie de la littérature : la notion de genre, Cours de licence LLM 316 F2, UFR de littérature française et comparée, Université de Paris IV - Sorbonne

2 Tzvetan Todorov, Les Formes du discours, cité dans Michel Corvin, Qu'est-ce que la comédie, Paris, Dunod, 1994, p. 4

3 Jenny, Laurent (2003). Les genres littéraires, Méthodes et problèmes. Genève: Dpt de français moderne

Quelques axes de réflexion (liste non exhaustive) :

  • L’œuvre hybride
  • L’opposition entre genre assumé et genre non assumé par l’auteur
  • Les œuvres fondatrices de genres littéraires
  • Les œuvres inclassables
  • Les liens entre genres au sein d’une même œuvre, notamment entre genre premier et genre second
  • La « plus-value » de produire une œuvre tenant de plusieurs genres littéraires à la fois
  • L’appartenance à plusieurs genres viendrait-elle de l’œuvre elle-même ou des défaillances de la théorisation ?
  • L’influence des genres non reconnus, la paralittérature
  • Le genre littéraire et la littérarité d’une œuvre

 

Quelques références bibliographiques :

Aristote. La Poétique, trad. Dupont-Roc et Lallot. Paris: Seuil, 1980.

Compagnon, Antoine. La Notion de genre, .

Compagnon, Antoine. Le Démon de la théorie, Seuil, 1998.

Croce, Benedetto, Essais d'esthétique, trad. fr., Gallimard, « Tel »

Dupont, Florence (1994). L'Invention de la littérature. Paris: la Découverte.

Demerson, Guy. La Notion de genre à la Renaissance, Genève, Slatkine, 1984.

Fowler, Alastair. Kinds of Literature: An Introduction to the Theory of Genres and Modes, Oxford, Oxford UP, 1982.

Frye, Northrop. Anatomie de la critique (1957), trad. fr., Gallimard, 1969.

Genette, Gérard (1979). Introduction à l'architexte. Paris: Seuil.

Genette, Gérard (1991). Fiction et diction. Paris: Seuil.

Hamburger, Käte (1977). Logique des genres littéraires. Paris: Seuil, 1986.

Hegel. Esthétique, trad.fr., Flammarion, « Champs », t. IV.

Hernadi, Paul. Beyond Genre, Ithaca, NY, Cornell UP, 1972.

Jauss, Hans Robert. Pour une esthétique de la réception (1978), trad. fr., Gallimard,« Tel ».

Jolles, André, Formes simples (1930), trad fr., Seuil, 1972.

Kibédi Varga, Aron, Rhétorique et littérature : Étude des structures classiques, Didier, 1970.

Lukacs, Georg, La Théorie du roman (1920), trad. fr., Gonthier, 1971.

Platon. La République, trad. Pierre Pachet. Paris: Folio/Essais, 1993.

Schaeffer, Jean-Marie (1989). Qu'est-ce qu'un genre littéraire?. Paris: Seuil.

Schaeffer, Jean-Marie (1986). Théorie des genres, ouvrage collectif. Paris: Seuil, Points.

Strelka, Joseph. éd., Theories of Literary Genre, University Park, Pennsylvania State UP, 1978.

Szondi, Peter. Poésie et poétique de l'idéalisme allemand (1974), trad. fr., Gallimard, « Tel ».

Szondi, Peter. Théorie des genres , Seuil, « Points »,1986.

Todorov, Tzvetan. Introduction à la littérature fantastique (1970), Seuil, « Points ».

Todorov, Tzvetan.  « L'Origine des genres », Les Genres du discours, Seuil, 1978

Todorov, Tzvetan. La Notion de littérature, Seuil, « Points ».

Wellek, R., et Warren, A. La Théorie littéraire (1949), trad. fr., Seuil, 1971.

Dictionnaire des genres et notions littéraires, Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1997.

 

Comité scientifique : (Ordre alphabétique des noms)

  • Amel MZALI-SEBAÏ
  • Anne SALAZAR
  • Claire DOQUET
  • Francis LACOSTE
  • Marie Christine LALA
  • Régine  DELAMOTTE-LEGRAND
  • Rémy POIGNAULT
  • Samir MARZOUKI
  • Sonia FITOURI-ZLITNI
  • Sylvie CAMET

Comité d’organisation :

  • Hassen BKHAIRIA
  • Mohamed Anis ABROUGUI
  • Mariem BEN ATTIA
  • Tarek MEDDEB
  • Haykel MANI
  • Salwa BEN HAMAD
  • Majed ZOGHLAMI
  • Wahib NAGLA
  • Saber RADDAOUI
  • Mariem FKIH

Modalités pratiques :

Date limite de soumission des propositions de communication : 31 Mars 2015

Les propositions de communication doivent comporter : titre, auteur ( Nom, prénom, fonction et  établissement / université de rattachement ), mots clefs, résumé et bibliographie sélective.  

Adresses e-mails auxquelles les propositions doivent être envoyées conjointement : abrougui.mohamed.anis@gmail.com ; mariem.chachou@hotmail.com

 

Responsables de l’événement : Mohamed Anis Abrougui ; Mariem Fkih