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Le château allégorique. Sens, contre-sens et questionnement d’une image mentale dans la construction du paysage d’autorité (Toulouse)

Le château allégorique. Sens, contre-sens et questionnement d’une image mentale dans la construction du paysage d’autorité (Toulouse)

Publié le par Marc Escola (Source : Véronique Adam)

Cette Journée d’étude est organisée par deux laboratoires toulousains, PLH/ELH  et LLA  (Université Jean Jaurès-Toulouse 2) représentés par  Cristina Noacco (MCF Littérature médiévale) et Christophe Imbert (PR Littérature comparée). La journée aura lieu le 10 mai 2016.

Le château représente un archétype de l’imaginaire collectif. Au-delà de son omniprésence dans le décor des contes de fées, de sa représentation qui condense toute expression urbaine dans l’illustration cartographique, de sa valeur symbolique dans l’espace médiéval et de son remploi artistique, littéraire et cinématographique, il contribue à la construction d’un paysage mental d’autorité, auquel la tradition occidentale se réfère, pour y adhérer ou pour le questionner.

Cette journée d’étude fait suite à un séminaire interdisciplinaire qui a été hébergé par l’IRPALL de 2013 à 2015 et qui a permis d’étudier la construction et l’utilisation de cette image mentale dans la littérature (roman et poésie) et dans la philosophie médiévale (Maître Eckart), ses récréations à l’âge baroque (le château intérieur de sainte Thérèse) et ses résurgences à l’époque moderne (chez Eichendorff, Kafka, Gracq, Buzzati et Calvino).

La finalité scientifique de ce projet ne se limite pas à un catalogage des sens que le château allégorique a acquis au fil des âges, mais consiste avant tout à le considérer comme la composante essentielle (complétée aussi bien par d’autres lieux qui lui répondent), d’un réseau d’images qui a assuré la perception du paysage dans la tradition culturelle. Ce réseau travaille le langage et la tradition littéraire, mais il construit aussi ou conditionne notre perception du paysage naturel ou urbain, avec d’indubitables implications historiques, sociales, ou plus globalement, idéologiques, puisqu’il révèle le paysage d’autorité auquel la tradition se réfère.

D’autre part, il s’agit d’étudier le mouvement qui dynamise cette image dans le paysage allégorique : outre la topique du château, ce qui intéresse ici est la quête du château (soit une quête de la connaissance), l’arrivée au château (soit l’accomplissement d’un parcours initiatique), l’enfermement ou la destruction du château... Le rapport à l’objet topique de la tradition du paysage allégorique est ainsi orienté. Ce deuxième axe implique d’ailleurs l’existence d’une grammaire reliant entre eux les objets de la topique, complément nécessaire de leur interprétation : le chemin (jusqu’au château) ; la montagne (couronnée par le château), l’auberge de l’étape (la quête inachevée), face à la demeure éternelle, au sanctuaire du sens (que figure le château)… La notion zumthorienne de type-cadre, ainsi que, dans une autre direction, la psychologie des formes chère à l’école viennoise, pourraient représenter des points de départ dans une telle réflexion.
Il s’agit d’interroger enfin, par une approche diachronique et interdisciplinaire, l’apport des différentes réflexions sur le château à la tradition européenne de la pensée allégorique.

En effet, si d’un côté ce motif est présent dans les différentes littératures européennes (italienne, allemande, anglaise…), où il témoigne d’un questionnement sans cesse renouvelé (lieux de rencontre avec le divin ou lieux de la réalisation de soi, par exemple, pour les auteurs mystiques du Moyen Âge), d’un autre, il a été exploité également dans les arts visuels, comme par exemple en peinture, à des finalités politiques et didactiques (le motif du château intervient par exemple dans les fresques du Bon et du Mauvais Gouvernement d’Ambrogio Lorenzetti au palais Public de Sienne, ou dans la représentation de la Chasteté par le Maître des Voiles dans la Basilique Inférieure d’Assise) ou bien au cinéma, dans le but d’illustrer une image archétypale ou l’adaptation moderne d’un mythe (le château de Nosferatu dans Nosferatu le vampire de F. W. Murnau, par exemple). De fait, le château allégorique peut sans doute se comprendre comme un dispositif esthétique/conceptuel permettant de mettre en scène une pensée philosophique, ou le noyau d’un art poétique, en condensant aussi bien les significations éparses d’un horizon historique.

Cette journée d’étude a donc pour but d’enrichir l’histoire culturelle, par la convergence des approches que les sciences humaines (littérature, philosophie, linguistique, histoire, histoire de l’art…) peuvent apporter à l’étude d’un aspect mal connu du paysage : le rôle de sa dimension allégorique.

Ces recherches ne concerneront pas seulement le Moyen Âge, qui a pourtant marqué l’âge d’or de la tradition allégorique européenne. Elles concerneront également l’Antiquité, source de la pensée allégorique, et les âges moderne et contemporain, afin de souligner la permanence et l’évolution de l’héritage allégorique ancien et médiéval aux époques plus récentes.

Ce projet concerne potentiellement les spécialistes en Littérature française des différentes périodes (de la médiévale à la contemporaine), en Lettres classiques, en Littérature comparée, en Littérature italienne, espagnole, anglaise, allemande etc., ainsi que les historiens de l’art et les historiens spécialistes des enjeux de représentation, les géographes et les philosophes. La linguistique pourra ajouter à l’étude de ce motif des éléments intéressants relatifs à l’histoire de la terminologie relative au château allégorique, à partir de l’arx mentis latin, tandis que l’archéologie et l’histoire pourront permettre d’analyser la relation entre la réalité historique de cette composante du paysage et son utilisation figurée dans les domaines littéraire et philosophique.

Les chercheurs, confirmés ou non, intéressés à cette journée d’étude peuvent transmettre aux organisateurs un projet de communication (un titre et quelques lignes de présentation) jusqu’au 29 février 2016.

Contact :

Cristina Noacco, MCF Littérature médiévale UT2J, PLH/ELH : cnoacco@yahoo.fr

Christophe Imbert, PR Littérature comparée UT2J, LLA : imbert.c.al@gmail.com